L’ONU se réunit pour sa 77e session, le multilatéralisme en jeu

Du changement climatique à la justice sociale en passant par les crises alimentaires et le conflit en Ukraine, l'AGNU se réunit à un moment éprouvant pour le multilatéralisme (Photo, AFP).
Du changement climatique à la justice sociale en passant par les crises alimentaires et le conflit en Ukraine, l'AGNU se réunit à un moment éprouvant pour le multilatéralisme (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 14 septembre 2022

L’ONU se réunit pour sa 77e session, le multilatéralisme en jeu

  • Les dirigeants mondiaux se réunissent à New York pour faire face à une série de crises qui s’accumulent
  • Ces défis, de la crise climatique à la guerre en Ukraine, sont considérés comme un test pour la cohésion mondiale

NEW YORK: La première Assemblée générale de l'ONU à se tenir en personne depuis 2019 se déroule sur fond de crises humanitaires, d'urgences climatiques, de conflits et de turbulences économiques sur presque tous les continents.

L'exécutif de l'organisme mondial est néanmoins impatient de se mettre au travail.

«Cela crée un sentiment d'excitation», a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à Arab News à New York cette semaine, avant la 77e session de l'AGNU.

Au cours des deux prochaines semaines, tous les regards seront tournés vers ce que Dujarric a appelé «la coupe du monde de la diplomatie», à un moment où le besoin de coopération mondiale est peut-être plus urgent et plus évident que jamais.

Un pompier se repose après avoir éteint un incendie dans un appartement touché par un tir de missile à Kharkiv, le 6 septembre 2022, en pleine invasion de l'Ukraine par la Russie. (Photo, AFP)

Des crises continuent de s’accumuler et de se multiplier dans le monde entier. L'insécurité alimentaire menace, les besoins humanitaires augmentent, les engagements climatiques ne sont pas tenus et les inégalités se creusent

Lors de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies, les dirigeants du monde entier convergeront vers le siège de l'ONU à New York pour discuter des moyens de résoudre collectivement ces problèmes interdépendants dans l'intérêt de tous.

Des militants de la société civile seront présents, ainsi que des représentants du secteur privé et des jeunes du monde entier, dans le cadre d'une initiative phare de la Fondation des Nations unies – Our Future Agenda.

Cependant, un sujet brûlant est dominera sans aucun doute l'agenda des quinze prochains jours: la guerre en Ukraine.

Le conflit n'a pas seulement déchaîné l'horreur sur le peuple ukrainien, mais a été ressenti dans le monde entier, créant de nouveaux défis et aggravant ceux qui existaient déjà.

«Je crois que le message (pour les dirigeants mondiaux) est d’observer et de constater tous les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui», a déclaré Dujarric à Arab News.

«Aucun de ces défis ne peut être résolu unilatéralement par un seul pays. Qu’il s’agisse du changement climatique, des conflits, de la faim, qui sont tous liés, je ne vois pas quelle plus grande définition nous pouvons donner que “des problèmes multilatéraux qui nécessitent des solutions multilatérales”», a-t-il signalé.

Un peu plus de six mois après le début de la guerre en Ukraine, il n'y a toujours «aucune fin en vue du conflit», a affirmé Rosemarie DiCarlo, secrétaire générale adjointe à la consolidation de la paix et aux affaires politiques, lors d'une réunion du Conseil de sécurité en août.

Des personnes attendent de l'eau avec des récipients dans l'un des 500 camps de personnes déplacées en ville, à Baidoa, en Somalie. (Photo, AFP)

Selon les estimations de l'ONU, basées sur des incidents vérifiés, environ 6 000 civils ont été tués et plus de 8 000 blessés au cours des 181 premiers jours du conflit. Les responsables de l'ONU craignent que les chiffres réels soient «considérablement plus élevés».

La guerre a entraîné la plus grande crise de déplacement depuis la Seconde Guerre mondiale. En six mois seulement, près de 8 millions d'Ukrainiens ont fui le pays, dépassant rapidement la crise syrienne, qui a vu 6 millions de Syriens déplacés sur une période de onze ans. Sept autres millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur du pays.

Le nombre de personnes déplacées dans le monde est passé à plus de 100 millions, ce qui constitue un nouveau cap sinistre.

Les changements climatiques, qui ont entraîné des sécheresses, des inondations et des températures extrêmes, ont déplacé des millions de personnes, perturbant les systèmes alimentaires locaux et menaçant des régions entières de famine.

Le Pakistan est la dernière victime en date du «carnage climatique», selon les termes de Guterres, lors d'une récente visite dans ce pays touché par la crise alimentaire.

