La Bouriatie, victime de l’ordre de mobilisation de Poutine

Une femme marche le long de la rue dans le village de Bolshoy Kunaley, l'un des centres historiques de la culture orthodoxe russe des vieux croyants, dans la république de Bouriatie, en Russie, le 17 septembre 2021 (Photo, Reuters).
Une femme marche le long de la rue dans le village de Bolshoy Kunaley, l'un des centres historiques de la culture orthodoxe russe des vieux croyants, dans la république de Bouriatie, en Russie, le 17 septembre 2021 (Photo, Reuters).
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Publié le Samedi 24 septembre 2022

La Bouriatie, victime de l’ordre de mobilisation de Poutine

  • En Russie, l'annonce de la mobilisation a provoqué un afflux d’hommes en âge de combattre souhaitant quitter le pays, sans qu'aucun chiffre ne soit disponible
  • D’autres ont choisi de prendre les rues, sous un seul slogan : «Non à la guerre!», «Pas de mobilisation!»

DUBAI : Des vidéos et des photographies de mères faisant leurs adieux à leurs enfants et maris ont fait surface sur les réseaux sociaux samedi, suite à la mobilisation de 300 000 réservistes mercredi pour le service militaire à la suite de la décision du président russe Vladimir Poutine, selon Al Arabiya.

Des hommes de l'armée russe lors d'une mobilisation partielle disent au revoir à leurs proches et connaissances devant un commissariat militaire à Moscou, en Russie, le 23 septembre 2022 (Photo, Reuters).
Des hommes de l'armée russe lors d'une mobilisation partielle disent au revoir à leurs proches et connaissances devant un centre militaire à Moscou, en Russie, le 23 septembre 2022 (Photo, Reuters).

Le président Poutine a autorisé mercredi une mobilisation militaire partielle, appelant jusqu'à 300 000 réservistes dans un mouvement dramatique pour inverser les pertes de sa guerre et venir en aide aux troupes combattants en Ukraine qui ont effectué une retraite humiliante de la région nord de Kharkiv, écrit le quotidien The Washington Post.

Des manifestations ravagent la Russie

En Russie, l'annonce de la mobilisation a provoqué un afflux d’hommes en âge de combattre souhaitant quitter le pays, sans qu'aucun chiffre ne soit disponible. D’autres ont choisi de prendre les rues, sous un seul slogan : "Non à la guerre!", "Pas de mobilisation!".

Selon OVD-Info, organisation spécialisée dans le décompte des arrestations, au moins 1 332 personnes ont été arrêtées mercredi en Russie lors de manifestations improvisées contre la mobilisation partielle pour l'offensive en Ukraine.

La police anti-émeute arrête des personnes lors d'une manifestation contre la mobilisation à Moscou mercredi (Photo, AP).
La police anti-émeute arrête des protestataires lors d'une manifestation contre la mobilisation à Moscou mercredi (Photo, AP).

La mobilisation concerne dans un premier temps 300 000 réservistes mais, selon le ministère de la Défense, au total 25 millions de Russes sont mobilisables pour rejoindre les rangs de l'armée dans l'est et le sud de l'Ukraine, selon les médias locaux. Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a déclaré que cette mobilisation ne concerne pas tous les citoyens, mais uniquement les réservistes militaires qui ont déjà servi dans l'armée russe et qui ont une expérience de combat ou des compétences militaires spécialisées.

Une mobilisation pesant sur les pauvres

Selon des conversations rapportées avec la population locale, des groupes de défense des droits et même des responsables locaux, la mobilisation cible en particulier les habitants de la Bouriatie, une région à prédominance rurale emmêlée autour de la côte sud du lac Baïkal, quels que soient leur âge ou leurs antécédents militaires, selon Reuters.

Le gouverneur de Bouriatie, Alexeï Tsydanov, a publié vendredi un communiqué soulignant que les personnes n'ayant pas servi dans l'armée ou bénéficiant d'exemptions médicales ne seraient pas mobilisées, mais a avoué que seuls des brouillons de lettres avaient été remis à ces personnes.

"Ce matin, 70 personnes ayant reçu des convocations ont été renvoyées chez elles, tant des points de rassemblement que des casernes militaires," écrit Tsydanov sur Telegram.

Le ministère de la Défense à Moscou n'a fait aucune déclaration à ce sujet, confirme Reuters.

Les défenseurs des droits des Bouriates craignent que le poids de la mobilisation - et de la bataille elle-même – pèse sur les zones pauvres des minorités ethniques afin d'éviter d'inciter à l'indignation populaire à Moscou, qui se trouve à 6 000 kilomètres.

Lors d’un entretien avec Reuters, la journaliste bouriate Alexandra Garmazhapova, directrice de la fondation «Free Buryatia Foundation», a déclaré samedi qu'entre 4 000 et 5 000 citoyens du district avaient été enrôlés le premier soir de la conscription. Garmazhapova affirme que dans de nombreux cas, les convocations étaient émises tard dans la nuit.

«Faire plaisir» au Kremlin

La fondation «Free Buryatia Foundation» a été créée en mars par Alexandra Garmazhapova pour venir en aide aux Bouriates qui se sont engagés professionnellement dans l’armée, souvent par nécessité économique, mais qui ne veulent pas combattre en Ukraine. Selon Garmazhapova, la large mobilisation en Bouriatie, où l'ethnie bouriate, un peuple à prédominance bouddhiste étroitement lié aux Mongols, représente environ un tiers de la population, est un choix politique conscient des responsables locaux cherchant à «faire plaisir» au Kremlin.

"Le centre fédéral s’efforce de ne pas évoquer Saint-Pétersbourg et Moscou, car à Moscou, vous pouvez avoir des manifestations contre le Kremlin", confie Garmazhapova à Reuters. « Certains résidents bouriates ont tenté de fuir la conscription en traversant la Mongolie voisine, où les Russes peuvent rester 30 jours sans visa, » ajoute-t-elle.

«Je ne veux pas perdre mon père»

Nastya, une étudiante de 21 ans à Oulan-Oudé, capitale de la république de Bouriatie, qui a demandé que son nom de famille ne soit pas divulgué, a montré à Reuters une photographie des papiers remis jeudi à son père, un journaliste de 45 ans qui n'avait jamais servi dans l'armée à cause de sa myopie.

Nastya, une enfant unique, a déclaré qu'elle et son père, son seul parent restant, avaient convenu qu'il ignorerait la convocation, risquant une amende potentielle, pendant qu'ils engageaient un avocat pour tenter d'obtenir une exemption. "Nous avons décidé de prendre le risque", a-t-elle déclaré. "Je ne veux pas perdre mon père."

L’Ukraine en «état d'alerte»

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté jeudi les Russes à se dresser contre la mobilisation annoncée par le Kremlin confronté au refus de combattre en Ukraine d'une partie de sa population qui fuit le pays.

"Vous êtes déjà complices de tous les crimes (de l'armée russe), des meurtres et de tortures dont les Ukrainiens sont victimes. Parce que vous vous êtes tus. Parce que vous vous taisez toujours", a accusé M. Zelensky.

Dans une adresse à la nation, Vladimir Poutine s'était dit mercredi prêt à utiliser "tous les moyens" face à l'Occident qu'il a accusé de vouloir "détruire" la Russie. "Ce n'est pas du bluff", a-t-il lâché. M. Zelensky a de même appelé le monde à "châtier" la Russie.

 

(Avec agences)


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »