Le président Macron inaugure le premier parc éolien en mer de France

Emmanuel Macron inaugure jeudi au large de Saint-Nazaire le tout premier d'une série de parcs éoliens en mer, dont il entend accélérer le déploiement face à la crise énergétique. (AFP)
Emmanuel Macron inaugure jeudi au large de Saint-Nazaire le tout premier d'une série de parcs éoliens en mer, dont il entend accélérer le déploiement face à la crise énergétique. (AFP)
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Publié le Jeudi 22 septembre 2022

Le président Macron inaugure le premier parc éolien en mer de France

  • «C'est le début du chemin, une première étape vers le développement massif des énergies renouvelables», promet l'Elysée
  • Avec un mot d'ordre, renforcer la «souveraineté énergétique» de la France, en pleine envolée des prix des hydrocarbures et devant les risques de pénurie, et réduire le gros retard du pays dans les renouvelables

SAINT-NAZAIRE: Le président Emmanuel Macron inaugure jeudi le tout premier d'une série de parcs éoliens en mer en France, dont il entend accélérer le déploiement face à la crise énergétique.

"C'est le début du chemin, une première étape vers le développement massif des énergies renouvelables", promet le palais de l'Elysée.

En 2021, les énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire, bioénergies) ont assuré 24% de la production électrique en France, le nucléaire 69% et les combustibles fossiles 7%.

Le mot d'ordre est désormais de renforcer la "souveraineté énergétique" de la France, en pleine envolée des prix des hydrocarbures et devant les risques de pénurie liés à la guerre en Ukraine, et réduire le gros retard du pays dans les renouvelables par rapport à ses voisins.

Le chef de l'Etat se rendra en bateau dans la matinée sur le site de 80 éoliennes, déployées de 12 à 20 km des côtes du Pouliguen et du Croisic, dans l'ouest de la France.

Le parc, exploité par l'entreprise publique EDF (Electricité de France), entrera complètement en service d'ici à la fin de l'année. Il affichera alors une puissance de 480 mégawatts (MW) capable d'alimenter 700 000 personnes.

Emmanuel Macron visitera aussi les Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire, où les éoliennes sont assemblées avant leur installation en mer.

Il précisera les grands axes du projet de loi d'"accélération des énergies renouvelables", qui vise à raccourcir les délais de réalisation des projets en simplifiant les procédures administratives et en limitant la durée d'examen des recours déposés par les défenseurs de l'environnement, les pêcheurs et les riverains.

Aujourd'hui, il faut en moyenne dix ans pour qu'un site offshore entre en service en France, contre cinq en Allemagne et six au Royaume-Uni.

Pour l'éolien terrestre, c'est sept ans, deux fois plus qu'en Espagne ou en Allemagne, et le photovoltaïque n'est guère mieux loti.

Oppositions

Avec ce chantier, Emmanuel Macron, déterminé à garder un cap réformateur en ce début de second mandat, entend donner des gages à la gauche et aux écologistes, tout en mettant l'accent parallèlement sur les retraites ou l'assurance-chômage en direction de la droite.

L'examen du texte s'annonce toutefois difficile à l'Assemblée nationale, en l'absence de majorité absolue et face à une extrême droite et certains élus de droite vent debout contre l'éolien.

Le sujet s'était déjà invité durant la campagne présidentielle en début d'année, la candidate d'extrême droite Marine Le Pen réclamant l'arrêt des projets et le démantèlement progressif des sites existants.

Le 10 février, Emmanuel Macron avait pour sa part opté pour l'éolien en mer, avec un objectif d'une cinquantaine de parcs d'ici 2050 pour une capacité de 40 gigawatts.

A ce jour, sept parcs ont été attribués à des opérateurs. Pour la suite, d'autres appels d'offres ont été lancés, dont deux en Méditerranée.

Le chef de l'Etat a en revanche mis le frein sur l'éolien terrestre, avec un doublement de la capacité actuelle non plus sur dix mais trente ans.

Il a aussi annoncé la relance du nucléaire avec la construction de six réacteurs EPR2 à l'horizon 2035, et une multiplication par dix de la puissance solaire installée d'ici 2050.

Plusieurs ONG, dont France nature environnement, ont critiqué des dispositions du projet de loi visant à alléger les procédures.

Le développement des renouvelables doit se faire "dans le respect des procédures de consultation publique et du droit de l'environnement", plaident-elles. Le gouvernement a in fine retiré mercredi un des articles critiqués.

Pour accélérer dans l'immédiat, le secteur compte surtout sur une circulaire récente demandant aux préfets de "faciliter le traitement" des dossiers.

Dans un contexte d'approvisionnement électrique tendu et d'indisponibilité d'une partie du parc nucléaire, éolien, solaire et méthanisation seront jusqu'en 2025 "les seuls moyens pour produire des mégawattheures en plus", plaident leurs représentants.

L'éolien en mer, retards et ambitions de la France

Le parc éolien de Saint-Nazaire, où se rend Emmanuel Macron jeudi, est le tout premier champ offshore à entrer en service au large des côtes françaises, en attendant peut-être la quarantaine d'autres envisagés par l'Etat. Voici où en est la France, en retard par rapport à d'autres pays comme le Royaume-Uni.

Les chantiers

La France, qui compte 2.800 km de côtes, a décidé de se lancer dans l'éolien en mer dès 2009, mais aucun projet ne s'était matérialisé jusqu'à cette année.

De procédures administratives en recours en justice, il faut aujourd'hui en moyenne 10 ans pour qu'un site entre en service dans l'Hexagone, quand il en faut cinq en Allemagne, six au Royaume-Uni... et quand le pionnier mondial, le Danemark, installait sa première turbine en 1991.

Saint-Nazaire, attribué dès 2012 à EDF et au canadien Enbridge, est donc le tout premier à émerger: 80 éoliennes, réparties entre 12 et 20 km au large du Pouliguen et du Croisic, sur 78 km2. Une puissance installée de 480 mégawatts (MW) capable d'alimenter 700.000 personnes.

Projet à 2 milliards d'euros, ce chantier a vu ses premières fondations sortir de l'eau en 2021, la première éolienne a été raccordée au printemps 2022, la dernière en septembre. Il devrait entrer en production complète d'ici la fin 2022.

Au total, sept parcs (3,6 gigawatts pour l'ensemble) ont à ce jour été attribués à des opérateurs. Les chantiers de Saint-Brieuc, objet de frictions avec les pêcheurs, Courseulles-sur-Mer et Fécamp sont en cours de construction.

Sur le front industriel, le pays accueille notamment les usines de GE à Saint-Nazaire et Cherbourg, Siemens Gamesa au Havre. Selon l'Observatoire des énergies de la mer, la filière a fourni en 2021 plus de 6.000 emplois.

Les projets

D'autres appels d'offres ont été lancés, en Bretagne et pour la première fois en Méditerranée. Un autre doit l'être d'ici la fin 2022 pour un second parc au large du Calvados ("Centre Manche 2").

L'appel d'offres de Méditerranée concerne la construction d'ici 2030 de deux parcs flottants. Cette technologie en développement, encore jamais utilisée pour un parc commercial en France, est souvent vue comme l'avenir de l'éolien marin car permettant de s'implanter en grandes profondeurs, ce qui présente plusieurs avantages: il y a plus de vent, et les éoliennes sont plus loin des côtes, donc des regards.

Parmi les projets, celui d'Oléron a fait l'objet d'un débat public nourri. L'emplacement prévu a d'ailleurs été éloigné des côtes. Il prévoit la construction d'ici 2030 d'un parc posé sur les fonds marins, qui pourra être complété d'un second parc.

Des ONG, préoccupées par la conservation des oiseaux, et la mairie de Saint-Pierre-d'Oléron, inquiète pour la pêche, viennent d'annoncer des recours pour qu'il soit encore éloigné.

Les ambitions

Si la France veut atteindre en 2050 la neutralité carbone pour lutter contre le réchauffement climatique, toutes les projections mettent en avant un rôle indispensable pour l'éolien en mer, que le pays relance le nucléaire ou pas.

Pour RTE, le gestionnaire du réseau électrique, il en faudra 22 à 62 GW, selon les combinaisons choisies.

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron soutient l'implantation de 50 parcs (40 GW) au total d'ici 2050.

Mais cette perspective signifie accélérer le rythme des projets.

La filière appelle à une planification par façade maritime pour y arriver, et cite en exemple l'Allemagne et sa cartographie fine aux zonages tracés pour le court et le long terme.

