Comment les différentes traditions musicales ont façonné l'identité et la culture de l'Arabie saoudite

Le paysage musical contemporain du Royaume reprend des traditions ancestrales. (Photo fournie).
Le paysage musical contemporain du Royaume reprend des traditions ancestrales. (Photo fournie).
Short Url
Publié le Vendredi 23 septembre 2022

Comment les différentes traditions musicales ont façonné l'identité et la culture de l'Arabie saoudite

  • Les voyageurs ont véhiculé les traditions populaires à travers la péninsule arabique ; les cultures et les influences se sont fusionnées
  • L'Arabie saoudite embrasse aujourd'hui les différentes musiques du monde, sans pour autant se départir de son héritage

DJEDDAH: L'Arabie saoudite se distingue par la diversité et la richesse de sa musique populaire. Celle-ci associe d’un côté sonorités, rythmes et mélodies et de l’autre, poésie, percussions et danses transmises à travers les générations.

Les poètes et les musiciens ont traversé la péninsule arabique et le Moyen-Orient au cours des siècles ; ils ont ainsi échangé et fusionné leurs moyens d'expression par l'intermédiaire de chants, de musiques et de danses.

Le paysage musical contemporain du Royaume reprend ces traditions ancestrales. Il les traduit en rythmes populaires et en chansons inspirées de la littérature classique, des épopées et des poèmes héroïques. Il s'agit d'un miroir reflétant l'histoire, les valeurs, les normes et la conscience de la société.

Les chanteurs et les récitants ont transmis les poèmes au sein des différentes tribus et ce, depuis l'époque préislamique. Cette pratique s'est poursuivie jusqu'aux cours des califes ; ici, de fameux chanteurs récitaient des poèmes sur fond de mélodies et se produisaient devant un public privé.

Ces cours ont disparu au fil du temps. La pratique, elle, a perduré.

folklore
En raison de leurs déplacements continus, les Bédouins ne pouvaient pas transporter de bagages superflus, y compris les instruments de musique. Ils se contentaient donc de jouer sur des rythmes simples, en faisant des battements de mains ou en tapant sur des objets du quotidien. (Photo fournie)

La plupart des mélodies provenant de notre région s'inspirent du maqâm, un système des modes mélodiques séculaires qui caractérise la musique du Moyen-Orient. Le maqâm englobe un ensemble de modes ou de gammes mais aussi la manière dont on peut improviser et former des mélodies à partir de ces modes.

Les gammes de maqâm sont généralement faites de 7 notes qui se répètent à l'octave supérieure, même si certaines ont des fois 8 notes ou plus. Il y a peu d'harmonie dans ce genre de musique, mais on peut parfois percevoir des variations harmoniques qui se répètent pendant un ou deux moments.

Lors d'un voyage dans le Hedjaz en 1814, l'orientaliste suisse Johann Ludwig Burckhardt a répertorié dans son livre « Travels in Arabia » (Voyages en Arabie) les différentes notes musicales de cette région. Il décrit ainsi les prestations de femmes qui chantaient en deux chœurs de 6, 8 ou 10 personnes chacun. Le premier groupe chantait et psalmodiait, tandis que l'autre répétait après lui.

Le Hedjaz possède une riche culture musicale. Celle-ci repose sur des traditions de chant aux mélodies bien plus complexes que dans le reste du Royaume. Ces chants sont accompagnés d'instruments tels que l'oud (un instrument de musique cordophone muni d’une caisse de résonance profonde, NDLR), le qanoûn (un instrument à cordes pincées de la famille des cithares sur table, NDLR), le nay (la flûte) et, plus récemment, le violon.

Les villes comme La Mecque et Médine ont connu pendant des siècles des activités musicales qui rivalisaient voire surpassaient celles qui animaient les villes arabes voisines, dont Bagdad et Le Caire. Dans ces villes, la musique résonnait sans cesse dans les cours royales.

En raison de leurs déplacements continus, les Bédouins ne pouvaient pas transporter de bagages superflus, y compris les instruments de musique. Ils se contentaient donc de jouer sur des rythmes simples, en faisant des battements de mains ou en tapant sur des objets du quotidien ; ces sons servaient de base à leur musique.

