PARIS: Une capitale livrée aux piétons, cyclistes ou aux usagers de trottinettes, pendant sept heures: l'opération "Paris respire sans voitures", qui a théoriquement banni dimanche les véhicules motorisés des rues, est "une façon pédagogique de montrer qu'on peut faire autrement", vante la maire Anne Hidalgo.
Ce dimanche de fin d'été, de 11H00 et à 18H00, seuls les vélos, rollers, trottinettes et autres skateboards ont, en principe, droit de cité dans Paris intra muros, aux côtés des piétons.
Seules exceptions, les véhicules de secours, bus, taxis et véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), sont autorisés à circuler à 20 km/h maximum dans certaines zones, ainsi que les Parisiens rentrant de week-end, sur justificatif de domicile. Les contrevenants s'exposent à une amende de 135 euros.
Grâce à cette journée sans voitures, que Paris organise depuis 2015, "beaucoup de gens constatent que quand on fait baisser le nombre de véhicules, on peut reprendre sa ville d'une autre façon", a commenté Anne Hidalgo devant la presse, place de la Concorde. Dans la ville hôte des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, elle promet que ces jeux seront "un accélérateur", avec "encore plus d'espaces repris sur la voiture".
Sur une partie de cette place du centre de Paris, des stands et des animations autour du vélo attirent quelques dizaines de curieux (bourse aux deux-roues, atelier de réparation, manège, piste d'initiation pour les enfants...)
"C'est l'occasion de montrer aux Parisiens que le vélo est un mode de transport facile, pas cher, qui ne pollue pas", explique Jean-Sébastien Catier, président de l'association Paris en selle.
Moins de dioxyde d'azote
Cette opération sur une seule journée est certes "symbolique", mais s'ajoute aux autres initiatives en faveur du vélo prises à Paris et peut "accélérer la décision vers un changement de mode de déplacement", veut-il croire.
En 2021, le jour de la même opération, les concentrations de dioxyde d'azote avaient été "inférieures de près de 20% à celles d'un dimanche habituel", selon l'observatoire de la qualité de l'air en région parisienne Airparif.
Stéphane, 51 ans, est venu de Meudon à bicyclette, pour une promenade sur les quais de Seine. Mais au quotidien, il doit parcourir 20 kilomètres jusqu'à son travail et "aurait du mal à se séparer de son scooter", reconnaît-il.
Près du parc des Tuileries, "l'ambiance est très paisible", apprécient Suzanne et Michael, un couple de touristes américains arrivés samedi à Paris, qui n'avaient pas entendu parler de l'opération mais la jugent "intéressante".
Si le flux de circulation s'est nettement réduit autour de l'obélisque de la place de la Concorde, en fin de matinée, voitures et scooters se mêlent cependant toujours aux taxis, aux véhicules de secours et aux bus touristiques.
Et sur certains grands axes comme le boulevard de la Madeleine, des coups de klaxon se font entendre et le flux de voitures reste très dense. "Normalement, ils n'ont pas le droit" de circuler, reconnaît un agent de sécurité posté sur une barrière qui barre l'accès à une rue secondaire.
« On fait comment ? »
Seuls les "véhicules autorisés" peuvent passer, prévient une pancarte. "On fait comment? Je travaille, moi", se plaint un conducteur assurant être "en livraison".
Rue de Belleville, un axe majeur du Nord-Est parisien, la circulation des voitures et scooters, calme mais réelle, ne semble pas radicalement différente d'un autre dimanche, avec peu de véhicules professionnels visibles.
Cette opération s'inscrit dans la politique volontariste de réduction de la place de la voiture de la maire socialiste Anne Hidalgo, réélue en 2020.
La politique anti-voiture est dénoncée par l'opposition de droite, qui accuse Anne Hidalgo de flatter ainsi un électorat aisé du centre de Paris au détriment de banlieusards plus dépendants des voitures, mais qui ne votent pas dans la capitale.
D'autres jugent que l'opération manque au contraire d'ambition, telle l'ONG Alternatiba Paris, qui organise avec d'autres associations une "contre-Journée Paris Respire" sous la forme d'une "parade festive et familiale" au départ de Bagnolet, ville de la banlieue est de Paris.