La mer monte sur les côtes françaises, mais certains tardent à déménager faute de moyens

Face au recul du trait de côte, le maire de Quiberville vient d'exproprier pour destruction une maison en bord de falaise (Photo, AFP).
Face au recul du trait de côte, le maire de Quiberville vient d'exproprier pour destruction une maison en bord de falaise (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 24 septembre 2022

La mer monte sur les côtes françaises, mais certains tardent à déménager faute de moyens

  • Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones plus intenses augmente
  • Le risque de phénomènes de vagues-submersions s'amplifie aussi, provoquant notamment des inondations

QUIBERVILLE: Reculer dans les terres un camping littoral ou une ferme d'agneaux de prés-salés: des projets de "repli stratégique" voient le jour en France, face à la mer qui grignote les côtes mais l'argent manque pour financer ce grand déménagement pourtant inéluctable avec le changement climatique.

Dans le nord de la France, dans la commune normande de Quiberville, "on a décidé de relocaliser notre camping", actuellement à 50 m du rivage, "ici à 700 m de la mer pour éviter les inondations qui ont meurtri ce camping et pour prendre en compte le changement climatique, le recul du trait de côte", explique Jean-François Bloc, maire depuis 34 ans de cette petite station balnéaire. Derrière lui, s'affairent les pelleteuses sur le terrain du futur "camping nature" annoncé pour l'été 2023.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons) plus intenses augmente. Le risque de phénomènes de vagues-submersions (aussi appelées submersions marines) s'amplifie aussi, provoquant notamment des inondations.

Ce "repli stratégique" dans les terres face aux risques est prôné depuis une dizaine d'années par les autorités françaises, après des décennies "où on a bétonné un peu partout" et accéléré ainsi l'érosion, selon un haut fonctionnaire. La tempête Xynthia, qui a fait 59 morts dans plusieurs pays d'Europe occidentale en 2010, a également marqué un tournant.

La mise en oeuvre de cette "relocalisation" demeure pourtant "très rare", souligne Stéphane Costa, référent scientifique.

Pour lui, il est "urgent" d'agir. D'ici 2100, le niveau de la mer devrait augmenter d'un mètre environ. Et "au moins 50 000 logements" devraient être concernés en France par l'érosion et par le risque de submersion, selon les autorités.

Face au recul du trait de côte, le maire de Quiberville vient d'exproprier pour destruction une maison en bord de falaise. Ce n'est ni la première, ni la dernière. Et le camping en bord de plage, poumon économique de la commune, a été inondé plusieurs fois dans les années 2000.

"En 1999, on a eu 140 caravanes qui flottaient. En 1977, j'ai vu la mer casser la route. Les morceaux de béton sautaient, c'était comme un bombardement. On peut assister à nouveau à ça", souligne M. Bloc.

"Pendant des décennies, ce territoire comme tant d'autres, a lutté contre la nature. Aujourd'hui au lieu de faire des murs, mettre des pompes, on choisit d'enlever les équipements submersibles pour ouvrir la vallée à la mer", explique Régis Leymarie, coordinateur du projet.

Après le déménagement du camping, le tuyau étroit (1,5 m de diamètre) par lequel le fleuve de la Saâne se jette actuellement dans la mer, va être remplacé par un pont de 10 m de longueur. En 2025, le fleuve retrouvera ainsi un lit plus large, et les campeurs n'auront plus la vue sur la plage mais sur la vallée.

Sans fonds européens, pas de projet 

Et "un jour ou l'autre, il faudra (aussi) déplacer" la route littorale "très fortement menacée", avertit M. Costa.

Ce projet est "une première étape", qui a déjà mis dix ans à aboutir, souligne Nicolas Leforestier, président du syndicat des bassins versants de la Saâne.

Il n'a dû son salut qu'à l'obtention de fonds européens. Le nouveau camping évalué à 8,7 millions d'euros a été financé à environ 70% par l'UE et à 30% par les collectivités locales.

Car en "France il n'y a quasi pas d'argent pour l'adaptation au changement climatique", constate M. Leymarie.

A 40 km de Quiberville, Criel-sur-Mer mène aussi une "étude pour laisser entrer la mer". Mais au-delà du financement, "le repli stratégique, il va se faire où?", alors qu'il faut éviter l'artificialisation des terres agricoles, interroge le maire Alain Trouessin.

Flambée de l'immobilier 

A Montmartin-sur-Mer (nord-ouest), David Lecordier, éleveur de moutons de prés-salés s'est fait lui aussi à l'idée de quitter son "cadre idyllique resté un peu sauvage". Le Normand a vu un hectare de la ferme héritée de ses parents partir à la mer et trois autres devenir inondables.

Mais le prix que lui propose le Conservatoire du littoral pour racheter ses terres est loin de financer son projet d'achat de gîtes pour accueillir des touristes un peu plus loin du rivage.

"On va pas non plus aller à 20 km dans les terres", où l'immobilier est moins cher mais "où les touristes ne passent pas", argumente-t-il.

Au total, "l'impact financier de l'érosion est estimé à plusieurs dizaines de milliards d'euros", selon l'Association nationale des élus du littoral (ANEL).

Interrogé par l'AFP, le ministère français de la Transition écologique indique "réfléchir" à la question des financements à long terme, qui pourront inclure le privé, et souligne avoir débloqué 10 millions d'euros en tout pour 2021-2024 pour Gouville-sur-Mer (Normandie), Saint-Jean-de-Luz et Lacanau (Sud-Ouest). "S'il y avait eu plus de territoires matures, on aurait pu accompagner plus de territoires", assure-t-on.

A l'exception du déplacement dans les terres de parkings à Saint-Jean-de-Luz et d'un poste de secours et d'une boutique à Lacanau, les 10 millions --même abondés par les collectivités-- ne financent dans les faits pas de travaux de relocalisation mais uniquement l'étude du déménagement de campings, habitations, commerces, station d'épuration, selon les collectivités concernées.

En attendant, Lacanau (5 000 habitants) projette une digue à 30 millions d'euros en co-financement, après avoir constaté "l'infaisabilité financière et juridique" du déplacement de 1 200 logements évalués à 300 millions d'euros en 2013.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.