BRUXELLES: L'UE a gelé 14,5 milliards d'avoirs de personnalités russes dans le cadre des sanctions adoptées en réponse à la guerre en Ukraine, mais plusieurs pays, dont la Hongrie, n'ont pas contribué à l'effort, a affirmé dimanche un commissaire européen.
"On doit faire une pression très forte" sur la Hongrie, car "on peut supposer que (s)es liens très proches avec la Russie, l'empêchent peut-être d'agir", a déclaré le commissaire européen à la Justice Didier Reynders, dans une interview à la chaîne de télévision LCI.
La Hongrie a gelé "un peu plus de 3.000 euros" d'avoirs russes, a-t-il précisé.
Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban a tissé ces dernières années des liens étroits avec le président russe Vladmir Poutine et cette collaboration a été maintenue malgré l'invasion russe de l'Ukraine.
Budapest a ainsi annoncé fin août un accord avec le géant russe Gazprom pour recevoir des livraisons supplémentaires, au moment où les autres pays Européens sont confrontés à une forte réduction des quantités fournies. Le gouvernement hongrois coopère également avec le conglomérat russe Rosatom pour la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires.
Les contentieux entre Bruxelles et Budapest se sont multipliés ces derniers mois. La Commission européenne s'inquiète notamment de la corruption qui menace la bonne utilisation des fonds européens dans le pays. Elle a menacé dimanche de priver la Hongrie de 7,5 milliards d'euros de financements si les réformes promises par le gouvernement hongrois n'étaient pas rapidement mises en oeuvre.
Varsovie s'opposera à «toute démarche» de l'UE visant à priver la Hongrie de fonds européens
La Pologne a assuré dimanche qu'elle s'opposera à "toute démarche" de Bruxelles visant à priver la Hongrie de 7,5 milliards d'euros de financements européens en raison de risques de corruption dans ce pays.
La Commission européenne a pointé dimanche des "irrégularités" et "carences" dans les procédures hongroises de passation des marchés publics, la proportion "anormalement" élevée de candidatures uniques pour ces contrats, ainsi que le manque de contrôle des conflits d'intérêt et de poursuites judiciaires en cas de soupçons de fraude.
"La Pologne va s'opposer de toute force à toute démarche des institutions européennes visant à priver de fonds un pays membre, en l'occurrence la Hongrie, de manière absolument non autorisée", a déclaré le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki lors d'un point de presse.
Le chef du gouvernement nationaliste-populiste polonais, lui aussi en conflit avec Bruxelles qui l'accuse de non respect de l'Etat de droit, a rappelé que son homologue et allié hongrois Viktor Orban avait déjà préparé "un projet d'accord avec la Commission européenne".
Les 14,5 milliards d'euros d'avoirs russes gelés par l'Europe sont "déjà significatifs", mais, sur cette somme, "90% sont réalisés par six Etats membres", a expliqué le commissaire, reconnaissant qu'il restait "énormément de travail à faire auprès d'autres (Etats) qui n'ont soit rien gelé, soit rien communiqué".
Parmi les six pays les plus actifs, la France a gelé "un peu plus d'un milliard d'euros" d'avoirs et la Belgique 3,5 milliards. L'Allemagne, le Luxembourg, l'Irlande et l'Autriche figurent aussi parmi les bons élèves, selon Didier Reynders.
"Nous continuons à travailler pour demander que tous les Etats membres mettent les même outils en place pour atteindre les avoirs, pas seulement les comptes bancaires, les yachts, les résidences, mais tous les avoirs", a souligné le commissaire européen, évoquant la difficulté d'avoir accès aux cryptomonnaies et aux oeuvres d'art numériques.