BEYROUTH: Le grand mufti du Liban, le cheikh Abdellatif Deriane, a averti samedi dernier que le pays du Cèdre était désormais un État en faillite.
«Notre pays se transforme rapidement en un État défaillant; les nations arabes ainsi que le reste des pays du monde ne tarderont pas à ignorer le Liban en tant qu'État en raison de sa mauvaise gestion politique à tous les niveaux», a-t-il prévenu.
«Il est nécessaire d'élire un nouveau président et les députés sont responsables de cela. Sinon, notre pays connaîtra une vacance présidentielle.»
Le mufti Deriane avait convoqué les députés sunnites à l’occasion d’une réunion de Dar el-Fatwa afin d’évoquer les éventuels candidats.
Vingt-sept députés sunnites appartenant à tous les courants politiques ont participé à cette réunion dont un député affilié au Hezbollah, ainsi que des députés réformateurs et indépendants.
Deux députés réformistes, Ibrahim Mneimneh et Halimé el-Kaakour, et le député indépendant Oussama Saad n'ont pas été présents.
L'objectif de la réunion était d'unir le bloc sunnite au Parlement pour lui conférer un poids significatif dans les élections présidentielles, selon une source de Dar Al-Fatwa.
Un autre objectif du bloc consiste à mettre un terme aux tentatives qui visent à manipuler l'accord de Taëf et à saper ses clauses relatives à la Constitution libanaise, ajoute la même source.
La réunion s'est concentrée sur les moyens pour préserver l'unité nationale et faire respecter les délais prévus par la Constitution dans la perspective de l'élection d'un nouveau président et de la formation d'un gouvernement susceptible de mener des réformes financières, monétaires et législatives, y compris le plan de redressement économique.
Lors de la réunion, le mufti Abdellatif Deriane a déclaré que les nations ne peuvent survivre que si elles sont dotées d'institutions constitutionnelles performantes.
Le président est le défenseur de la Constitution et la présence d'un président chrétien au Liban symbolise la coexistence sur laquelle repose le système national, a-t-il affirmé.
Les pays arabes «sont volontaires et apprécient le système libanais» dans la mesure où le chef de l’État libanais reste le seul président chrétien du monde arabe, ajoute le cheikh Deriane.
Il a exhorté les députés à aider le président à assumer son rôle à l'intérieur et à l'extérieur du pays ainsi qu’à préserver son statut.
Le mufti Deriane a par ailleurs souligné que le nouveau président doit préserver les constantes de Taëf et de la Constitution, le vivre-ensemble et les lois libanaises, arabes et internationales.
Le nouveau président est appelé à mettre un terme aux disputes sectaires et à prôner une séparation des pouvoirs, conformément à la Constitution, a-t-il renchéri.
Le mufti a précisé que le président de la république qui sera élu devra «présenter les caractéristiques d'une personnalité de la sphère publique et politique et assumer la responsabilité de la mission qui lui est confiée».
Il a précisé que ce nouveau président doit disposer de la sagesse, du sens de la responsabilité nationale et de l'intégrité nécessaires. Il lui faudra en outre parvenir à rassembler tous les Libanais, employer ses pouvoirs à faire sortir le pays de la crise dans laquelle il se trouve et prévenir l'effondrement total du pays.
Le mufti Deriane a précisé: «Il est impératif d'élire un président doté de ces qualités; sinon, le régime et l'État s'effondreront sous nos yeux.»
Le mufti a par ailleurs appelé à préserver les prérogatives du Premier ministre et à aider dans sa mission le Premier ministre désigné.
«Tout le monde est appelé à assumer cette responsabilité commune. Nous espérons former un gouvernement dans les plus brefs délais, voire dans les prochains jours», a affirmé le cheikh Deriane. Selon lui, le Liban a besoin d'un gouvernement puissant, non d'un gouvernement intérimaire, pour faire face aux circonstances difficiles qu’il traverse.
Faute d'un consensus, le Liban ne peut survivre, affirme le cheikh Deriane. Le salut de notre pays passe inévitablement par l'unité, loin des tensions, des conflits sectaires et des incitations, ajoute-t-il.
Le président dont le Liban a besoin «ne peut pas faire partie du problème ni en être la cause».
Au terme de la réunion, les participants ont souligné les principes prônés par Dar el-Fatwa, notamment ceux qui sont relatifs au respect de l'accord de Taëf, de l'identité arabe du Liban et de l'unité nationale.
Ils ont par ailleurs dénoncé les abus qui ont porté atteinte – et continuent de le faire – aux principes de la réconciliation nationale et de la coexistence.
Les députés sunnites ont appelé à mettre fin aux souffrances qu’endure le Liban en raison de la mauvaise gestion et de la corruption endémique.
«Pour sauver le Liban, il convient de reconnaître les erreurs commises, de responsabiliser les coupables, quels qu'ils soient, et de coopérer de manière ouverte avec les différents partis libanais et arabes ainsi qu'avec la communauté internationale en vue de restaurer l’identité et la stature de ce pays», ont-ils déclaré.
Ils ont assuré qu'ils allaient collaborer avec les autres députés afin d'élire un nouveau président dans les délais prévus par la Constitution.
Selon eux, le nouveau président «doit se soumettre à la Constitution et faire preuve de loyauté envers le peuple libanais ainsi qu’envers ses intérêts».
Cette déclaration précise que l'ennemi du Liban reste l'armée israélienne, qui continue d’occuper certaines parties du pays.
Elle appelle à respecter les résolutions du Conseil de sécurité des nations unies qui prévoient le retrait israélien des territoires palestiniens occupés et la reconnaissance de Jérusalem comme ville occupée.
Ce texte est un article paru sur Arabnews.com