Rentrée politique et économique agitée en France: L’exécutif face aux lourdes décisions

La première réunion du Conseil des ministres après les vacances d’été a été précédée par un discours du président Macron dans lequel il cherchait à préparer les citoyens à des temps plus difficiles. (AFP).
La première réunion du Conseil des ministres après les vacances d’été a été précédée par un discours du président Macron dans lequel il cherchait à préparer les citoyens à des temps plus difficiles. (AFP).
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Publié le Vendredi 23 septembre 2022

Rentrée politique et économique agitée en France: L’exécutif face aux lourdes décisions

  • Dans un paysage politique morcelé, la rentrée parlementaire s’annonce plus intense que ne l’a été la session estivale du Parlement
  • Craignant une série de crises graves, le gouvernement de Mme Borne ne se contentera pas d’une simple gestion de crise, mais il devra être à la hauteur d'un grand bouleversement en cours

PARIS: En France, après un été politique chaud marqué par une situation postélections législatives délicate et par les répercussions des mutations du contexte géopolitique international de l’Ukraine à Taïwan, place à l’automne de l’incertitude et aux craintes liées à la crise énergétique.

Dans un paysage politique morcelé, la rentrée parlementaire s’annonce plus intense que ne l’a été la session estivale du Parlement ponctuée par des bras de fer entre le gouvernement d’Élisabeth Borne et les différentes oppositions.

«Prix de la liberté» et «fin de l’abondance» 

La première réunion du Conseil des ministres après les vacances d’été (et une succession de drames climatiques, de la sécheresse aux incendies et orages) a été précédée par un discours du président Macron dans lequel il cherchait à préparer les citoyens à des temps plus difficiles, en raison des conséquences de la période post-Covid et de la guerre en Ukraine. Il a appelé sans détour les Français à «regarder en face le temps qui vient, résister aux incertitudes» et «accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs».

Cet appel intervient alors que les familles françaises sont confrontées à des pressions dues à la perturbation de la chaîne de production et à la hausse des prix de l'énergie et des taux d'intérêt…

Dans le contexte de cette rentrée «agitée», l’exécutif devrait faire face aux risques de l’inflation, et assumer de lourdes décisions sur le budget ou la politique énergétique.

Avant la reprise en octobre des débats parlementaires et les attaques attendues notamment de la part de deux principaux groupes opposants (Nupes – gauche radicale, gauche et écologistes – et Rassemblement national – extrême droite), Emmanuel Macron n’hésite pas à évoquer la nécessité de s’unir dans une période marquée par «la fin de l'abondance et de l'insouciance».

Craignant une série de crises graves, le gouvernement de Mme Borne, en concertation avec la présidence et la majorité parlementaire, ne se contentera pas d’une simple gestion de crise, mais il devra être à la hauteur d'un grand bouleversement en cours.

Pour son second mandat non renouvelable, M. Macron compte agir différemment. Il a inauguré le 8 septembre une «méthode nouvelle» pour revitaliser la démocratie, en créant le «Conseil national de la refondation», afin d’engager une vaste consultation autour de grandes priorités telles que la santé, l’éducation, le grand âge ou l’écologie. Mais les forces de l’opposition ont boycotté cette initiative. Cela n’a pas sapé la détermination du président qui présentera bientôt son plan «des retraites et de fin de vie» comme l’un des grands chantiers de ses réformes.

Priorités de l’exécutif français 

Au début du mois de septembre, la cote de popularité du président Macron, encore haute en été, a commencé à chuter à cause de décisions impopulaires ou de choix non approuvés. En effet, les Français perdent confiance en lui. Sa cote de popularité est en baisse de deux points par rapport au mois d’août et elle s’établit à 36 % selon un sondage Elabe, alors qu'Élisabeth Borne a gagné un point pour atteindre 31 %.

En dépit des difficultés et de l’accumulation des défis, l’heure est donc à «la mobilisation générale» pour l’exécutif avec un mot d'ordre: «la sobriété énergétique».

Les priorités de cette rentrée définies par une source de l’entourage présidentiel sont la «souveraineté», la «bataille pour le climat» et «l'égalité des chances».

Dans ce contexte, la transition énergétique figurera en bonne place, avec le gouvernement qui présentera à l'automne un projet de loi d'accélération des énergies renouvelables.

Le temps presse et l’heure de vérité sonne à l’approche d’un hiver qui risque d’être ponctué par des coupures d’électricité ou de gaz, sachant que l’impact de la crise est déjà très brutal sur les factures des entreprises et, dans une moindre mesure, sur celles des ménages.

Alors que l'approvisionnement, en gaz comme en électricité, pourrait être partiellement menacé, et compte tenu du manque de production d’énergie nucléaire à cause de la maintenance d’une partie du parc des réacteurs, l’hiver risque d’être plus long et plus dur. Pour y remédier, l’exécutif français table sur des plans d’économies d'énergie, ayant pour slogan: «Chaque geste compte!»


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».