PARIS : Le bouclier tarifaire, que le gouvernement français s'est engagé à prolonger en 2023 en limitant la hausse des tarifs à 15%, s'applique à l'électricité mais aussi à tous les contrats de gaz, sauf rares exceptions locales.
- Qui est concerné?
«Tous les ménages», soit 10 millions d'abonnés au gaz, ainsi que les copropriétés, les logements sociaux, les petites entreprises et les plus petites localités, c'est-à-dire la majorité des communes du territoire, sont concernés par le bouclier tarifaire 2023, a annoncé la Première ministre Elisabeth Borne.
En France, un foyer abonné au gaz naturel sur quatre est souscripteur du tarif dit «réglementé» chez le fournisseur historique Engie (ex-GDF Suez) et d'autres entreprises historiques locales de distribution. Les autres ont souscrit à une offre dite «de marché», auprès de fournisseurs historiques ou alternatifs, qui proposent un tarif indexé sur le tarif réglementé, ou un tarif qui restera fixe pendant un an ou plusieurs années.
Le bouclier tarifaire 2022 a gelé jusqu'à fin décembre les tarifs au niveau de fin 2021 et s'applique à tous les clients, qu'ils aient un contrat au tarif réglementé ou un contrat indexé sur le tarif réglementé, explique l'association de consommateurs CLCV.
Les autres offres de marché à prix fixes sont également éligibles mais seulement depuis le 1er septembre, grâce à un mécanisme de compensation par lequel l'Etat compense les pertes des fournisseurs d'énergie, qui continuent de s'alimenter au prix fort sur les marchés de gros.
«La totalité des fournisseurs, qu'ils soient en offre à prix fixe, ou en offre proche des tarifs réglementés de vente, peuvent faire bénéficier leurs clients du bouclier tarifaire», résume Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE).
- Changer d'opérateur? C'est possible -
Les offres de marché à prix fixe, généralement sur un à trois ans, pouvaient être avantageuses avant la crise énergétique, car elles protégeaient de la forte volatilité des cours de gaz.
Mais ces derniers mois, des abonnés se sont vu proposer, à l'échéance de leurs contrats, des renouvellements à des prix astronomiques, calqués sur les nouveaux cours du marché; des «prix fous» a prévenu lui-même Emmanuel Macron, en lançant aux consommateurs: «ne les signez pas!».
Les consommateurs dont les contrats arrivent à échéance ont le droit de choisir une autre offre chez leur fournisseur, ou d'aller chez un concurrent. Le site du médiateur de l'énergie, energie-info.fr, propose un comparateur qui montre que de multiples offres de marché sont proposées à des tarifs raisonnables.
Il n'est plus possible depuis 2019 de souscrire un nouveau contrat au tarif réglementé car celui-ci disparaîtra le 1er juillet 2023, dans le cadre de la libéralisation du marché.
«On peut toujours changer de fournisseur, sauf dans les cas très particuliers de monopoles de fait comme à Bordeaux», souligne Emmanuelle Wargon.
- ... sauf à Bordeaux... -
Dans la métropole de Bordeaux, certains clients de l'opérateur historique Gaz de Bordeaux ont en effet reçu une douche froide en découvrant des hausses de prix de plus de 450%.
Ces contrats à prix fixe sur trois ans arrivant à échéance en novembre, l'opérateur a proposé dernièrement à ses abonnés de nouveaux tarifs reflétant les cours actuels, c'est-à-dire bien supérieurs. Pour ces clients-là, le bouclier n'a pas été appliqué, même s'il vient d'être étendu au 1er septembre à l'ensemble des fournisseurs. Les courriers avaient été envoyés avant les annonces du gouvernement le 14 septembre sur la prolongation du bouclier.
Les clients peuvent-ils aller voir d'autres fournisseurs? Impossible car Gaz de Bordeaux se trouve en situation de monopole de fait.
Devant cet imbroglio, la CRE a demandé jeudi à Gaz de Bordeaux de revoir ses tarifs. «On travaille avec eux pour voir comment ils peuvent faire une offre qui s'ajusterait mieux avec le bouclier tarifaire», a indiqué à l'AFP Mme Wargon.
- Et la fin du tarif réglementé en 2023? -
La loi prévoit la suppression pour les ménages du tarif réglementé de gaz, jugé anti-concurrentiel par Bruxelles, au 1er juillet 2023.
La CRE devrait mettre en place «un prix de référence» reprenant le mode de calcul du tarif réglementé, et indique «travailler sur l'accompagnement de cette suppression dans les meilleures conditions».