Les tambours constituaient par le passé un orchestre en soi. lls le sont de nos jours encore. En effet, la plupart des musiques folkloriques de l'Arabie saoudite et du Golfe font appel à des percussions sur cadre peu profondes. On les tient de la main gauche et avec la main droite, on tape selon un rythme unique à tons multiples.

Dans la musique saoudienne, les claquements de mains et la danse représentent un autre type de son percussif qui se divise en deux catégories. La première consiste en des pas exécutés à l'unisson, comme la danse « al-dahha » (dans le nord) et la « khatwa » (dans le sud-ouest).

La seconde catégorie est celle de la danse libre. Les danseurs font tournoyer des bisht (manteaux) colorés, tels que le « majroor » à Taïf, le « yanbaawi » et le « mezmar » dans la partie occidentale du Royaume. Ils dansent en solo ou en couple.

La « ardah » est une ancienne danse de guerre, qui s'est muée en danse de paix et de célébration. Elle associe élégies, chants, tambours et mouvements lents et majestueux. La ardah fait désormais partie intégrante de la culture traditionnelle saoudienne.

Les poèmes entonnés sont empreints de patriotisme et les mouvements fiers, virils et majestueux des danseurs relatent une histoire alliant bravoure, résilience et persévérance.

Dans la province orientale du Royaume, les arts populaires s'inspirent des traditions ancestrales : la pêche aux perles, les activités maritimes, l'agriculture dans les oasis et l'échange commercial au-delà des frontières. Le gouvernorat d'Al-Ahsa se distingue par des chants liés à la récolte des dattes, alors que les chants de bergers résonnent dans le sud-ouest et dans d'autres régions encore.

Ces traditions ne proviennent toutefois pas du néant. Les commerçants, les pèlerins et les nomades qui cherchaient de nouveaux pâturages ont propagé les traditions à travers les frontières ; les cultures se sont fusionnées et les influences ont commencé à se répandre.

« Si l'on examine la carte de l'Arabie saoudite, on s'aperçoit qu'elle est entourée de toutes parts par des pays aux cultures différentes tant au niveau de la musique que des paroles », explique à Arab News le poète et écrivain saoudien Abdallah Thabit.

« L'Arabie saoudite est limitrophe du Yémen au sud, de l'Irak et du Levant et de la Turquie au nord, des pays du Golfe à l'est, et de l'Égypte et du Soudan à l'ouest. Au fil des siècles, les différentes régions du Royaume ont été influencées par leurs voisins ».

Pour les personnes non averties, il est donc difficile de déterminer avec précision les caractéristiques intrinsèques de la musique saoudienne qui est distincte de celle de ses voisins, mais qui se retrouve dans toutes les provinces du Royaume.

Selon M. Thabit, Tariq Abdel-Hakim, commandant en chef de l'orchestre de l'armée saoudienne et maestro ayant composé l'hymne national saoudien, a joué un rôle déterminant dans ce domaine. C'est à lui que l'on doit le style musical moderne qui caractérise l'Arabie saoudite.

Les contributions de Tariq Abdel-Hakim (décédé en 2012 à l'âge de 92 ans) ont marqué un tournant pour la musique saoudienne. Grâce à lui, la musique saoudienne a évolué d'une mélodie auditive à une notation musicale écrite fondée sur des principes scientifiques solides.

« C'est son élève, Omar Kadras, qui s'est employé à établir un lien entre le rythme et les sons du folklore. Il a créé un nouveau son au sein de la musique saoudienne », explique M. Thabit.

« Talal Maddah est un pionnier de la musique saoudienne, connu sous le nom de la Voix de la Terre. Il a été le premier à chanter Al-Mkblahah, en l’occurrence les longues chansons. Mohammed Abdo a quant à lui contribué à populariser cette nouvelle forme de musique. Mais comme vous pouvez le constater, avant que cette musique n'arrive à maturité, de grands noms l'ont rendue populaire.  Parmi ceux-ci figurent Hisham Al-Abdali, Hassan Jawah, Abdelrahman Muezzin Platin - qui était également muezzin (cheikh chargé d'appeler, du haut des minarets des mosquées, aux cinq prières quotidiennes, NDLR), et bien d'autres encore ».

