Retraite Federer: Wimbledon, le plus beau théâtre de la légende

"Tant que je gagne à Wimbledon et que je suis numéro mondial tout va bien", disait-il quand Nadal lui infligeait défaite sur défaite à Roland-Garros (de 2005 à 2008). (Photo, AFP)
"Tant que je gagne à Wimbledon et que je suis numéro mondial tout va bien", disait-il quand Nadal lui infligeait défaite sur défaite à Roland-Garros (de 2005 à 2008). (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 16 septembre 2022

Retraite Federer: Wimbledon, le plus beau théâtre de la légende

  • Le Suisse a tout vécu sur le gazon anglais: son premier succès en Grand Chelem (2003), ses plus belles victoires (les cinq à la suite de 2003 à 2007), sa plus cruelle (et homérique) défaite (contre Rafael Nadal en 2008) et ses finales les plus acharnées
  • La surface convenait parfaitement à son jeu, en particulier à ses services extraordinairement précis, travaillés et variés qui glissaient sur l'herbe plus que sur les autres surfaces

PARIS : Roger Federer a enchanté les courts du monde entier pendant deux décennies, mais ses aventures à Wimbledon, le temple du tennis où il s'est imposé huit fois, auraient à elles seules suffi à en faire une légende de son sport.

Le Suisse a tout vécu sur le gazon anglais: son premier succès en Grand Chelem (2003), ses plus belles victoires (les cinq à la suite de 2003 à 2007), sa plus cruelle (et homérique) défaite (contre Rafael Nadal en 2008) et ses finales les plus acharnées (celle gagnée contre Andy Roddick en 2009 et celle perdue face à Novak Djokovic en 2019 après deux balles de match manquées).

Formé sur des courts en terre battue dans son pays, Federer a découvert le All England Club en 1998 chez les juniors. Le succès a été immédiat: victoire en simple et en double. "Dès le début j'ai su que j'allais bien jouer ici. C'est ici que je suis le meilleur. Je ne sais pas pourquoi", dira-t-il bien plus tard.

En réalité, la surface convenait parfaitement à son jeu, en particulier à ses services extraordinairement précis, travaillés et variés qui glissaient sur l'herbe plus que sur les autres surfaces. En finale contre Roddick en  2009 (16-14 au cinquième set), il réussit pas moins de 50 aces. Le gazon sublimait aussi son revers slicé et ses fulgurances en coup droit.

Federer a quand même tâtonné pour trouver la bonne tactique. Après le "chip and charge" (ruée vers le filet) qui lui permit de réussir le premier coup d'éclat de sa carrière, une victoire sur Pete Sampras, alors quadruple tenant du titre, en huitièmes de finale en 2001, il opta pour un mélange bien mieux dosé de jeu de fond de court et de montées à la volée.

 

Tennis: Roger Federer en bref

Date de naissance: 08/08/1981 (41 ans)

Lieu de naissance: Bâle (Suisse)

Réside en Suisse

Taille: 1,85 m

Droitier, revers à une main

Professionnel depuis 1998

N'est plus classé, n'ayant plus joué depuis plus d'un an

Palmarès en simple: 103 tournois gagnés (2e joueur derrière Jimmy Connors, 109).

En Grand Chelem: 20 victoires (deux de moins que Rafael Nadal et un de moins que Novak Djokovic)

Open d'Australie: 6 titres (2004, 2006, 2007, 2010, 2017, 2018), 1 finale (2009)

Roland-Garros: 1 victoire (2009), 4 finales (2006, 2007, 2008, 2011)

Wimbledon: 8 titres (2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2009, 2012, 2017), 4 finales (2008, 2014, 2015, 2019)

US Open: 5 titres (2004, 2005, 2006, 2007, 2008), 2 finales (2009, 2015)

Coupe Davis: 1 titre (2014)

Jeux Olympiques: 1 titre en double (2008, avec Stan Wawrinka), une médaille d'argent en simple (2012)

Masters: 6 titres (2003, 2004, 2006, 2007, 2010, 2011), 4 finales (2005, 2012, 2014, 2015)

Masters 1000: 28 titres (7 Cincinnati, 5 Indian Wells, 4 Miami, 4 Hambourg, 3 Madrid, 2 Canada, 2 Shanghai, 1 Paris)

Injouable pendant quatre ans

C'est ainsi qu'il remporta son premier titre majeur, en 2003, en battant en finale l'Australien Mark Philippoussis. Le plus gros obstacle avait été franchi en demie: l'Américain Andy Roddick, alors tête de série N.1, qui allait devenir une de ses victimes préférées (il le battra trois fois en finale).

L'atmosphère très chic de "Church Road" lui allait aussi à merveille. Si d'autres champions, comme Andre Agassi, enrageaient de devoir jouer tout en blanc, lui ne s'est jamais plaint du fameux "dress code" qui correspondait à son élégance discrète. Le public anglais lui rendit bien son amour, sauf peut-être lorsqu'il battit Andy Murray en finale en 2012.

Federer est incontestablement le plus grand joueur de l'histoire de Wimbledon. Et le temps presse pour Novak Djokovic, qui a remporté sept titres à Londres, s'il veut menacer son record.

Mais paradoxalement, son match le plus inoubliable restera une défaite: la fameuse finale de 2008 contre Nadal, souvent considérée comme le plus grand match de l'histoire avec le Borg-McEnroe de 1980.

