Ukraine: La Russie fait voter pour des annexions, condamnations dans le monde

Des personnes assistent à un rassemblement et à un concert en faveur des référendums d'annexion dans les régions d'Ukraine sous contrôle russe (Photo, AFP).
Des personnes assistent à un rassemblement et à un concert en faveur des référendums d'annexion dans les régions d'Ukraine sous contrôle russe (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 24 septembre 2022

Ukraine: La Russie fait voter pour des annexions, condamnations dans le monde

  • «Les référendums de la Russie sont un simulacre»
  • Les critiques internationales n'ont pas empêché Moscou de poursuivre ses plans

KIEV: La Russie a commencé vendredi à faire voter dans le cadre de ses "référendums" d'annexion de régions ukrainiennes qu'elle contrôle entièrement ou en partie, des scrutins aussitôt condamnés à Kiev et Washington qui a promis une réponse "rapide et sévère".

Dans un communiqué conjoint, les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) ont appelé "tous les pays à rejeter sans équivoque ces référendums fictifs", des "simulacres" qui "n'ont ni effet juridique ni légitimité".

Sans aller jusqu'à dénoncer les scrutins, la Chine, partenaire le plus proche de Moscou, y est tout de même allée de sa critique, appelant au respect de "l'intégrité territoriale de tous les pays".

En parallèle, la mobilisation de centaines de milliers de réservistes russes se poursuivait en Russie, le Kremlin cherchant la parade aux avancées de l'armée ukrainienne qui, forte des livraisons d'armes occidentales, a revendiqué de nouveaux progrès territoriaux vendredi.

M. Zelensky a à ce sujet appelé tous les Ukrainiens qui se trouvent dans les territoires occupés par les Russes à "se cacher pour échapper à la mobilisation russe" et, s'ils ne peuvent s'y soustraire, à "saboter toute activité de l'ennemi".

Zelensky exhorte le monde à condamner les «pseudo-référendums» russes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté vendredi le reste du monde à condamner les "pseudo-référendums" organisés par la Russie et en cours dans quatre territoires qu'elle a conquis en Ukraine depuis le début de son invasion.

Dans son adresse quotidienne à la nation, M. Zelensky s'est dit persuadé que "le monde réagira avec la plus grande justesse aux pseudo-référendums" et que ceux-ci "seront condamnés sans équivoque".

Du côté de l'ONU, une commission d'enquête a reconnu que des "crimes de guerre ont été commis en Ukraine", évoquant notamment des bombardements russes sur des zones civiles, des exécutions, des actes de torture, des mauvais traitements ainsi que des violences sexuelles.

L'Ukraine a parallèlement annoncé avoir exhumé 447 corps d'un site d'enterrement de masse à Izioum, ville reprise aux Russes dans le nord-est, dont 30 avec des "signes de torture" tels que des mains liées, des membres cassés ou des "organes génitaux amputés".

Les critiques internationales n'ont pas empêché Moscou de poursuivre ses plans de "référendums" en Ukraine.

Les votes, qui ont débuté à 05H00 GMT, s'achèveront le 27 septembre dans les régions séparatistes de Donetsk et Lougansk (est), et dans des zones sous occupation russe dans les régions de Kherson et Zaporijjia (sud).

Kiev fustige l'Iran 

Des centaines de bureaux de vote devaient être ouverts dans les quatre territoires, et d'autres en Russie pour faire voter les déplacés.

"Nous espérons qu'après le référendum, on arrêtera de nous bombarder, qu'on aura la paix et l'ordre", a dit à l'AFP Vladimir Choutov, originaire de la région de Lougansk et venu voter à la représentation de Donetsk à Moscou.

A Moscou, Saint-Pétersbourg et d'autres villes, les autorités ont organisé des manifestations de soutiens aux votes à grand renforts de drapeaux et de slogans.

"Ces référendums sont un pas vers cette paix", a affirmé Viktor Souvorov, 40 ans, présent au rassemblement moscovite, à deux pas de la Place rouge.

En Ukraine, à Chevchenkové, le responsable ukrainien Andriï Kanachevitch s'est lui insurgé auprès de l'AFP contre des scrutins "illégaux". "Pour être honnête, c'est n'importe quoi", dit-il.

L'Iran s'est pour sa part retrouvé dans le collimateur des autorités ukrainiennes, qui lui reproche ses livraisons d'armes à Moscou et notamment des drones, qui ont fait un mort dans une attaque russe sur le port d'Odessa vendredi.

Fustigeant un comportement "hostile", Kiev a décidé de retirer son accréditation à l'ambassadeur iranien en Ukraine et de "réduire considérablement" le personnel de l'ambassade iranienne à Kiev.

Progrès ukrainiens

Sur le terrain, l'Ukraine a revendiqué vendredi la prise de Iatskivka dans la région de Donetsk (est). Elle dit aussi avoir avancé au sud de Bakhmout, localité de l'est que l'armée russe essaye de prendre depuis des mois sans succès.

Côté séparatistes, le chef de Donetsk Denis Pouchiline a évoqué une situation "extrêmement difficile" au nord de sa ville.

Dans la région de Lougansk, un autre responsable séparatiste, Andreï Marotchko, a fait état de bombardements ukrainiens, constatant que les forces de Kiev "veulent tout faire pour faire dérailler le référendum".

L'annonce précipitée de ces scrutins s'est accompagnée de celle, mercredi, par M. Poutine de décréter la mobilisation immédiate d'au moins 300.000 réservistes. Il a aussi menacé d'user de tout l'arsenal russe, qui comprend l'arme nucléaire.

Si la télévision ne diffusait presque pas d'images de la mobilisation, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux ont montré des hommes aux visages fermés monter dans des bus après avoir embrassé leurs proches, certains en pleurs.

Joint par l'AFP, Konstantin, 29 ans, dit avoir reçu sa convocation au domicile de ses parents. "Je suis encore sous le choc", dit-il. "Je ne vais pas me cacher mais je ne saute pas de joie non plus".

D'autres se sont vu remettre une convocation après avoir été arrêtés lors de manifestations contre la mobilisation mercredi.

"Je m'attendais aux (procédures) habituelles: l'arrestation, le poste de police, le tribunal. Mais s'entendre dire: +Demain tu pars à la guerre+, (...) ça, c'était une surprise", a raconté à l'AFP Mikhaïl Souetine, 29 ans, qui a refusé de signer le document.

L'annonce de la mobilisation a aussi poussé de nombreux Russes à quitter le pays, provoquant un afflux aux frontières, sans qu'on ne puisse chiffrer l'ampleur du phénomène.

La Finlande a décidé de prendre des mesures pour limiter "significativement" l'entrée des citoyens russes sur son sol, alors que les pays baltes et la Pologne freinent déjà drastiquement les entrées depuis des semaines.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.