Au cours de la seconde moitié du siècle dernier, ce mouvement artistique a connu un essor. De nombreux compositeurs sont apparus, comme Siraj Omar, Kadars, et de nombreux chanteurs, à commencer par Maddah, Mohammed et Abou Bakr Salem, puis Abdel Majeed Abdallah, Abadi Al-Jawhar, Rabeh Saqr, Rashid Al-Majed et bien d'autres.

« Dans le même temps sont apparues des voix féminines, qui étaient malheureusement peu nombreuses, comme celles d'Ibtisam Lutfi, Etab, Sarah Qazzaz et Toha. Ces chanteuses étaient plutôt orientées vers le chant populaire », explique M. Thabit.

Etab
La chanteuse saoudienne Eta. (Photo fournie).

La musique saoudienne contemporaine embrasse tous genres de musique : le jazz, le hip-hop, le rap, la techno et le rock'n roll. Elle intègre souvent des éléments du folklore, comme en témoignent les chansons « Lifestyle Samry », « Lehe » et « Hawages » de Majed Al-Eissa.

En dépit du caractère coloré et animé des chansons traditionnelles, les jeunes Saoudiens sont également séduits par la musique étrangère. Jara, chanteuse qui compte parmi les plus jeunes artistes saoudiens de renom, a fait sensation en 2020 avec la sortie de son single de rap « 966 ». Le musicien hip-hop Qusai Qusai poursuit son ascension dix ans après la sortie de son premier album.

« Les sonorités provenant de la région que j'intègre dans mes chansons me permettent de célébrer mon héritage ; je souhaite faire connaître au monde notre belle culture », confie à Arab News Saud Al-Turki, un producteur de musique basé à Khobar.

Roi Salmane
Une vue de la danse traditionnelle saoudienne Ardah, à laquelle prend part le roi d'Arabie saoudite Salmane. ​​​​​

« En tant que producteur, je souhaite me sentir libre d'utiliser tous genres de sons. Toucher un public mondial a plus d'impact, à mon avis. En écoutant les sons saoudiens, on peut percevoir qu’ils s'inspirent des différentes parties de la région et ce, en fonction de la région d'où on est originaire ».

En 2016, le Royaume s'est ouvert au monde et a commencé à promouvoir les activités artistiques et à encourager les jeunes à y participer. Avant cela, M. Al-Turki affirme que le fait de s'aventurer dans des styles musicaux variés n'était pas monnaie courante.

« À l'époque, les entités gouvernementales et les grandes entreprises ne nous soutenaient pas. Au contraire, nous ne bénéficiions pas de la même adhésion, du même respect et du même soutien que ceux accordés aux artistes d'aujourd'hui », explique-t-il.

L'Arabie saoudite embrasse aujourd'hui les différentes musiques du monde et les goûts qui évoluent, sans pour autant se départir de son héritage.

« Nous ne devons jamais oublier nos origines », affirme M. Al-Turki. « L'Arabie saoudite est historiquement diversifiée et rien n'est plus beau qu'une culture diversifiée. Chaque région se pare de sons particuliers qui méritent d'être appréciés et valorisés ».

« Nous sommes tenus de souligner et de célébrer cette variété de sons ». 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


TF Bakery, une boulangerie pâtisserie qui allie authenticité et qualité

TF Bakery , Riyad (Photo Fournie)
TF Bakery , Riyad (Photo Fournie)
TF Bakery , Riyad (Photo Fournie)
TF Bakery , Riyad (Photo Fournie)
Talal Al-Saoud raconte avec modestie les débuts de son aventure (Photo Fournie)
Talal Al-Saoud raconte avec modestie les débuts de son aventure (Photo Fournie)
Talal Al-Saoud raconte avec modestie les débuts de son aventure (Photo Fournie)
Talal Al-Saoud raconte avec modestie les débuts de son aventure (Photo Fournie)
Short Url
  • Nichée dans une rue discrète du quartier d’Al Oumra à Riyad, cette boulangerie séduit par ses viennoiseries inspirées d'Europe, son esthétique épurée et son atmosphère conviviale.
  • Autodidacte, il a appris les techniques en lisant, en expérimentant et en s’inspirant des grands classiques. « Je n’ai pas étudié la boulangerie dans une école. J’ai beaucoup lu, pratiqué et essayé. C’est un travail qui demande passion et constance.

RIYAD : Le secteur de la boulangerie-pâtisserie connaît une véritable effervescence dans ce pays. Porté par une jeunesse curieuse, une ouverture culturelle accrue et une quête de qualité, il s’impose comme l’un des marchés les plus dynamiques du pays.

Autrefois centré sur les produits traditionnels tels que le samoon ou le pain arabe, il propose désormais des viennoiseries feuilletées, des gâteaux design, des options bio et sans gluten. Estimé entre 2,5 et 3 milliards de dollars, il affiche une croissance annuelle de 6 à 8 %.

Dans les grandes villes comme Riyad ou Djeddah, les enseignes internationales côtoient désormais des concepts locaux innovants. Parmi eux, TF Bakery s’est rapidement imposée comme une adresse incontournable.

Nichée dans une rue discrète du quartier d’Al Oumra à Riyad, cette boulangerie séduit par ses viennoiseries inspirées d'Europe, son esthétique épurée et son atmosphère conviviale. Fondée par le jeune chef Talal Fahad Al-Saoud, issu de la famille royale, TF Bakery reflète parfaitement cette nouvelle génération d’artisans boulangers qui conjuguent tradition, audace et minimalisme.

Rencontré dans son établissement en pleine effervescence matinale, Talal Al-Saoud raconte avec modestie les débuts de son aventure. « Il y a dix ans, il n'y avait pas beaucoup de vraies boulangeries artisanales ici. C’est ce manque d’options, combiné à mon intérêt pour la pâtisserie européenne, qui m’a poussé à me lancer », explique-t-il.

Autodidacte, il a appris les techniques en lisant, en expérimentant et en s’inspirant des grands classiques. « Je n’ai pas étudié la boulangerie dans une école. J’ai beaucoup lu, pratiqué et essayé. C’est un travail qui demande passion et constance. Il faut aimer ce que l’on fait pour continuer, même sans certitude de résultat. »

Chez TF Bakery, la carte mise avant tout sur la qualité et l’authenticité. Pas de démesure, mais un vrai sens du goût et de la précision. Talal insiste sur le fait que la simplicité reste au cœur de son offre. « Pour moi, un bon produit doit être juste et maîtrisé. Parfois, ce sont les choses les plus simples qui plaisent le plus. Un pain au lait moelleux, une pâte bien levée, un équilibre de saveurs... », dit-il en souriant. Parmi les incontournables, le croissant aux amandes et aux dattes ou encore le Maritozzo Chantilly font le bonheur d’une clientèle fidèle.

Bien qu’il n’ait jamais participé à des concours, Talal n’exclut pas qu’il pourrait un jour représenter la boulangerie saoudienne à l’international. « Je n’aime pas forcément être sous les projecteurs. Ce qui m’importe, c’est de continuer à proposer des produits de qualité, dans un lieu qui me ressemble. Mais à terme, pourquoi ne pas développer de nouvelles adresses. » Il évoque d’ailleurs le souhait d’étendre son concept, tout en conservant l’esprit artisanal de ses débuts.

TF Bakery illustre à elle seule l’évolution du secteur dans le Royaume. La digitalisation, les plateformes de livraison comme Jahez ou HungerStation, et l’implantation de franchises internationales redessinent aujourd’hui les habitudes de consommation. Les exigences en matière de santé et de durabilité influencent également les pratiques : farines alternatives, recettes véganes ou sans allergènes deviennent monnaie courante.

En parallèle, la formation se renforce avec de nouvelles écoles spécialisées et une participation croissante aux salons professionnels comme Foodex Saudi ou Saudi Horeca. Le tout sous l’encadrement rigoureux de la Saudi Food and Drug Authority, garante de la qualité et de la sécurité des produits.

Entre passion, innovation et retour aux fondamentaux, la boulangerie-pâtisserie saoudienne écrit une nouvelle page de son histoire. Et avec des figures comme Talal Al-Saoud, elle affirme sa capacité à allier enracinement local et ouverture sur le monde. 


Les créateurs de jeux électroniques saoudiens se distinguent au camp d'entraînement « Zero to Hero » de Riyad

Les équipes Hanka, Nomad et AlUla ont été récompensées pour leur excellence en matière de conception, de développement et d'innovation. (SPA)
Les équipes Hanka, Nomad et AlUla ont été récompensées pour leur excellence en matière de conception, de développement et d'innovation. (SPA)
Les équipes Hanka, Nomad et AlUla ont été récompensées pour leur excellence en matière de conception, de développement et d'innovation. (SPA)
Les équipes Hanka, Nomad et AlUla ont été récompensées pour leur excellence en matière de conception, de développement et d'innovation. (SPA)
Les équipes Hanka, Nomad et AlUla ont été récompensées pour leur excellence en matière de conception, de développement et d'innovation. (SPA)
Les équipes Hanka, Nomad et AlUla ont été récompensées pour leur excellence en matière de conception, de développement et d'innovation. (SPA)
Short Url
  • L'événement, qui s'est tenu au centre de soutien de l'autorité à Riyad, s'est déroulé en présence du vice-gouverneur chargé de l'entrepreneuriat, Saud Al-Sabhan, ainsi que d'experts et de spécialistes de l'industrie.
  • Le camp d'entraînement de 12 semaines vise à améliorer les compétences des participants en matière de conception et de développement de jeux, tout en explorant les tendances, les défis et les opportunités du secteur.

RIYAD : L'Autorité générale des petites et moyennes entreprises d'Arabie saoudite a clôturé le programme d'entraînement « Zero to Hero » en récompensant trois équipes pour leurs idées entrepreneuriales remarquables dans le secteur des jeux électroniques.

L'événement, qui s'est tenu au centre de soutien de l'autorité à Riyad, s'est déroulé en présence du vice-gouverneur chargé de l'entrepreneuriat, Saud Al-Sabhan, ainsi que d'experts et de spécialistes de l'industrie.

Les équipes Hanka, Nomad et AlUla ont été récompensées pour leur excellence en matière de conception de jeux, de développement et d'innovation, a rapporté l'agence de presse saoudienne samedi.

L'événement a attiré un grand nombre de participants qui ont présenté leurs projets à un groupe sélectionné d'experts et d'investisseurs, a ajouté la SPA.

Le camp d'entraînement de 12 semaines visait à renforcer les compétences des participants en matière de conception et de développement de jeux, tout en explorant les tendances, les défis et les opportunités de l'industrie.

Sur les 148 candidats, 10 projets ont été sélectionnés et ont bénéficié de 47 ateliers spécialisés pour renforcer leurs capacités techniques et créatives.

Le programme s'est déroulé en quatre phases : une introduction au bootcamp, une formation intensive au développement de jeux, la création d'un prototype et la présentation du projet final devant un panel d'experts et d'investisseurs.

Cette initiative témoigne de l'engagement de l'autorité saoudienne à faire progresser l'industrie du jeu du Royaume en cultivant les talents locaux, en encourageant l'innovation et en donnant aux entrepreneurs les moyens d'être compétitifs aux niveaux régional et mondial. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Jafar Panahi, le cinéaste interdit qui défie le pouvoir iranien

Le réalisateur, scénariste et producteur iranien Jafar Panahi pose avec le trophée lors d'un photocall après avoir remporté la Palme d'Or pour le film « Un simple accident » lors de la cérémonie de clôture de la 78e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 24 mai 2025. (Photo par Miguel MEDINA / AFP)
Le réalisateur, scénariste et producteur iranien Jafar Panahi pose avec le trophée lors d'un photocall après avoir remporté la Palme d'Or pour le film « Un simple accident » lors de la cérémonie de clôture de la 78e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 24 mai 2025. (Photo par Miguel MEDINA / AFP)
Short Url
  • Opposant au pouvoir iranien, le réalisateur Jafar Panahi a consacré sa vie au cinéma en défiant la censure, parfois au prix de sa liberté, jusqu'à sa consécration par la Palme d'or à Cannes samedi.
  • Derrière les barreaux, Panahi a trouvé l'inspiration pour son dernier film, dans lequel il dénonce l'arbitraire sans se mettre en scène lui-même, comme dans ses œuvres précédentes.

