LONDRES: Un accord de libre-échange (ALE) en cours d'élaboration entre le Royaume-Uni et le Conseil de coopération du Golfe permettra d'accroître considérablement leurs liens financiers au moment où l'économie mondiale est en pleine mutation, a indiqué le lord-maire de la ville de Londres à Arab News avant sa tournée dans la région.
Vincent Keaveny, qui commencera sa tournée à Riyad ce week-end, a déclaré que les investissements saoudiens en Grande-Bretagne dépassaient déjà les 65 milliards de livres sterling (1 livre sterling = 1,14 euro) par an et que les échanges commerciaux du Royaume-Uni avec le Golfe dépassaient les 33 milliards.
« Le CCG est notre quatrième partenaire commercial. Cela montre l'importance et l'ampleur des flux d'investissement qui vont dans les deux sens, et je pense qu'ils augmenteront considérablement au fil des ans », a-t-il ajouté.
« L'Arabie saoudite a de grands projets de transformation pour sa propre économie, et les services financiers et professionnels du Royaume-Uni ont beaucoup à offrir pour contribuer à leur mise en œuvre et à leur soutien ».
Le lord-maire de Londres, l'un des plus anciens officiers municipaux constamment réélus, exerce la fonction de maire de la ville de Londres et dirige la société City of London, dont l'objectif est de représenter, soutenir et promouvoir les entreprises situées au cœur financier de la capitale britannique.
L’ALE entre le Royaume-Uni et le CCG, annoncé en juin, constitue une priorité pour la nouvelle Première ministre britannique, Liz Truss. Il devrait générer 33,5 milliards de livres sterling en termes de nouveaux échanges.
Truss, qui a reçu en décembre dernier les ministres des Affaires étrangères du CCG et qui était alors elle-même ministre des AE, a souligné que « le resserrement des liens économiques et sécuritaires avec les partenaires du Golfe » était une priorité.
« Un ALE représente une véritable volonté de faire évoluer les relations entre le Royaume-Uni et les pays de la région, et nous soutenons les ambitions de la Première ministre qui souhaite que cet accord soit conclu le plus rapidement possible », a déclaré Keaveny.
« Je pense que Liz Truss y parviendra. C'est une personne que la City connaît très bien. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec elle sur l'agenda du commerce international lorsqu'elle était secrétaire d'État au commerce international et elle a effectivement accordé une grande importance au commerce lorsqu'elle était secrétaire d'État aux Affaires étrangères », a-t-il ajouté.
Chris Doyle, directeur du Council for Arab-British Understanding, a indiqué à Arab News que l'ALE serait une priorité pour Truss.
Par ailleurs, Keaveny a déclaré qu'il ne serait pas surpris que des accords au niveau national soient exigés entre les différentes parties pour concrétiser le projet, tout en soulignant qu'il fallait attendre de voir les détails.
« Je pense que les accords de libre-échange permettent de définir le contexte. Il se peut que certains des ALE qui seront conclus au cours des deux prochaines années ne soient pas aussi complets que nous l'aurions souhaité dans la ville », a-t-il poursuivi.
« Je ne peux qu'encourager les négociateurs impliqués dans cet ALE à le finaliser le plus rapidement possible, même si je suis conscient qu'il est difficile de négocier avec un organisme tel que le CCG, qui comprend un groupe de pays aux intérêts divergents ».
Lorsqu'on lui a demandé si une alliance réglementaire accrue était à l'ordre du jour, Keaveny a dit qu'il n'était « pas assez proche de la négociation pour savoir s'il en résulterait une harmonisation réglementaire », mais a insisté sur le fait qu'une meilleure harmonisation serait positive, notamment en ce qui concerne les services financiers.
« Toute mesure qui rendrait la fourniture de services financiers plus fluide, que ce soit par l'harmonisation réglementaire ou par la libéralisation des flux de données, serait la bienvenue », a-t-il affirmé. « Mais je ne suis sincèrement pas assez proche des négociations pour savoir si un tel résultat est réaliste ».
Keaveny pense que les liens qui unissent le Golfe et le Royaume-Uni sont « forts et historiques » et il envisage « des besoins et des possibilités d'investissement importants ».
L'Arabie saoudite associe son plan « Vision 2030 » – qui vise à réduire sa dépendance aux hydrocarbures, à diversifier son économie et à développer les services publics – à sa résolution de parvenir à zéro émission nette d'ici 2060.
« Tout cela doit être soutenu, et l'expertise et l'approche du Royaume-Uni, quant à l'objectif zéro émission et au financement de la transition, montrent que la ville de Londres ainsi que le pays sont les leaders d'opinion dans ce domaine », a expliqué Keaveny.
« Nous serons donc en mesure de contribuer massivement aux projets de l'Arabie saoudite sur ce plan. C'est une grande victoire qui entraînera de nombreux avantages et qui permettra d'accroître de manière significative les actifs financiers et les infrastructures britanniques, qu'il s'agisse de structures électriques ou d'autres services publics ».
La tournée de Keaveny tombe à un moment de fracture dans le monde, alors que le conflit entre la Russie et l'Ukraine en est à son neuvième mois et que l'on craint de plus en plus un hiver de mécontentement pour une Europe devenue dépendante du gaz russe.
Pourtant, il ne pense pas que ce soit un sujet de discussion majeur pour les parties concernées. « Il est clair que la guerre en Ukraine a des répercussions économiques mondiales. Si la question est soulevée, je pense que ce sera pour évoquer les effets de la guerre sur les pressions inflationnistes dans le monde et sur nos ambitions de réduction des émissions », a-t-il précisé.
De plus, il s'est réjoui de la décision d'accueillir la conférence des Nations Unies sur le changement climatique de cette année et de l'année prochaine au Moyen-Orient, respectivement en Égypte et aux Émirats arabes unis.
« Le fait que le la Conférence des Parties se déroule en Afrique cette année et à Dubaï l'année prochaine est très intéressant. Cela permettra en effet de mener des discussions différentes de celles de Glasgow et de mettre en place les mesures nécessaires pour financer la transition dans les économies en développement », a-t-il poursuivi.
«Personnellement, je trouve que les banques multilatérales de développement qui définissent les institutions financières dans ce processus sont des acteurs essentiels, à condition que les bonnes conditions soient réunies, et je pense que Mark Carney (ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre) et John Kerry (envoyé spécial du président américain pour le climat) partagent mon avis.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com