Le projet de loi pour l'accélération des renouvelables, attendu en Conseil des ministres le 26 septembre, inclut cette mutualisation des débats par façade maritime.

Le secteur demande à l'Etat de prépositionner de grandes zones potentielles avant d'affiner les débats localement, mettant en garde contre un "trou d'air" après 2023, date des derniers appels d'offres prévus à ce jour.

Coup de barre à gauche 

Aujourd'hui, il faut en moyenne dix ans pour qu'un site offshore entre en service en France, contre cinq en Allemagne, six au Royaume-Uni. Pour l'éolien terrestre, c'est sept ans, deux fois plus qu'en Espagne ou en Allemagne, et le photovoltaïque n'est guère mieux loti.

Avec ce chantier, Emmanuel Macron, déterminé à garder un cap réformateur en ce début de second quinquennat, entend donner des gages à la gauche et aux écologistes, tout en mettant l'accent parallèlement sur les retraites ou l'assurance-chômage en direction de la droite.

L'examen du texte s'annonce toutefois difficile à l'Assemblée nationale, en l'absence de majorité absolue et face à une extrême droite et certains élus de droite vent debout contre l'éolien.

Le sujet s'était déjà invité dans la campagne présidentielle, la candidate RN Marine Le Pen réclamant l'arrêt des projets et le démantèlement progressif des sites existants.

Le 10 février à Belfort, Emmanuel Macron avait pour sa part opté pour l'éolien en mer, avec un objectif d'une cinquantaine de parcs d'ici 2050 pour une capacité de 40 gigawatts.

A ce jour, sept parcs ont été attribués à des opérateurs: après Saint-Nazaire, la construction a commencé à Saint-Brieuc, objet de frictions avec les pêcheurs, Courseulles-sur-Mer et Fécamp.

Pour la suite, d'autres appels d'offres ont été lancés, dont deux en Méditerranée. A Oléron, des recours ont été déposés pour repousser le projet plus au large.

Le chef de l'Etat a en revanche mis le frein sur l'éolien terrestre, avec un doublement de la capacité actuelle non plus sur 10 mais 30 ans.

Il a aussi annoncé la relance du nucléaire avec la construction de six réacteurs EPR2 à l'horizon 2035, et une multiplication par dix de la puissance solaire installée d'ici 2050.

Les préfets mobilisés 

"Le cap posé à Belfort est plus urgent" que jamais depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février et face aux dégâts de plus en plus tangibles du changement climatique, insiste l'Elysée.

Plusieurs ONG, dont France nature environnement (FNE), ont critiqué des dispositions du projet de loi visant à alléger les procédures.

Le développement des renouvelables doit se faire "dans le respect des procédures de consultation publique et du droit de l'environnement", plaident-elles. Le gouvernement a in fine retiré mercredi un des articles critiqués.

France Energie Eolienne pour sa part juge que ce texte peut contribuer, à terme, à installer les renouvelables dans le paysage, notamment en actant une réduction de facture électrique pour les riverains des parcs, ou en planifiant l'éolien en mer par façade maritime pour une vision de plus long terme.

Mais pour accélérer dans l'immédiat, le secteur compte surtout sur une circulaire récente demandant aux préfets de "faciliter le traitement" des dossiers.

Car les développeurs d'éolien terrestre ont vu depuis trois ans les autorisations s'effondrer, éloignant un peu plus l'Hexagone de ses objectifs.

Dans un contexte d'approvisionnement électrique tendu et d'indisponibilité d'une partie du parc nucléaire, éolien, solaire et méthanisation seront jusqu'en 2025 "les seuls moyens pour produire des mégawattheures en plus", plaident leurs représentants.

En 2021, les renouvelables ont assuré 24% de la production électrique (hydraulique, éolien, solaire, bioénergies), le nucléaire 69%, et les combustibles fossiles 7%.