CANNES, FRANCE : Opposant au pouvoir iranien, le réalisateur Jafar Panahi a consacré sa vie au cinéma en défiant la censure, parfois au prix de sa liberté, jusqu'à sa consécration par la Palme d'or à Cannes samedi.

« Je suis vivant parce que je fais des films », a-t-il déclaré à l'AFP pendant le festival, évoquant l'un de ses films les plus directs, « Un simple accident ».

Assigné jusqu'à récemment en Iran, interdit de tourner, le cinéaste de 64 ans, figure de la Nouvelle Vague du cinéma iranien multiprimée à l'international, a pu faire le déplacement à Cannes pour la première fois depuis 15 ans.

Panahi a plusieurs fois payé son amour du cinéma de sa liberté : il a été incarcéré à deux reprises, pour 86 jours en 2010 et près de sept mois entre 2022 et 2023. Il avait entamé une grève de la faim pour obtenir sa libération.

Derrière les barreaux, Panahi a trouvé l'inspiration pour son dernier film, dans lequel il dénonce l'arbitraire sans se mettre en scène lui-même, comme dans ses œuvres précédentes. « Quand on met un artiste en prison, on lui tend une perche, on lui donne une matière, des idées, on lui ouvre un monde nouveau », a-t-il expliqué au festival de Cannes.

Interrogé sur le fait de savoir s'il redoutait de retourner en Iran après avoir reçu la Palme d'or, le cinéaste a répondu avec assurance. « Pas du tout. Nous partons demain », a-t-il déclaré à l'AFP.

Grand nom du cinéma iranien, Jafar Panahi a vu ses œuvres interdites en Iran être régulièrement primées dans les plus grands festivals, de Cannes à Venise en passant par Berlin. Il a été l'assistant d'Abbas Kiarostami au début de sa carrière. Sa chaise restait symboliquement vide, ne pouvant s'y rendre.

Parmi ses films les plus acclamés figure Taxi Téhéran, tourné depuis l'intérieur d'un taxi, pour lequel il a reçu l'Ours d'or à la Berlinale en 2015. Les conservateurs iraniens avaient fulminé.

Temple du cinéma, le Festival de Cannes le soutient et lui offre une tribune depuis ses débuts : son premier long métrage, Le Ballon blanc, a reçu la Caméra d'or en 1995.

Le cinéaste a également reçu le Prix du Jury dans la section Un Certain Regard en 2003 pour Sang et or, ainsi que le Prix du scénario en 2018 pour Trois Visages.

En 2012, Jafar Panahi a reçu, avec sa compatriote Nasrin Sotoudeh, avocate des droits humains, le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit décerné par le Parlement européen.

Il a un fils, Panah, qui est devenu cinéaste. Son premier film, Hit the Road, a été présenté en 2021 à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. 

La vie de ce fils d'artisan, né le 11 juillet 1960 à Téhéran et ayant grandi dans les quartiers pauvres de la capitale, bascule en 2010.

Il est alors condamné à six ans de prison pour « propagation de la propagande contre le régime », après avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique.

Il écope également de 20 ans d'interdiction de réaliser ou écrire des films, de voyager ou de s'exprimer dans les médias. Ces condamnations ne l'ont jamais empêché de continuer à filmer clandestinement.

Mais dès lors, sa caméra se tourne « vers l'intérieur » : Panahi se met en scène lui-même, montrant les difficultés à tourner en cachette. On le voit ainsi diriger une équipe à distance via Zoom, de l'autre côté de la frontière turque, comme dans Aucun ours, Prix spécial en 2022 à Venise.

Car Panahi ne s'est jamais résolu à l'exil, préférant rester dans son pays envers et contre tout, pour scruter dans ses œuvres les injustices sociales ou la place des femmes.