L'insécurité alimentaire a été aggravée par la guerre en Ukraine, qui a fait exploser le prix mondial des céréales, frappant plus durement les pays vulnérables.

Selon le Programme alimentaire mondial, 345 millions de personnes seront en situation d'insécurité alimentaire aiguë ou à haut risque d'insécurité alimentaire dans 82 pays au cours de l'année prochaine. Il s'agit d'une augmentation de 47 millions de personnes souffrant de faim aiguë en raison des répercussions de la guerre en Ukraine.

En Somalie, des années de sécheresse ont à nouveau fait planer le spectre de la famine, qui devrait frapper certaines régions du pays entre octobre et décembre de cette année.

«J'ai été profondément choqué par le niveau de douleur et de souffrance que nous voyons tant de Somaliens endurer», a déclaré Martin Griffiths, le chef des opérations humanitaires des Nations unies, lors d'une visite à Mogadiscio au début du mois.

«La famine est à la porte, et nous recevons aujourd'hui un dernier avertissement», a-t-il ajouté.

Des membres d'un mouvement féministe d'Afghanistan participent à une manifestation à Kaboul, le 10 mai 2022. (Photo, AFP)

Un an après le retour au pouvoir des talibans, l'Afghanistan reste isolé et appauvri.

Au Moyen-Orient, la tragédie se poursuit en Syrie, avec un pays divisé, des infrastructures en ruines, une économie en lambeaux et des millions de ces citoyens d’avant-guerre toujours dispersés dans la région.

Le Liban continue de souffrir d'une crise financière paralysante et d'une paralysie politique insurmontable, tandis que les habitants de Gaza ont assisté à une nouvelle série de combats dans le conflit qui dure depuis soixante-dix ans, entraînant encore plus de morts et de destruction.

Mais le Moyen-Orient n'est pas le seul à souffrir. Le dernier indice de développement humain des Nations unies montre que la vie est devenue plus difficile dans les années 2020 pour presque tout le monde, le niveau de vie dans plus de 150 pays ayant atteint son niveau le plus bas depuis trente ans.

La pandémie de la Covid-19 a entraîné la plus forte baisse de l'espérance de vie dans la plupart des pays développés depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est dans les pays d'Amérique latine et des Caraïbes que les scores d'indice de développement humain (IDH) ont le plus baissé.

En Inde, l'espérance de vie – l'une des principales mesures du niveau de vie – a chuté de trois ans, tandis que les nations d'Afrique subsaharienne ont obtenu les scores d'IDH les plus bas, en partie à cause des conflits brutaux au Sud-Soudan et en Éthiopie.

Ces évolutions ont fortement compromis les progrès récents observés dans certaines des régions les plus pauvres du monde, où l'IDH des 46 pays les moins développés a augmenté près de quatre fois plus vite entre 1990 et 2019.

Par ailleurs, les chiffres de l'ONU montrent qu'environ 50 millions de personnes vivent dans l'esclavage moderne: 28 millions d'entre elles dans le travail forcé et 22 millions dans des mariages forcés. Par rapport aux estimations mondiales de 2016, 10 millions de personnes supplémentaires étaient en esclavage moderne en 2021.

On craint désormais que l'ampleur même de ces défis simultanés ne constitue une menace fondamentale pour l'ordre mondial. La guerre en Ukraine, en particulier, a ébranlé des institutions comme l'ONU.

«En approfondissant les divisions mondiales et en attisant la méfiance à l'égard de nos institutions, la guerre affaiblit les fondements de notre système international», a déclaré  DiCarlo.

«Les conséquences d'une rupture dans la façon dont le monde gère les questions de paix et de sécurité sont effrayantes à contempler», a-t-elle poursuivi.

Le cargo de marchandises sèches Razoni, battant pavillon de la Sierra Leone, transportant une cargaison de 26 000 tonnes de maïs, au départ du port d'Odessa, en mer Noire, au milieu de l'invasion militaire lancée par la Russie sur l'Ukraine. (Photo, AFP)

Guterres lui-même a qualifié la prochaine session de l'AGNU de «test pour le système multilatéral» et pour «la cohésion et la confiance entre les États membres».

En effet, la guerre et l'incapacité des Nations unies à l'empêcher ont soulevé des questions sur le rôle et la pertinence de cette organisation mondiale.

«J'entends ces opinions. J'entends ces messages. Je crois qu'il y a beaucoup de valeurs, beaucoup de véracité dans ces messages», a déclaré Csaba Korosi, le nouveau président de l'AGNU, à Arab News.

«Nous devons continuer à réformer et à transformer l'ONU, notamment l'Assemblée générale, et renforcer notre coopération par la confiance. Sans renforcer la confiance, il sera très, très difficile de faire face aux défis très complexes qui nous attendent.»