Pendant quatre ans, de 2003 à 2006, le champion helvète avait été injouable à Londres. Mais en 2007, le jeune Nadal, encore trop tendre l'année précédente en finale, avait placé une première banderille en poussant le maître des lieux dans un cinquième set. L'année suivante, la troisième finale Federer-Nadal consécutive allait être la bonne pour le Majorquin... et la pire journée de la carrière de son grand rival (6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7).

 

Réactions du monde du tennis

Voici les premières réactions du monde du tennis à l'annonce de la retraite de Roger Federer.

- Carlos Alcaraz: "Roger..." accompagné d'un coeur brisé. "Roger a été l'une de mes idoles et source d'inspiration! Merci pour tout ce que tu as donné à notre sport! Je veux continuer de jouer avec toi! Je te souhaite bonne chance pour la suite" (Twitter)

- Juan Martin del Potro: "JE T'AIME Roger. Merci pour tout ce que tu as fait pour le tennis et pour moi. Le tennis ne sera plus jamais le même sans toi" (Twitter)

- Andy Roddick: "Merci pour les souvenirs partagés. Ce fut un honneur de partager temps et expériences sur les terrains les plus sacrés du sport. Donne des nouvelles" (Twitter)

- Billie Jean King: "c'est le champion des champions. Il a le jeu le plus complet de sa génération et a saisi les coeurs des fans de sport du monde entier avec son incroyable rapidité sur le cour et un puissant esprit tennis. Il a eu une carrière historique avec des souvenirs qui perdureront. Nous te souhaitons le meilleur alors que tu continues ta route".

- Martina Navratilova: "quel message sincère, plein d'amour, de vie, d'espoir, de passion et de gratitude. Exactement comme le tennis que Roger a joué et que nous avons tant aimé. Merci, merci, merci pour toute la magie" (Twitter)

- Rod Laver: "Merci pour tout Roger. A bientôt. Rocket"

- Tournoi de Roland-Garros: "légende du tennis", accompagné d'un photo du joueur sur la terre battue (Twitter)

- ATP tour: "tu as changé le tennis"#Rforever" (Twitter)

- Wimbledon: "Cela a été une chance d'être les témoins de ton voyage et de te voir devenir un champion dans tous les sens du terme (...). Tout ce qu'on peut dire c'est merci, pour les souvenirs et la joie que tu as donnés à tant" (Twitter)

- WTA: "la définition de la grandeur. La fin d'une ère #ThankYouSerena #RForever", agrémenté d'une photo de Federer et Serena Williams ensemble (Twitter)

- Thomas Bach, président du Comité international olympique (CIO): "Roger Federer est un gentleman sur et en dehors du court, et un vrai champion olympique. Félicitations pour ta carrière exceptionnelle, bonne chance pour la suite. J'espère que nos chemins pourront se recroiser" (Twitter)

- Toni Nadal: "Rafael n'aurait pas été aussi fort sans Roger Federer. Il devait toujours élever son niveau. Avec Djokovic, chacun a fait évoluer le niveau de jeu des autres. C'est un très mauvais jour pour ceux qui aiment le tennis. J'ai un fils qui avait une admiration pour Federer, il attendait qu'il revienne et maintenant on sait que c'est son dernier match. Il avait la combinaison parfaite entre l'efficacité et la classe." (site internet de RMC Sport)

- Serena Williams (USA/qui a pris sa retraite il y a treize jours): "Nos chemins ont toujours été si similaires, si semblables. Tu as inspiré des millions et des millions de personnes - dont moi - et nous ne l'oublierons jamais. Je t'ai toujours admiré. Bienvenue dans le club des retraités. Et merci d'être toi Roger federer". (Instagram)

Le désastre de 2008

Après cinq manches d'un tennis éblouissant des deux côtés, le Suisse mettait un dernier coup droit dans le filet qui le précipitait dans "le désastre", selon sa propre expression. "C'est de loin ma plus dure défaite. Il n'y a pas de comparaison possible. À Paris, ce n'était rien", dit-il, alors qu'il avait été écrasé par le même rival en finale de Roland-Garros un mois plus tôt.

C'est que le Bâlois a toujours placé Wimbledon au-dessus de tout. "Tant que je gagne à Wimbledon et que je suis numéro mondial tout va bien", disait-il quand Nadal lui infligeait défaite sur défaite à Roland-Garros (de 2005 à 2008).

Il ne lui fallut qu'un an pour remonter au sommet, et plus haut que jamais. En 2009, dans la foulée de sa victoire si longtemps attendue à Paris, il battit le record des titres du Grand Chelem de Sampras avec un quinzième trophée, son sixième à Londres. Il le détiendra pendant onze ans en continuant à faire grimper son total jusqu'à 20, jusqu'à ce que Nadal (en 2020) puis Djokovic (en 2021) ne le rejoignent puis le dépassent.

Deux autres triomphes suivront à Wimbledon: en 2012 quand il égala le record des sept victoires de Sampras et en 2017 quand il l'améliora, au coeur de sa "deuxième jeunesse", à près de 36 ans.

Le sort a pourtant réservé à l'immense champion une sortie cruelle: un 6-0 infligé par le Polonais Hurkacz pour conclure une défaite en trois sets en quarts de finale de l'édition 2021.

Ce qui, mais personne ne le savait à l'époque, restera comme son dernier match.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »