Ukraine: Des centaines de corps, certains torturés, découverts dans les zones reprises aux Russes

Des techniciens légistes transportent un sac mortuaire dans une forêt à la périphérie d'Izioum, dans l'est de l'Ukraine, le 16 septembre 2022. (Photo, AFP)
Des techniciens légistes transportent un sac mortuaire dans une forêt à la périphérie d'Izioum, dans l'est de l'Ukraine, le 16 septembre 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 17 septembre 2022

Ukraine: Des centaines de corps, certains torturés, découverts dans les zones reprises aux Russes

  • « 99%» des corps exhumés vendredi dans une forêt à la périphérie d'Izioum, ville de l'est de l'Ukraine reprise aux Russes la semaine dernière, « présentaient des signes de mort violente»
  • Le président ukrainien, dans une vidéo postée sur Telegram, a promis « un châtiment terriblement juste» aux responsables des crimes présumés

IZIOUM: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé vendredi les crimes d'une armée de "tortionnaires" après la découverte de centaines de corps enterrés sommairement dans une région reprise aux Russes, dont ceux de personnes "torturées et exécutées", selon les autorités locales.

"99%" des corps exhumés vendredi dans une forêt à la périphérie d'Izioum, ville de l'est de l'Ukraine reprise aux Russes la semaine dernière, "présentaient des signes de mort violente", a déclaré dans la soirée le gouverneur régional Oleg Synegoubov.

"Il y a plusieurs corps avec les mains liées derrière le dos et une personne est enterrée avec une corde autour du cou. De toute évidence, ces personnes ont été torturées et exécutées", a-t-il affirmé sur Telegram.

Selon lui, ce sont au total "450 corps de civils portant des traces de mort violente et de torture" qui ont été enterrés sur ce site. "Il y avait aussi des enfants" parmi les corps exhumés dans la journée par les "200 agents et experts" qui travaillent sur le site, a-t-il ajouté.

Le président ukrainien, dans une vidéo postée sur Telegram, a promis "un châtiment terriblement juste" aux responsables des crimes présumés. "La Russie ne laisse que mort et souffrance. Des meurtriers. Des tortionnaires. Privés de tout ce qui est humain", a-t-il ajouté, soulignant qu'"il y a également des preuves que les soldats russes, dont les positions n'étaient pas loin de cet endroit, ont tiré sur les personnes enterrées juste pour s'amuser".

Il a par ailleurs évoqué la libération par les Ukrainiens de "sept citoyens de la république du Sri Lanka", des étudiants en médecine qui avaient été capturés en mars par les Russes à Izioum. "Ils reçoivent les soins médicaux appropriés", a dit M. Zelensky sans plus de détail.

Le chargé des droits humains ukrainien, Dmytro Loubinets, a pour sa part affirmé sur Telegram qu'il y avait "probablement plus de 1.000 citoyens ukrainiens torturés et tués dans les territoires libérés de la région de Kharkiv".

La Russie agit de "manière épouvantable et cela se voit et se répète (...). On voit ce qu'elle laisse dans son sillage", a commenté à Washington le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

L'UE s'est également dite "profondément choquée". "La Russie, ses dirigeants politiques et toutes les personnes impliquées dans les violations continues du droit international et du droit humanitaire international en Ukraine devront rendre des comptes", a estimé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans un communiqué.

Macron condamne «avec la plus grande fermeté les atrocités» commises «sous occupation russe»

Le président français Emmanuel Macron a condamné vendredi "avec la plus grande fermeté les atrocités commises à Izioum, en Ukraine, sous occupation russe", après la découverte de centaines de corps enterrés sommairement près de cette ville reprise aux Russes, selon Kiev.

"Leurs auteurs devront répondre de leurs actes. Il n’y a pas de paix sans justice", a ajouté le président français dans un tweet.

«Salles de torture»

Sur le terrain, près d'Izioum, les enquêteurs ukrainiens ont commencé vendredi à exhumer des corps dans une forêt où 443 tombes ont été découvertes, avec notamment une fosse contenant les corps de 17 soldats ukrainiens.

Une tombe portait une croix avec l'inscription: "Armée ukrainienne, 17 personnes. Izioum, de la morgue", selon des journalistes de l'AFP sur place. Des hommes en combinaison blanche creusaient dans le sol sablonneux.

Sur le même site, un journaliste de l'AFP a pu voir au moins un corps avec les mains liées avec une corde, sans pouvoir établir dans l'immédiat s'il s'agissait d'un civil ou d'un militaire, le corps étant trop abîmé.

"Les corps seront envoyés pour autopsie afin de déterminer la cause exacte des décès", a souligné le gouverneur Synegoubov.

"Chaque mort fera l'objet d'une enquête et deviendra une preuve des crimes de guerre de la Russie devant les tribunaux internationaux", a-t-il ajouté. "L'ampleur des crimes commis à Izioum est énorme", a-t-il souligné, dénonçant "une terreur sanglante et brutale".

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a immédiatement indiqué vouloir envoyer une équipe à Izioum pour "déterminer les circonstances de la mort de ces personnes".

Le chef de la police ukrainienne, Igor Klymenko, a de son côté annoncé la découverte de 10 "salles de torture" dans des localités reprises aux Russes dans la région de Kharkiv, dont six à Izioum et deux dans la ville de Balakliïa.

Les forces russes ont été accusées de nombreuses exactions dans les zones qui étaient sous leur contrôle, notamment à Boutcha, en banlieue de Kiev, où des corps de civils froidement exécutés avaient été découverts après leur retrait fin mars. Moscou nie que ses soldats aient commis ces atrocités.

Poutine veut continuer la guerre

Côté diplomatique, présent aux côtés du président russe Vladimir Poutine pour un sommet régional en Ouzbékistan, le chef d'Etat turc Recep Tayyip Erdogan a appelé à mettre fin au conflit en Ukraine "au plus vite", tandis que le Premier ministre indien Narendra Modi a souligné que l'heure n'était "pas à la guerre".

Après avoir rencontré son homologue et allié chinois Xi Jinping jeudi, M. Poutine avait d'abord assuré qu'il souhaitait terminer "le plus vite possible" la guerre, accusant Kiev de "refuser tout processus de négociations".

La Russie est sous "pression" pour mettre fin au conflit en Ukraine, a commenté le chef de la diplomatie américaine après ces échanges à Samarcande (Ouzbékistan). "Je crois que ce que l'on entend de la part de la Chine et de l'Inde reflète les préoccupations à travers le monde concernant l'impact de l'agression de la Russie contre l'Ukraine, pas seulement pour le peuple ukrainien", a souligné Antony Blinken.

Mais M. Poutine a ensuite indiqué vendredi que son offensive allait se poursuivre en Ukraine. "Le plan ne nécessite pas de changement (...) Nous ne sommes pas pressés", a-t-il dit.

Bombardements massifs

Sur le front, les combats et bombardements se poursuivaient.

Dans l'Est, les autorités séparatistes de Lougansk ont annoncé la mort d'un procureur prorusse local et de son adjointe, tués par une explosion. Les autorités prorusses ont signalé d'autres attaques contre des cadres de l'occupation dans le sud de l'Ukraine.

Dans la région de Kharkiv, 12 personnes ont été blessées dans des bombardements russes "massifs" dans des zones récemment reprises par les Ukrainiens, et quatre personnes supplémentaires dans la ville même de Kharkiv, selon les autorités régionales.

La présidence ukrainienne a rapporté des "combats de positions" dans la région de Lougansk, tandis que dans celle de Donetsk, des bombardements russes, notamment sur Bakhmout, ont fait cinq morts et six blessés.

Sur le front sud, où les forces ukrainiennes rencontrent plus de résistance qu'à Kharkiv, la "situation demeure difficile", selon la même source.


Un nouveau directeur pour le British Museum, secoué par une affaire de vols

Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
Short Url
  • Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak
  • Nicholas Cullinan a salué l'«honneur» que représente la direction de «l'un des plus grands musées du monde»

LONDRES: L'actuel directeur de la National Portrait Gallery de Londres, Nicholas Cullinan, a été nommé directeur du British Museum, a annoncé jeudi l'institution secouée par le scandale du vol de 2 000 pièces et le feuilleton au long cours des marbres du Parthénon.

Le précédent directeur Hartwig Fischer, de nationalité allemande et premier non Britannique à diriger le musée, avait démissionné fin août 2023 après la révélation des vols.

L'intérim était depuis assuré par l'ex-directeur du Victoria & Albert Museum Mark Jones.

Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak.

A la tête de la National Portrait Gallery depuis 2015, il a mené à bien un réaménagement complet des collections et du musée, dont l'espace ouvert au public a augmenté d'un cinquième, selon le communiqué annonçant sa nomination.

L'historien de l'art a notamment été commissaire au Metropolitan Museum of Art de New York et à la Tate Modern de Londres. Il prendra ses fonctions au British Museum cet été.

Nicholas Cullinan a salué l'"honneur" que représente la direction de "l'un des plus grands musées du monde".

Il a évoqué "un nouveau chapitre" qui "englobera les transformations les plus importantes, architecturales et intellectuelles, qui se déroulent dans tout musée dans le monde, pour continuer à faire en sorte que le British Museum soit aussi engagé et collaboratif que possible".

Fondé en 1753, le British Museum abrite une collection de huit millions d'objets, parmi lesquels la pierre de Rosette ou les frises du Parthénon, acquises à l'époque coloniale et revendiquées par la Grèce.

L'institution, dont la visite est gratuite, représente l'attraction touristique la plus prisée du Royaume-Uni, avec 5,8 millions de visiteurs en 2023, en augmentation de 42% par rapport à l'année précédent, selon l'association du secteur.

La révélation du scandale de vols à grande échelle a conduit au renvoi d'un employé, qui a été arrêté par la police sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui à ce stade.

Depuis leur découverte, le British Museum a indiqué avoir récupéré un peu plus de 350 objets.

Le nouveau patron du musée devra également mettre en oeuvre une rénovation majeure, estimée à plus d'un milliard d'euros, rendue nécessaire par l'état vétuste de certaines galeries.


Sénégal: la prise du pouvoir approche pour l'opposant antisystème Diomaye Faye

Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
Short Url
  • L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%)
  • Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable

DAKAR: L'opposant sénégalais Bassirou Diomaye Faye pourrait être proclamé définitivement vainqueur de la présidentielle d'ici à la fin de la semaine, parachevant une ascension extraordinaire et express jusqu'au sommet de l'Etat.

Après des semaines de crise qui ont fait craindre un report de l'élection jusqu'à décembre ou une vacance du pouvoir, l'appareil s'emploie à rétablir à marche forcée la norme de transition réglée qui caractérise le pays et à rendre possible une passation conforme à la tradition entre le sortant Macky Sall et son successeur d'ici à la semaine prochaine.

L'organe chargé de proclamer les résultats finaux provisoires les a rendus publics mercredi alors qu'il avait jusqu'à vendredi pour le faire. L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%).

Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable.

Les candidats ont 72 heures pour saisir le Conseil, dit la Constitution. Mais le Conseil a décidé lui aussi de réduire les délais, probablement pour faire en sorte qu'une passation ait lieu avant le 2 avril, date officielle de fin du mandat de M. Sall.

Le Conseil a donné à tout contestataire jusqu'à jeudi minuit (vendredi 00H00 GMT) pour se manifester.

Il a invoqué "les circonstances exceptionnelles" ayant entraîné "la compression de tous les délais". Il fait référence au report de la présidentielle, initialement prévue le 25 février et finalement fixée au 24 mars.

L'ajournement décrété à la dernière minute par le président Sall a causé une grave crise et semé le doute sur la possibilité d'une passation avant l'expiration de son mandat.

Un transfert dans les temps importe dans un pays qui s'enorgueillit de ses pratiques démocratiques et qui est considéré comme l'un des plus stables en Afrique de l'Ouest secouée par les coups d'Etat.

En l'absence de contestation, "le Conseil proclame immédiatement les résultats définitifs du scrutin", dit la Constitution. En cas de recours, le Conseil a, théoriquement, cinq jours pour statuer.

Les adversaires de M. Faye ont reconnu sa victoire et aucun n'a jusqu'alors exprimé publiquement l'intention de soulever d'objection. Les résultats provisoires paraissent rendre la victoire de M. Faye irréfutable tout en confirmant la magnitude de ce qui s'apparente à un séisme politique.

«Dernier» Conseil 

Bassirou Diomaye Faye est le premier opposant à l'emporter dès le premier tour depuis l'Indépendance en 1960.

Jamais porté à une fonction élective nationale auparavant, il devrait devenir à 44 ans le cinquième et plus jeune président du pays de 18 millions d'habitants.

Son avènement pourrait annoncer une profonde remise en cause systémique. Il se présente comme l'homme de la "rupture" avec douze années de présidence Sall, du rétablissement d'une "souveraineté" bradée selon lui à l'étranger, et d'un "panafricanisme de gauche". Il fait voeu de combattre la corruption et l'injustice.

Face à l'éventualité d'une vacance de pouvoir, le président Sall a dit plusieurs fois qu'il serait parti le 2 avril, même si le Conseil constitutionnel a laissé la porte ouverte à une prolongation si nécessaire.

Le Conseil des ministres qu'il a présidé mercredi était le "dernier", selon le communiqué de ses services. Il a demandé au gouvernement de "prendre toutes les dispositions requises" pour préparer les dossiers de passation, en vue de "l’installation dans les meilleures conditions" du nouveau président, dit le communiqué.

Les trois dernières années de la présidence Sall ont été marquées par les retombées des crises globales, un farouche bras de fer avec l'opposition antisystème et les troubles intérieurs.

Le Sénégal a connu un nouvel accès de fièvre en février quand M. Sall a décrété l'ajournement de l'élection. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021, et les lettres de créance démocratiques du Sénégal ont été examinées sous un autre jour.

M. Faye a lui-même été détenu des mois avant sa libération en pleine campagne électorale mi-mars.

Il a énoncé "la réconciliation nationale", la "refondation" des institutions et "l'allègement sensible du coût de la vie" comme ses "chantiers prioritaires". Il a pris soin de rassurer à l'étranger, attentif à ses promesses de reconsidérer ou renégocier les partenariats existants. Le Sénégal "restera le pays ami et l'allié sûr et fiable de tout partenaire qui s'engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive", a-t-il dit.


Pont effondré à Baltimore: les corps de deux des six ouvriers retrouvés

Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Short Url
  • Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala
  • En raison de la quantité de béton et de débris, «les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité» vers «ce que nous pensons être les véhicules piégés», dit la police

BALTIMORE: Les corps sans vie de deux des six ouvriers recherchés ont été repêchés mercredi des eaux glacées du port de Baltimore, sur la côte Est américaine, ont annoncé les autorités, au lendemain de l'effondrement spectaculaire d'un pont percuté par un porte-conteneurs.

"Des plongeurs ont localisé un pick-up rouge à environ 7.6 mètres de profondeur", a annoncé lors d'un point presse, la police du Maryland, l'Etat où se situe Baltimore. "Deux victimes du drame étaient prisonnières du véhicule".

Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala, qui faisaient partie de l'équipe d'ouvriers présente sur la chaussée du pont Francis Scott Key au moment de l'accident.

Les corps de quatre de leurs collègues, tous présumés morts, n'ont eux pas encore été retrouvés, ont ajouté les autorités.

Mais, en raison notamment de la quantité de béton et de débris, "les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité" vers "ce que nous pensons être les véhicules piégés", a déclaré Roland Butler, de la police du Maryland.

Les secours vont donc chercher à retirer la structure de l'eau pour faciliter l'accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Les autorités avaient averti mardi soir qu'elles ne pensaient pas pouvoir "retrouver ces individus encore en vie", alors que deux membres de leur équipe avaient été secourus peu après le drame.

Les victimes, originaires d'Amérique latine selon la presse américaine, réparaient des nids de poule sur le pont lorsqu'il s'est écroulé dans le fleuve Patapsco.

«Pas conçu pour résister»

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a fourni mercredi une chronologie détaillée de la tragédie, basée sur l'analyse préliminaire de l'enregistreur de données du porte-conteneurs.

Long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, le Dali, battant pavillon singapourien, a quitté le quai du port de Baltimore mardi à 0H39 (04H39 GMT) à destination de l'Asie, a indiqué Marcel Muise, enquêteur du NTSB, lors d'une conférence de presse.

À 1H24 locales, des alarmes ont commencé à retentir à bord du navire, signalant des problèmes de propulsion. Le pilote a rapidement informé les autorités portuaires par radio que le navire se dirigeait vers le pont, et a demandé l'intervention de remorqueurs.

L'appel à l'aide a été également reçu par deux équipes de l'autorité locale des transports qui se trouvaient sur le pont en raison des travaux. Ces dernières ont alors fermé toutes les voies de circulation, sauvant ainsi probablement des vies.

Puis, à 1H29, l'enregistreur du navire a enregistré des "sons correspondant à la collision".

Le pont, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est alors effondré tel un château de cartes, des pans entiers de la structure se retrouvant sur le bateau.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs dévier de son cap, heurter une pile du pont inauguré en 1977 puis s'écrouler.

Pour le ministre américain des Transports Pete Buttigieg, "ce type de pont (...) n'a tout simplement pas été conçu pour résister à un choc direct contre pilier de soutien essentiel".

L'équipage avait tenté en vain de ralentir la course du navire en jetant l'ancre.

L'enquête préliminaire montre qu'il s'agit d'un accident, selon les autorités.

«Coût de la reconstruction»

Le président Joe Biden s'est engagé à ce que "l'Etat fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction" du pont, qui porte le nom de l'auteur des paroles de l'hymne national américain, en admettant que cela prendrait du temps.

"Nous serons aux côtés des habitants de Baltimore aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il encore assuré mercredi soir sur le réseau social X.

Car l'enjeu est aussi économique: ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l'économie de la côte Est des Etats-Unis.

Pour l'heure, le transport maritime y est "suspendu jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d'activité et génère plus de 15.000 emplois.

Le Dali est "stable" et ne représente pas de danger pour l'environnement et le public, en dépit de la présence à bord de 5,6 milliards de litres de diesel et de quelques conteneurs de matières dangereuses, a assuré mercredi Peter Gautier, responsable des gardes-côtes.

Deux conteneurs, sur un total de 4,700, sont tombés à l'eau.

Le navire est exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu'il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu'une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée selon elles.