Le président Macron inaugure le premier parc éolien en mer de France

Emmanuel Macron inaugure jeudi au large de Saint-Nazaire le tout premier d'une série de parcs éoliens en mer, dont il entend accélérer le déploiement face à la crise énergétique. (AFP)
Emmanuel Macron inaugure jeudi au large de Saint-Nazaire le tout premier d'une série de parcs éoliens en mer, dont il entend accélérer le déploiement face à la crise énergétique. (AFP)
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Publié le Jeudi 22 septembre 2022

Le président Macron inaugure le premier parc éolien en mer de France

  • «C'est le début du chemin, une première étape vers le développement massif des énergies renouvelables», promet l'Elysée
  • Avec un mot d'ordre, renforcer la «souveraineté énergétique» de la France, en pleine envolée des prix des hydrocarbures et devant les risques de pénurie, et réduire le gros retard du pays dans les renouvelables

SAINT-NAZAIRE: Le président Emmanuel Macron inaugure jeudi le tout premier d'une série de parcs éoliens en mer en France, dont il entend accélérer le déploiement face à la crise énergétique.

"C'est le début du chemin, une première étape vers le développement massif des énergies renouvelables", promet le palais de l'Elysée.

En 2021, les énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire, bioénergies) ont assuré 24% de la production électrique en France, le nucléaire 69% et les combustibles fossiles 7%.

Le mot d'ordre est désormais de renforcer la "souveraineté énergétique" de la France, en pleine envolée des prix des hydrocarbures et devant les risques de pénurie liés à la guerre en Ukraine, et réduire le gros retard du pays dans les renouvelables par rapport à ses voisins.

Le chef de l'Etat se rendra en bateau dans la matinée sur le site de 80 éoliennes, déployées de 12 à 20 km des côtes du Pouliguen et du Croisic, dans l'ouest de la France.

Le parc, exploité par l'entreprise publique EDF (Electricité de France), entrera complètement en service d'ici à la fin de l'année. Il affichera alors une puissance de 480 mégawatts (MW) capable d'alimenter 700 000 personnes.

Emmanuel Macron visitera aussi les Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire, où les éoliennes sont assemblées avant leur installation en mer.

Il précisera les grands axes du projet de loi d'"accélération des énergies renouvelables", qui vise à raccourcir les délais de réalisation des projets en simplifiant les procédures administratives et en limitant la durée d'examen des recours déposés par les défenseurs de l'environnement, les pêcheurs et les riverains.

Aujourd'hui, il faut en moyenne dix ans pour qu'un site offshore entre en service en France, contre cinq en Allemagne et six au Royaume-Uni.

Pour l'éolien terrestre, c'est sept ans, deux fois plus qu'en Espagne ou en Allemagne, et le photovoltaïque n'est guère mieux loti.

Oppositions

Avec ce chantier, Emmanuel Macron, déterminé à garder un cap réformateur en ce début de second mandat, entend donner des gages à la gauche et aux écologistes, tout en mettant l'accent parallèlement sur les retraites ou l'assurance-chômage en direction de la droite.

L'examen du texte s'annonce toutefois difficile à l'Assemblée nationale, en l'absence de majorité absolue et face à une extrême droite et certains élus de droite vent debout contre l'éolien.

Le sujet s'était déjà invité durant la campagne présidentielle en début d'année, la candidate d'extrême droite Marine Le Pen réclamant l'arrêt des projets et le démantèlement progressif des sites existants.

Le 10 février, Emmanuel Macron avait pour sa part opté pour l'éolien en mer, avec un objectif d'une cinquantaine de parcs d'ici 2050 pour une capacité de 40 gigawatts.

A ce jour, sept parcs ont été attribués à des opérateurs. Pour la suite, d'autres appels d'offres ont été lancés, dont deux en Méditerranée.

Le chef de l'Etat a en revanche mis le frein sur l'éolien terrestre, avec un doublement de la capacité actuelle non plus sur dix mais trente ans.

Il a aussi annoncé la relance du nucléaire avec la construction de six réacteurs EPR2 à l'horizon 2035, et une multiplication par dix de la puissance solaire installée d'ici 2050.

Plusieurs ONG, dont France nature environnement, ont critiqué des dispositions du projet de loi visant à alléger les procédures.

Le développement des renouvelables doit se faire "dans le respect des procédures de consultation publique et du droit de l'environnement", plaident-elles. Le gouvernement a in fine retiré mercredi un des articles critiqués.

Pour accélérer dans l'immédiat, le secteur compte surtout sur une circulaire récente demandant aux préfets de "faciliter le traitement" des dossiers.

Dans un contexte d'approvisionnement électrique tendu et d'indisponibilité d'une partie du parc nucléaire, éolien, solaire et méthanisation seront jusqu'en 2025 "les seuls moyens pour produire des mégawattheures en plus", plaident leurs représentants.

L'éolien en mer, retards et ambitions de la France

Le parc éolien de Saint-Nazaire, où se rend Emmanuel Macron jeudi, est le tout premier champ offshore à entrer en service au large des côtes françaises, en attendant peut-être la quarantaine d'autres envisagés par l'Etat. Voici où en est la France, en retard par rapport à d'autres pays comme le Royaume-Uni.

Les chantiers

La France, qui compte 2.800 km de côtes, a décidé de se lancer dans l'éolien en mer dès 2009, mais aucun projet ne s'était matérialisé jusqu'à cette année.

De procédures administratives en recours en justice, il faut aujourd'hui en moyenne 10 ans pour qu'un site entre en service dans l'Hexagone, quand il en faut cinq en Allemagne, six au Royaume-Uni... et quand le pionnier mondial, le Danemark, installait sa première turbine en 1991.

Saint-Nazaire, attribué dès 2012 à EDF et au canadien Enbridge, est donc le tout premier à émerger: 80 éoliennes, réparties entre 12 et 20 km au large du Pouliguen et du Croisic, sur 78 km2. Une puissance installée de 480 mégawatts (MW) capable d'alimenter 700.000 personnes.

Projet à 2 milliards d'euros, ce chantier a vu ses premières fondations sortir de l'eau en 2021, la première éolienne a été raccordée au printemps 2022, la dernière en septembre. Il devrait entrer en production complète d'ici la fin 2022.

Au total, sept parcs (3,6 gigawatts pour l'ensemble) ont à ce jour été attribués à des opérateurs. Les chantiers de Saint-Brieuc, objet de frictions avec les pêcheurs, Courseulles-sur-Mer et Fécamp sont en cours de construction.

Sur le front industriel, le pays accueille notamment les usines de GE à Saint-Nazaire et Cherbourg, Siemens Gamesa au Havre. Selon l'Observatoire des énergies de la mer, la filière a fourni en 2021 plus de 6.000 emplois.

Les projets

D'autres appels d'offres ont été lancés, en Bretagne et pour la première fois en Méditerranée. Un autre doit l'être d'ici la fin 2022 pour un second parc au large du Calvados ("Centre Manche 2").

L'appel d'offres de Méditerranée concerne la construction d'ici 2030 de deux parcs flottants. Cette technologie en développement, encore jamais utilisée pour un parc commercial en France, est souvent vue comme l'avenir de l'éolien marin car permettant de s'implanter en grandes profondeurs, ce qui présente plusieurs avantages: il y a plus de vent, et les éoliennes sont plus loin des côtes, donc des regards.

Parmi les projets, celui d'Oléron a fait l'objet d'un débat public nourri. L'emplacement prévu a d'ailleurs été éloigné des côtes. Il prévoit la construction d'ici 2030 d'un parc posé sur les fonds marins, qui pourra être complété d'un second parc.

Des ONG, préoccupées par la conservation des oiseaux, et la mairie de Saint-Pierre-d'Oléron, inquiète pour la pêche, viennent d'annoncer des recours pour qu'il soit encore éloigné.

Les ambitions

Si la France veut atteindre en 2050 la neutralité carbone pour lutter contre le réchauffement climatique, toutes les projections mettent en avant un rôle indispensable pour l'éolien en mer, que le pays relance le nucléaire ou pas.

Pour RTE, le gestionnaire du réseau électrique, il en faudra 22 à 62 GW, selon les combinaisons choisies.

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron soutient l'implantation de 50 parcs (40 GW) au total d'ici 2050.

Mais cette perspective signifie accélérer le rythme des projets.

La filière appelle à une planification par façade maritime pour y arriver, et cite en exemple l'Allemagne et sa cartographie fine aux zonages tracés pour le court et le long terme.

Le projet de loi pour l'accélération des renouvelables, attendu en Conseil des ministres le 26 septembre, inclut cette mutualisation des débats par façade maritime.

Le secteur demande à l'Etat de prépositionner de grandes zones potentielles avant d'affiner les débats localement, mettant en garde contre un "trou d'air" après 2023, date des derniers appels d'offres prévus à ce jour.

Coup de barre à gauche 

Aujourd'hui, il faut en moyenne dix ans pour qu'un site offshore entre en service en France, contre cinq en Allemagne, six au Royaume-Uni. Pour l'éolien terrestre, c'est sept ans, deux fois plus qu'en Espagne ou en Allemagne, et le photovoltaïque n'est guère mieux loti.

Avec ce chantier, Emmanuel Macron, déterminé à garder un cap réformateur en ce début de second quinquennat, entend donner des gages à la gauche et aux écologistes, tout en mettant l'accent parallèlement sur les retraites ou l'assurance-chômage en direction de la droite.

L'examen du texte s'annonce toutefois difficile à l'Assemblée nationale, en l'absence de majorité absolue et face à une extrême droite et certains élus de droite vent debout contre l'éolien.

Le sujet s'était déjà invité dans la campagne présidentielle, la candidate RN Marine Le Pen réclamant l'arrêt des projets et le démantèlement progressif des sites existants.

Le 10 février à Belfort, Emmanuel Macron avait pour sa part opté pour l'éolien en mer, avec un objectif d'une cinquantaine de parcs d'ici 2050 pour une capacité de 40 gigawatts.

A ce jour, sept parcs ont été attribués à des opérateurs: après Saint-Nazaire, la construction a commencé à Saint-Brieuc, objet de frictions avec les pêcheurs, Courseulles-sur-Mer et Fécamp.

Pour la suite, d'autres appels d'offres ont été lancés, dont deux en Méditerranée. A Oléron, des recours ont été déposés pour repousser le projet plus au large.

Le chef de l'Etat a en revanche mis le frein sur l'éolien terrestre, avec un doublement de la capacité actuelle non plus sur 10 mais 30 ans.

Il a aussi annoncé la relance du nucléaire avec la construction de six réacteurs EPR2 à l'horizon 2035, et une multiplication par dix de la puissance solaire installée d'ici 2050.

Les préfets mobilisés 

"Le cap posé à Belfort est plus urgent" que jamais depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février et face aux dégâts de plus en plus tangibles du changement climatique, insiste l'Elysée.

Plusieurs ONG, dont France nature environnement (FNE), ont critiqué des dispositions du projet de loi visant à alléger les procédures.

Le développement des renouvelables doit se faire "dans le respect des procédures de consultation publique et du droit de l'environnement", plaident-elles. Le gouvernement a in fine retiré mercredi un des articles critiqués.

France Energie Eolienne pour sa part juge que ce texte peut contribuer, à terme, à installer les renouvelables dans le paysage, notamment en actant une réduction de facture électrique pour les riverains des parcs, ou en planifiant l'éolien en mer par façade maritime pour une vision de plus long terme.

Mais pour accélérer dans l'immédiat, le secteur compte surtout sur une circulaire récente demandant aux préfets de "faciliter le traitement" des dossiers.

Car les développeurs d'éolien terrestre ont vu depuis trois ans les autorisations s'effondrer, éloignant un peu plus l'Hexagone de ses objectifs.

Dans un contexte d'approvisionnement électrique tendu et d'indisponibilité d'une partie du parc nucléaire, éolien, solaire et méthanisation seront jusqu'en 2025 "les seuls moyens pour produire des mégawattheures en plus", plaident leurs représentants.

En 2021, les renouvelables ont assuré 24% de la production électrique (hydraulique, éolien, solaire, bioénergies), le nucléaire 69%, et les combustibles fossiles 7%.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.