Biden proche de la victoire, le camp Trump conteste

Donald Trump, candidat républicain aux élections présidentielles américaines. (AFP)
Donald Trump, candidat républicain aux élections présidentielles américaines. (AFP)
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Publié le Jeudi 05 novembre 2020

Biden proche de la victoire, le camp Trump conteste

  • « Arrêtez de compter! » a tweeté en lettres capitales le président des Etats-Unis, qui voit les chances d'un second mandat s'amenuiser au fur et à mesure que des caisses de bulletins de vote envoyés par la poste
  • Le candidat démocrate, Joe Biden, le vice-président de Barack Obama pendant huit ans, ne doit plus gagner qu'un ou deux des derniers Etats-clés restant en jeu pour devenir le 46e président américain. Il s'est retenu de revendiquer la victoire

WASHINGTON : Deux jours après le scrutin présidentiel américain, la tension était tangible dans la poignée d'Etats-clés qui pourraient décider dès jeudi de l'issue de l'élection en faveur de Joe Biden, le camp de Donald Trump ayant lancé plusieurs actions en justice, appuyées dans certains cas par des manifestations de partisans.

« Arrêtez de compter! » a tweeté en lettres capitales le président des Etats-Unis, qui voit les chances d'un second mandat s'amenuiser au fur et à mesure que des caisses de bulletins de vote envoyés par la poste, majoritairement favorables à Joe Biden, sont comptés.

Le candidat démocrate, Joe Biden, le vice-président de Barack Obama pendant huit ans, ne doit plus gagner qu'un ou deux des derniers Etats-clés restant en jeu pour devenir le 46e président américain. Il s'est retenu de revendiquer la victoire comme l'avait fait son adversaire, mais a assuré qu'il était en revanche sûr de l'issue.

Il avait jeudi matin 253 ou 264 grands électeurs, selon que l'on inclut ou non l'Arizona (11 grands électeurs), considéré comme gagné par deux médias (l'agence AP et Fox News), mais pas par les autres qui estiment l'issue encore incertaine, en raison du nombre de bulletins restant à compter et du resserrement observé ces dernières heures.

Selon les deux cas de figure, il n'a plus besoin que de six ou 17 grands électeurs pour atteindre le nombre requis de 270, qu'il pourrait obtenir dans le Nevada (6), la Géorgie (16) ou la Pennsylvanie (20), peut-être dès jeudi.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'écart s'est aussi resserré en Géorgie au fur et à mesure du comptage par machine de dizaines de milliers de bulletins envoyés par courrier, en faveur de Joe Biden qui n'est plus qu'à 18.500 voix derrière Donald Trump.

Le résultat final dans cet Etat sera connu jeudi midi au plus tard (vers 17H00 GMT), selon Brad Raffensperger, secrétaire d'Etat de Géorgie, sur une chaîne locale.

Recours judiciaires

A l'inverse, dans l'Arizona, Donald Trump bénéficie directement du prolongement du dépouillement.

Il était en train de rattraper Joe Biden, risquant de faire perdre au démocrate les 11 grands électeurs qu'AP et Fox News avaient attribués à Joe Biden dès la nuit électorale de mardi, sur la base de résultats partiels et de modèles statistiques, une méthode habituellement très sûre.

La secrétaire d'Etat de l'Arizona Katie Hobbs a déclaré jeudi sur ABC que le dépouillement durerait « probablement » jusqu'à vendredi.

C'est là, à Phoenix, qu'une foule pro-Trump, dont certains membres étaient armés, s'est massée, à l'extérieur d'un site de dépouillement, aux cris de « Comptez les voix! » et de « Honte à Fox ».

Mais dans les Etats où Donald Trump était derrière Joe Biden, comme dans le Michigan, ses supporteurs lançaient « Stoppez le vote! », dénonçant le comptage de bulletins selon eux frauduleux parce que non comptés le jour de l'élection -- illustration de la stratégie opportuniste du camp Trump, qui n'est pas sans rappeler la guérilla judiciaire de l'élection présidentielle de 2000.

Le président républicain avait déclaré, dans la première nuit post-élection, qu'il avait gagné l'élection et qu'il ferait intervenir la Cour suprême, restant évasif sur les motifs. En réalité, ses avocats ont à ce stade saisi la justice des Etats, selon l'objectif recherché localement, avec par exemple la menace de demander un recomptage dans le Wisconsin.

Les démocrates estiment les plaintes sans fondement juridique, mais selon les décisions des juges, ces recours pourraient retarder de plusieurs jours ou plusieurs semaines l'officialisation des résultats.

Désinformation

La confusion et l'incapacité du pays "leader du monde libre" à conclure l'élection fascinent, inquiètent et amusent le monde entier, en particulier les adversaires des Etats-Unis.

« Quel spectacle ! » a raillé le guide suprême iranien. La Russie, accusée par Washington de mener une campagne de désinformation, s'est fait un plaisir de relever les « lacunes évidentes » du système électoral américain "archaïque"... et s'est émue de la possibilité d'émeutes. Le Premier ministre de Slovénie, pays d'origine de la Première dame, a en revanche déjà félicité Donald Trump.

L'une des batailles concerne le grand Etat de Pennsylvanie, où les autorités ont été débordées par le volume de bulletins reçus par la poste. Donald Trump y était largement en tête mardi soir, ses électeurs ayant majoritairement choisi de voter en personne le jour de l'élection, des suffrages qui ont été comptés en premier.

Mais son avance a fondu au fur et à mesure que les bulletins envoyés par courrier -- à 78% en faveur de Joe Biden -- étaient comptés. Jeudi matin, M. Trump n'avait plus que 2,6 point d'avance en Pennsylvanie, et les démocrates étaient certains qu'ils finiraient par l'emporter à la fin du comptage.

« Nous agissons en justice pour suspendre le dépouillement en attendant plus de transparence », a déclaré Bill Stepien, le directeur de campagne de M. Trump.

Les lieutenants et la famille du président ont lancé une intense campagne de désinformation pour persuader leurs troupes que des fraudes massives étaient en cours, notamment dans les Etats comme la Pennsylvanie qui sont gouvernés par des démocrates. 

Ils propagent l'idée, lancée par Donald Trump, que des bulletins "surprise" sont apportés dans les centres de dépouillement.

Les démocrates affichaient à l'inverse leur confiance.

« Je suis venu vous dire que, quand le dépouillement sera terminé, nous pensons que nous allons gagner », a déclaré Joe Biden mercredi lors d'une brève allocution dans son fief de Wilmington, dans le Delaware.   

Une fois le résultat connu, il sera temps « de mettre les discours agressifs de la campagne derrière nous », a-t-il poursuivi, se posant en rassembleur d'un pays meurtri. « Pour avancer, nous devons arrêter de traiter nos opposants comme des ennemis. » 

 


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.