OUAGADOUGOU: Des tirs ont été entendus tôt vendredi matin à Ouagadougou dans le quartier abritant la présidence et le QG de la junte militaire qui a pris le pouvoir lors d'un putsch en janvier dernier, ont rapporté des témoins à l'AFP.
"J'ai entendu de lourdes détonations vers 4H30 (locales et GMT), et là les routes autour de ma maison sont barrées par des véhicules militaires", a affirmé l'un d'eux, vivant près de la présidence.
Plusieurs axes de la capitale burkinabè étaient bloqués vendredi matin par des militaires stationnés, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Ces militaires stationnent sur les principaux carrefours de la ville, notamment dans le quartier de Ouaga 2000 où se situe la présidence et le camp militaire de la junte au pouvoir, mais aussi devant le siège de la télévision nationale, a constaté l'un d'eux.
Le signal de la télévision nationale était coupé vendredi matin, un écran noir remplaçant les programmes avec un message indiquant "No video signal" ("Pas de signal vidéo").
Burkina Faso: les événements depuis le coup d'Etat de janvier
Rappel des événements au Burkina Faso depuis le coup d'Etat militaire de janvier 2022, alors que des tirs ont été entendus vendredi avant l'aube près de la présidence dans la capitale Ouagadougou, où des militaires ont été postés aux principaux carrefours.
Incidents dans des manifestations et mutineries
Le 22 janvier 2022, des incidents éclatent dans plusieurs villes dont Ouagadougou. Les manifestants protestent contre l'impuissance des autorités face à la violence jihadiste qui ravage le pays depuis 2015.
Parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires, ces violences ont fait des milliers de morts et environ 2 millions de déplacés.
Le 23, des coups de feu retentissent dans plusieurs casernes. Les mutins réclament le "remplacement" des chefs de l'armée, des "moyens adaptés" pour lutter contre les jihadistes et une "meilleure prise en charge des blessés".
Le gouvernement dément les rumeurs "d'une prise de pouvoir par l'armée" puis décrète un couvre-feu.
Coup d'Etat militaire
Le 24 janvier, des militaires annoncent avoir pris le pouvoir et chassé le président Roch Marc Christian Kaboré.
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, nouvel homme fort du pays, annonce la fermeture des frontières, la dissolution du gouvernement et la suspension de la Constitution. Il promet "un calendrier de retour à un ordre constitutionnel" dans un "délai raisonnable".
Scènes de liesse dans les rues de Ouagadougou.
Condamnations internationales
Le 25, la France, l'ONU et la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) condamnent le putsch.
Le lendemain, un proche de M. Kaboré affirme qu'il est "dans une villa présidentielle en résidence surveillée".
Le 27, Paul-Henri Sandaogo Damiba demande l'aide de ses partenaires internationaux.
Le 28, la Cédéao suspend le Burkina, suivie par l'Union africaine (UA) le 31.
Constitution rétablie, couvre-feu levé
Le même jour, la junte rétablit la Constitution, tout en modifiant les institutions "en attendant la mise en place des organes de transition", sans préciser une date de retour à l'ordre constitutionnel.
Début février, la junte rencontre les responsables des principaux partis politiques, nombreux à se dire prêts à accompagner la transition. Le couvre-feu est levé.
Pression internationale
Le 3, la Cédéao demande un calendrier rapide de retour à l'ordre constitutionnel, sans adopter de nouvelles sanctions.
Une commission est annoncée le 6 pour élaborer un projet de charte et d'agenda de transition.
Le 9, le nouveau chef d'état-major de l'armée promet un "souffle nouveau dans la lutte contre le terrorisme".
Le Conseil de sécurité de l'ONU se déclare "gravement préoccupé par le changement inconstitutionnel du gouvernement au Burkina Faso", sans parler de coup d'Etat.
Damiba président
Le 10, Paul-Henri Sandaogo Damiba est déclaré "président" par le Conseil constitutionnel, avant d'être investi le 16.
Le 1er mars, la transition est fixée à trois ans par des assises nationales.
Nouvelles attaques jihadistes
A partir de la mi-mars, le Burkina connaît un regain d'attaques meurtrières de jihadistes présumés qui font des centaines de morts. La plus meurtrière fait 86 morts dans un village du nord en juin.
En visite le 19 juin à Ouagadougou, le médiateur ouest-africain, l'ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, estime que près de la moitié du territoire échappe au contrôle de l'Etat.
Le 21, Paul-Henri Sandaogo Damiba reçoit l'ex-président Kaboré pour "décrisper la situation politique".
Deux ans de transition
Le 3 juillet, les dirigeants ouest-africains se mettent d'accord avec la junte pour une période de transition de deux ans à compter du 1er juillet.
Le 7, l'ancien président Blaise Compaoré revient au Burkina pour la première fois depuis qu'il en a été chassé en 2014 par une insurrection populaire, un retour de deux jours "pour la réconciliation" à l'invitation du président Damiba.
Le 11 août, l'ex-président Kaboré est autorisé à quitter son pays pour "raison médicale".
Le 19, l'UA appelle la communauté internationale à soutenir la transition.
Septembre sanglant, remaniement
Début septembre, le président Damiba salue une "relative accalmie" dans plusieurs localités.
Mais les attaques meurtrières se poursuivent dans le nord, où des villes sont désormais soumises à un blocus des jihadistes.
Le 5, un convoi de ravitaillement saute sur une bombe artisanale: 35 civils sont tués, dont de nombreux enfants.
Une semaine plus tard, Damiba limoge son ministre de la Défense et le remplace lui-même à ce poste.
Le 27 septembre, nouvelle attaque contre un convoi de ravitaillement, escorté par l'armée, dans le nord: au moins onze soldats sont tués, 28 personnes blessées et une cinquantaine de civils portés disparus, selon le dernier bilan officiel.
Militaires stationnés, télévision coupée
Le 30 septembre avant l'aube, des tirs retentissent dans le quartier de la présidence et du QG de la junte. Des militaires sont stationnés sur les principaux carrefours de la ville et devant le siège de la télévision nationale, dont le signal est coupé.
Le Burkina Faso est dirigé par une junte militaire depuis fin janvier 2022, arrivée au pouvoir lors d’un coup d’Etat.
L’homme fort de cette junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait promis de faire de la sécurité sa priorité, dans ce pays miné depuis des années par des attaques jihadistes.
Mais la situation ne s’est pas améliorée et les attaques meurtrières, touchant dizaines de civils et soldats se sont poursuivies.
Cette semaine encore un convoi qui devait ravitailler en vivres la ville de Djibo (nord) a été attaqué par des jihadistes présumés.
11 soldats sont morts, 28 personnes ont été blessées et 50 civils portés disparus, selon le dernier bilan officiel.
Depuis 2015, les attaques récurrentes y ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes.