VIENNE : L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a relevé ses projections de production nucléaire pour la seconde année consécutive, l'atome connaissant un regain d'intérêt sur fond de crise énergétique et de changement climatique.
Sous l'impact de ces deux facteurs, "les gouvernements repensent leurs portefeuilles en faveur de l'énergie nucléaire", écrit l'instance onusienne dans un communiqué.
Ils espèrent ainsi sécuriser leur approvisionnement énergétique, alors que "la pandémie de covid-19, les tensions géopolitiques et le conflit en Ukraine ont perturbé les flux et provoqué une flambée des prix".
Dans le scénario le plus favorable, l'AIEA prévoit plus du doublement de la puissance installée, qui grimperait à 873 gigawatts en 2050 contre 390 GW actuellement. Elle misait auparavant sur 792 GW.
Mais "pour y parvenir, il faut surmonter de nombreux défis", prévient l'Agence, citant "l'harmonisation réglementaire et industrielle".
Elle évoque aussi la nécessité de faire "des progrès dans la gestion des déchets radioactifs de haute activité", qui sont des matières non recyclables issues du traitement des combustibles usés des centrales.
L'énergie nucléaire fournit environ 10% de l'électricité mondiale, contre 37% pour le charbon, "source d'énergie dominante". La part du solaire et de l'éolien a rapidement augmenté ces dernières années, passant de moins 1% en 1980 à 9% en 2021.
L'an dernier, l'AIEA avait augmenté ses projections pour la première fois depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, consécutive à un puissant séisme et à un gigantesque tsunami dans le nord-est du Japon.
Si cet accident avait porté un rude coup au secteur, le nucléaire a commencé à revenir en grâce avec l'argument climatique.
Ses partisans soulignent qu'il s'agit d'une source d'énergie très peu émettrice de CO2 et pilotable, c'est-à-dire qui peut être mobilisée en fonction des besoins, à l'inverse du vent ou du soleil.
Et cette tendance s'est accélérée avec la crise énergétique actuelle.
En août, le Japon a annoncé le lancement d'une réflexion sur la construction éventuelle de réacteurs nucléaires de nouvelle génération.
D'autres pays sur le chemin du désengagement ont eux fait volte-face, comme la Belgique qui veut prolonger deux réacteurs de dix ans.
Le débat agite aussi l'Allemagne, qui devait fermer les trois derniers à fin 2022. Pour l'instant, Berlin a simplement accepté de maintenir en veille deux centrales jusqu'au printemps 2023 pour faire face à d'éventuelles urgences.