«Tout bloquer» le 10 septembre: sur les réseaux, une mobilisation à plusieurs inconnues

Sur de nombreux comptes (TikTok, Facebook, X, Telegram), déjà établis ou spécialement créés, les messages de ce mouvement à l'état gazeux peuvent mentionner le RIC (referendum d'initiative citoyenne), réclamer des hausses de salaires et des retraites ou appeler à la "résistance", au confinement volontaire ou la grève générale. (AFP)
Sur de nombreux comptes (TikTok, Facebook, X, Telegram), déjà établis ou spécialement créés, les messages de ce mouvement à l'état gazeux peuvent mentionner le RIC (referendum d'initiative citoyenne), réclamer des hausses de salaires et des retraites ou appeler à la "résistance", au confinement volontaire ou la grève générale. (AFP)
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  • Des appels à "tout bloquer" en France le 10 septembre, venus d'horizons très divers, se multiplient sur les réseaux sociaux, en se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou
  • Les premières références à cette date, dont le choix ne semble pas avoir de justification particulière, remontent à mai, au moins

PARIS: Des appels à "tout bloquer" en France le 10 septembre, venus d'horizons très divers, se multiplient sur les réseaux sociaux, en se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou. Leur possible concrétisation dans la rue reste une inconnue.

Les premières références à cette date, dont le choix ne semble pas avoir de justification particulière, remontent à mai, au moins. Mais c'est en juillet, à la faveur des mesures d'économies annoncées par le Premier ministre, qu'elles ont gagné en visibilité.

Lancé à l'origine par une chaîne Telegram plutôt confidentielle, décliné sur un site nommé "Les essentiels France", ce mot d'ordre est relayé par divers groupes de discussion. Avec un canal principal d'organisation, "Indignons-nous", réunissant plusieurs milliers d'internautes.

Sur de nombreux comptes (TikTok, Facebook, X, Telegram), déjà établis ou spécialement créés, les messages de ce mouvement à l'état gazeux peuvent mentionner le RIC (referendum d'initiative citoyenne), réclamer des hausses de salaires et des retraites ou appeler à la "résistance", au confinement volontaire ou la grève générale.

Près de sept ans après le mouvement des Gilets jaunes, qui avait interpellé par son ampleur, "les ingrédients de la colère (sentiment de déclassement du bas de la classe moyenne, fin de mois difficiles pour les catégories populaires et ras-le-bol fiscal généralisé) n'ont pas disparu", relève le directeur du département Opinion à l'Ifop Jérôme Fourquet dans Le Point.

"Allume-feu" 

"Et c'est sur ces braises encore rougeoyantes que le gouvernement a versé un bidon d'essence avec son plan de rigueur (...), l'allume-feu étant, pour filer la métaphore du barbecue, la suppression de deux jours fériés", selon lui.

"Depuis les Gilets jaunes, il apparaît désormais envisageable de construire des mobilisations hors champ politique ou syndical traditionnel, en faisant usage des réseaux sociaux", observe pour l'AFP l'historien Stéphane Sirot.

Ce spécialiste des mouvements sociaux note toutefois que le 10 septembre tombe un mercredi, alors que les Gilets jaunes manifestaient le samedi, jour chômé pour la majorité des salariés.

Les actions prévues sont tantôt classiques, de "type grève", et "moins classiques, comme ne vous servez plus de votre carte bancaire à partir du 10 septembre" ou "n'allez plus faire vos courses dans les supermarchés", relève M. Sirot.

Sur le terrain, fin juillet, quelques dizaines de personnes se sont réunies pour débattre dans des parcs, à Paris ou Strasbourg, selon Franceinfo et Mediapart.

Comment ce mouvement peut-il résonner ou pas avec la stratégie des syndicats? Les confédérations ont rendez-vous le 1er septembre pour discuter des actions à mener, après avoir dénoncé notamment le projet de suppression de deux jours fériés.

Sans attendre, plusieurs unions départementales et fédérations de la CGT, dont celles de la chimie et du commerce, ont d'ores et déjà prévu de mobiliser le 10 septembre.

"Il y a de quoi être en colère, il faut des mobilisations, elles seront nombreuses comme celle du 10 septembre, et il y en aura d'autres", a déclaré à l'AFP Thomas Vacheron, secrétaire confédéral du syndicat.

"Début de la lutte" 

La fédération Mines-Energies de la CGT appelle elle à faire grève à partir du 2 septembre.

Contre les mesures budgétaires, Force ouvrière a aussi annoncé un préavis de grève à compter du 1er septembre et une grève est envisagée dans les hôpitaux parisiens.

Quelques responsables politiques soutiennent l'appel du 10 septembre, comme les députés Clémentine Autain et Alexis Corbiere, ex-LFI siégeant dans le groupe Ecologiste. Ils sont signataires d'une tribune publiée par la revue Regards appelant à faire de cette date "le début de la lutte" pour "une vie digne et heureuse".

