LA HAYE: Un "tribunal", créé par trois ONG de défense de la liberté de la presse et composé de juriste internationaux, a tenu une série d'audiences sur des meurtres de journalistes et "condamné" lundi le Mexique, le Sri Lanka et la Syrie.
Composé de juristes internationaux, il a également appelé à un examen "indépendant et complet" des moyens en place pour protéger les médias.
Ce "tribunal populaire" a entendu pendant six mois trois affaires retentissantes: l'assassinat en 2009 de Lasantha Wickrematunge au Sri Lanka, celui de Miguel Ángel López Velasco au Mexique en 2011 et celui de Nabil Al-Sharbaji en Syrie en 2015.
Les trois pays "par leurs actes d'omission, notamment l'absence d'enquête, l'absence de réparation pour les victimes et l'impunité" sont coupables de "violations des droits de l'homme", a déclaré le juge argentin Eduardo Bertoni.
Le "tribunal", installé dans une église du XVIIe siècle à La Haye, a jugé que leur incapacité à protéger la vie des journalistes "démontre l'absence d'une volonté plus large" de traduire en justice ceux qui tuent les journalistes.
"L'impunité doit cesser", a martelé en ligne le juge Gill Boehringer, appelant à une "stratégie visant à combattre la répression, la violence et les assassinats de journalistes".
M. Boehringer a détaillé une série de mesures à ce dessin, notamment "un examen indépendant et complet de l'apparente incapacité des initiatives de la communauté internationale" à protéger les médias, en grande partie par l'intermédiaire des Nations Unies.
L'assassinat de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh le 11 mai, "démontre de manière dramatique le problème de l'établissement de la responsabilité des auteurs et de ceux au-dessus d'eux et de leur traduction en justice", a ajouté la juge Marina Forti.
Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid s'est dit en septembre opposé à ce que soit poursuivi en justice le soldat qui a tiré sur la star d'Al Jazeera alors qu'elle couvrait un raid militaire israélien dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.
Le "tribunal" a été créé par trois grandes organisations de défense de la liberté de la presse : Reporters sans frontières (RSF), Free Press Unlimited (FPU), et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Bien qu'il n'ait aucun pouvoir légal pour condamner qui que ce soit, il veut sensibiliser, faire pression sur les gouvernements et à rassembler des preuves par le biais de ce qu'il appelle sa forme de "justice populaire".
Dans le monde, plus de 2 170 journalistes ont été tués depuis 1992 et dans la grande majorité des cas, les tueurs sont en liberté, a déclaré le Comité pour la protection des journalistes.