PARIS: Au PS, une troisième voie, entre la ligne pro-Nupes prônée par le premier secrétaire Olivier Faure et celle de son opposante Hélène Geoffroy, se profile en vue du prochain Congrès, sous l'oeil approbateur de l'ex-candidate à la présidentielle Anne Hidalgo.
A ce stade, il n'est pas encore question d'un texte d'orientation pour prendre la tête du parti, mais un groupe de socialistes, dont les sénateurs David Assouline et Patrick Kanner, va prochainement rendre publique "une contribution", baptisée "Refondations".
Un texte qui défend "des politiques publiques radicales sur le social et la transition écologique, mais aussi sur l'exigence européenne, sur l'exigence républicaine et la laïcité", et "sans alignement derrière La France insoumise et la démagogie populiste", résume David Assouline.
"Il faut que la ligne actuelle change, sinon le PS peut disparaitre", affirme le sénateur. "La direction ne peut pas continuer à dire que notre stratégie unitaire nécessaire nous impose d’accepter le leadership politique de La France insoumise", ajoute-t-il, dans un tacle au premier secrétaire Olivier Faure.
Il ne se retrouve pas non plus dans "les droitiers", le courant de la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy. "Nous ne sommes pas la gauche de la défense des années Hollande", ni "la gauche molle", estime-t-il.
Mais "pour l'instant", dit-il, "on est sur une contribution, on veut imposer un débat" avant le Congrès prévu durant l'hiver mais dont la date n'est pas encore connue.
"C'est un texte qui amène sa pierre à l'édifice", poursuit Patrick Kanner, le patron des sénateurs PS, affirmant que "de nombreuses personnes, venues de toute la France, avec des responsabilités très différentes", sont intéressées.
Parmi elles, l'ex-cheffe des députés Valérie Rabault, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, l'ex députée Lamia El Aaraje, et surtout la maire de Paris Anne Hidalgo, en froid avec Olivier Faure depuis la campagne présidentielle qui l'a conduite à un score de 1,7%.
Anne Hidalgo "n'est pas impliquée directement", assure David Assouline, mais elle "voit d'un bon oeil cette initiative. Elle la soutient". Elle "est maire de Paris et n'est pas candidate au poste de Premier secrétaire", insiste-t-il.
«Droit d'inventaire»
Le groupe est aussi en discussion avec le maire de Montpellier Michael Delafosse ou la présidente de la région Occitanie, Carole Delga.
Tous ont en commun de ne pas être de fervents défenseurs de la Nupes.
"Il est clair que le congrès se jouera à celui qui est volontaire à plus d'autonomie" vis-à-vis des Insoumis, estime un sénateur.
Mais "le débat n'est pas pour ou contre la Nupes", assure Lamia El Aaraje. "Il s'agit d'abord de définir qui on est. Un droit d'inventaire sur les quinquennats précédents, et sur les cinq dernières années du parti est nécessaire".
Une manière de flécher les critiques vers le Premier secrétaire Olivier Faure, même si "le sujet ce n'est pas +pour ou contre Olivier Faure+", affirme Patrick Kanner.
"Je ne crains rien, je fais ce que je crois nécessaire pour le PS et pour la gauche", répond Olivier Faure, jugeant que "l'époque des petites manoeuvres n'intéresse plus".
"Quand on a fait 1,7% à la présidentielle, on ne cherche pas à se diviser, on cherche à se regrouper", insiste-t-il. "Avec un PS qui serait replié sur lui-même, je demande quelles sont les stratégies pour permettre à la gauche de gagner", ajoute-t-il, rappelant que "stigmatiser Mélenchon, ça a déjà été essayé. Résultat, il a fait 22%".
"C'est toujours intéressant d'avoir une diversité de regards sur le parti socialiste. Un Congrès avec une parole, un chef et X milliers de militants caporalisés avec le doigt sur la couture du pantalon ça n'a aucun sens", juge un député plutôt favorable à la démarche.
"Mais qu'est-ce que ça signifie en terme d'union de la gauche? Avec qui on se met d'accord? Il y a une impasse stratégique", réplique le député Arthur Delaporte, qui "a du mal à voir qui peut incarner cette troisième voie".