Le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon a assuré sur son blog se reconnaître dans les "motifs de cette action", tout en soulignant l'importance de son "indépendance" comme "condition de son succès".

"On suit, on regarde ce qui se passe sur les réseaux, on est vigilants", indique à l'AFP le député PS Arthur Delaporte. "Quand on appelle à rejoindre un mouvement, c'est dans le cadre d'une intersyndicale, là ce n’est pas le cas."

Même réserve, à l'extrême-droite, chez la députée RN Edwige Diaz. Son parti "par principe ne s'improvise pas instigateur de manifestations", a-t-elle souligné sur France Inter, tout en "compren(ant) la détresse de ces Français".

"Je n’ai pas l’impression que ça marche très fort", confie pour sa part une source gouvernementale à l'AFP. Tout en restant prudente: "On peut se tromper, il y avait beaucoup qui ne ressentaient pas les Gilets jaunes et ils sont arrivés..."


Les migrants inquiets de l'accord franco-britannique, mais les traversées continuent

Des migrants à bord d'un bateau de passeurs naviguent dans les eaux françaises pour tenter de traverser la Manche au large de la plage d'Hardelot à Neufchatel-Hardelot, dans le nord de la France, le 13 août 2025. (AFP)
Des migrants à bord d'un bateau de passeurs naviguent dans les eaux françaises pour tenter de traverser la Manche au large de la plage d'Hardelot à Neufchatel-Hardelot, dans le nord de la France, le 13 août 2025. (AFP)
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  • Une semaine après son entrée en vigueur, l'accord migratoire franco-britannique tourmente les candidats à l'exil amassés sur les côtes du nord de la France
  • L'accord franco-britannique prévoit le renvoi en France de migrants arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche par "small boats"

CALAIS: Une semaine après son entrée en vigueur, l'accord migratoire franco-britannique tourmente les candidats à l'exil amassés sur les côtes du nord de la France, mais sans enrayer pour l'heure les traversées clandestines de la Manche.

Trentenaire égyptien arrivé à Calais il y a deux jours, Adnan (prénom modifié) pianote sur son téléphone, à quelques mètres du campement de quelques tentes où il dort en plein centre-ville. Il essaie de contacter un passeur, explique-t-il, concentré.

"Moi, je vais tenter" la traversée, "le plus vite possible!", dit-il dans un sourire blanc immaculé. "Avant qu'ils commencent à arrêter et renvoyer des gens".

L'accord franco-britannique prévoit le renvoi en France de migrants arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche par "small boats", ces embarcations de fortune qu'ils utilisent.

Pour chaque migrant renvoyé en France, Londres s'est engagé à accepter une personne se trouvant dans l'Hexagone et ayant fait une demande sur une plateforme en ligne.

Les détails sont encore flous, y compris pour les associations qui servent de relais avec les migrants: "C'est une nouvelle politique absurde, une bureaucratie vraiment compliquée qu'on essaie encore de comprendre", dénonce Gloria Ciaccio, coordinatrice pour Channel Info Project, un projet de L'Auberge des migrants à Calais.

A chaque nouveau texte de ce type, "les gens entrent dans un état de panique", assure-t-elle.

- "Pas d'autre choix" -

Londres a annoncé la semaine dernière avoir commencé à placer en détention des migrants arrivés par "small boats".

"Je connais quelqu'un qui est arrivé en Angleterre il y a deux jours" et qui a été placé en hôtel, de ceux où sont accueillis les demandeurs d'asile à leur arrivée au Royaume-Uni, affirme pourtant Adnan.

S'il apprenait que des gens sont renvoyés du Royaume-Uni vers la France, il hésiterait à dépenser une grosse somme d'argent pour la traversée et demanderait peut-être l'asile en France, admet-il.

Un ami à lui, Walid (prénom modifié), a quant à lui "changé d'avis" après une semaine en France: il veut rentrer en Egypte. "C'est trop dur, vivre ici, dans la rue, est trop dur", dit-il.

Leur voisin de tente, Mohammad Jawwad, 45 ans, aimerait profiter de l'accord pour rejoindre le Royaume-Uni légalement. Mais le processus "va être long", craint-il. Et sans l'aide d'un avocat, il se fait peu d'espoir.

Parti de Syrie en raison de problèmes de santé, il n'a qu'une chose en tête: se faire soigner, ce qu'il aimerait faire en France. Mais s'il demande l'asile, il risque d'être renvoyé en Slovénie, le pays par lequel il est entré dans l'Union européenne.

"Les gens continuent de prévoir de traverser parce que, pour certains, il n'y a vraiment pas d'autre choix", résume Gloria Ciaccio.

- Flux ininterrompu -

"Tous les migrants arrivant par +small boats+, à l'exception des mineurs non accompagnés demandeurs d'asile, risquent d'être placés en détention", souligne l'association britannique Refugee Action. "Mais en pratique, cela dépend de facteurs opérationnels dont les capacités des centres de rétention, les places pour être renvoyé (en France, NDLR), et la vitesse du processus".

Mercredi à l'aube, un buggy de la gendarmerie remonte à pleine vitesse la plage de Hardelot (Pas-de-Calais). En mer, un canot de la gendarmerie maritime et une vedette de la Marine nationale s'activent. Un "small boat" vient de partir, avec une cinquantaine de passagers, dont moins de la moitié portent des gilets de sauvetage.

Durant près de deux heures, l'embarcation longe la plage au ralenti, ballottée par les vagues et le vent. Après avoir déposé quatre migrants ayant jeté l'éponge, le bateau finit par prendre la direction de l'Angleterre, dans une brume épaisse.

Ces tentatives sont très dangereuses: entre lundi et mardi, près de 300 migrants au total ont été secourus dans les eaux françaises. Et une Somalienne est morte près de Dunkerque  en tentant de rejoindre l'Angleterre en début de semaine, le 19e décès de ce type à la frontière franco-britannique depuis le début de l'année.

Mais beaucoup d'autres parviennent à leurs fins. Depuis l'entrée en vigueur de l'accord entre Paris et Londres, plus de 2.000 migrants ont franchi la Manche à bord de "small boats", selon les derniers chiffres officiels britanniques.


France: un contrôleur aérien suspendu pour avoir dit «Free Palestine» à l'équipage d'El Al

Une enquête administrative avait été ouverte plus tôt dans la journée, après un signalement par la compagnie porte-drapeau d'Israël, El Al. (AFP)
Une enquête administrative avait été ouverte plus tôt dans la journée, après un signalement par la compagnie porte-drapeau d'Israël, El Al. (AFP)
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  • "L'analyse des enregistrements prouve que les faits sont avérés", a écrit mardi sur X le ministre Philippe Tabarot, précisant que le contrôleur s'est "vu retirer toute possibilité d'exercer jusqu'à nouvel ordre"
  • Les propos ont été tenus lors d'un vol lundi matin au départ de Paris-Charles-de-Gaulle, a fait savoir à l'AFP le ministère des Transports

PARIS: Un contrôleur aérien de l'aéroport Paris-CDG a été suspendu pour avoir dit lundi "Free Palestine" lors d'un échange radio avec l'équipage d'un vol de la compagnie israélienne El Al, a annoncé mardi le ministère français des Transports.

"L'analyse des enregistrements prouve que les faits sont avérés", a écrit mardi sur X le ministre Philippe Tabarot, précisant que le contrôleur s'est "vu retirer toute possibilité d'exercer jusqu'à nouvel ordre".

Les propos ont été tenus lors d'un vol lundi matin au départ de Paris-Charles-de-Gaulle, a fait savoir à l'AFP le ministère des Transports.

"Une procédure disciplinaire a été immédiatement engagée. La sanction devra être à la hauteur de la gravité des faits", a déclaré M. Tabarot.

Pour le ministre, ces faits contreviennent "aux règles des radiocommunications, qui doivent se limiter à la sécurité et à la régularité du trafic aérien" et témoignent "d'un non-respect du devoir de réserve du fonctionnaire", statut des contrôleurs aériens en France.

Une enquête administrative avait été ouverte plus tôt dans la journée, après un signalement par la compagnie porte-drapeau d'Israël, El Al.

Le Conseil représentatif des institutions juives (Crif) de France avait alors dénoncé un "incident inacceptable", qui "contrevient à la fois à l'impératif de neutralité politique mais aussi aux protocoles de sécurité qui régissent les échanges entre une tour de contrôle et un avion en phase de décollage".

L'attaque du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont fait 61.599 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.