«Le monde a besoin de percées sur plusieurs questions brûlantes, comme la gestion de l'eau et la gestion du changement climatique. Tous mes efforts viseront à encourager les États membres, nos partenaires du monde des affaires et de la communauté scientifique, à nous aider à trouver les moments de rupture, les voies de transformation», a-t-il ajouté.

Même face à tant de défis et à la perte de confiance dans les institutions, certains fonctionnaires des Nations unies estiment qu'il y a des raisons d'espérer, notamment la réouverture récente de trois ports de la mer Noire et la reprise des exportations de céréales et d'engrais vers le marché libre dans le cadre d'un accord négocié par les Nations unies entre la Russie et l'Ukraine.

«Franchement, voir l'accord que nous avons pu obtenir sur l'initiative en faveur des grains de la mer Noire est en soi pour moi une lueur d'espoir», a annoncé Dujarric à Arab News.

«C'est un défi. Il peut être fragile. Il peut être ouvert à la critique. Mais le fait que nous ayons obtenu un accord à ce sujet et qu'il soit opérationnalisé au maximum, je pense, nous donne de l'espoir.»

Guterres lui-même estime que l'accord incarne «ce que nous pouvons réaliser avec une volonté politique, une expertise opérationnelle de haut niveau et un effort collectif». 

Interrogé sur le fait de savoir s'il pense que l'accord conduira finalement à un cessez-le-feu, Guterres a répondu: «Nous croyons toujours que l'espoir est la dernière chose que l'on peut perdre, et évidemment j'ai l'espoir que la valeur la plus importante pour l'humanité, à savoir la paix, arrivera aussi dans cette partie du monde.

«Pour nous, à l'ONU, la paix est toujours liée à la Charte des Nations unies et au droit international. Donc, mon espoir est que cet extraordinaire esprit d'engagement que nous avons vu dans le Centre de Coordination Conjoint, résultera dans un processus complexe, sûrement long, mais dans lequel nous voudrions tous voir la paix triompher», a soutenu Guterres.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Maison Blanche salue « un pas en avant » lors des pourparlers sur le nucléaire iranien à Oman

Cette combinaison de photos créées le 9 avril 2025 montre l'envoyé américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'adressant à des journalistes à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025 (à gauche), et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'adressant à l'AFP lors d'une interview au consulat iranien de Djedda le 7 mars 2025. Photo par Mandel NGAN et Amer HILABI / AFP)
Cette combinaison de photos créées le 9 avril 2025 montre l'envoyé américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'adressant à des journalistes à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025 (à gauche), et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'adressant à l'AFP lors d'une interview au consulat iranien de Djedda le 7 mars 2025. Photo par Mandel NGAN et Amer HILABI / AFP)
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  • La Maison Blanche a ajouté dans un communiqué que les pourparlers menés par l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, avaient franchi « un pas en avant vers un accord mutuellement satisfaisant ».
  • La diplomatie iranienne a salué « une atmosphère constructive basée sur le respect mutuel ».

MASCATE, OMAN : Les États-Unis ont salué « un pas en avant » et des discussions « très positives et constructives » à l'issue de rares pourparlers sur le programme nucléaire iranien, après les menaces du président Donald Trump de recourir à une opération militaire en l'absence d'un compromis.

La Maison Blanche a ajouté dans un communiqué que les pourparlers menés par l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, avaient franchi « un pas en avant vers un accord mutuellement satisfaisant ».

À bord de l'avion présidentiel Air Force One, M. Trump a qualifié ces premières discussions de « OK », refusant d'en dire davantage tant qu'elles ne sont pas terminées.

Après avoir brièvement échangé avec M. Witkoff lors de discussions indirectes dans la capitale omanaise Mascate, M. Araghchi a précisé que le dialogue reprendrait « samedi prochain », c'est-à-dire le 19 avril. 

« La partie américaine a également déclaré que l'accord souhaité était celui qui pouvait être atteint dans les plus brefs délais, mais cela ne sera pas facile et nécessitera la volonté des deux parties », a-t-il dit à la télévision d'État iranienne.

« Lors de la réunion, je pense que nous nous sommes beaucoup rapprochés d'une base de négociation (...). Ni nous ni l'autre partie ne voulons de négociations infructueuses, de discussions pour le simple plaisir de discuter, d'une perte de temps et de négociations interminables », a-t-il ajouté.

Les discussions se sont déroulées dans « une atmosphère cordiale », selon Badr al-Boussaïdi, ministre omanais des Affaires étrangères et médiateur pendant les échanges.

Les Américains avaient appelé à des discussions directes. 

Dans un communiqué, la diplomatie iranienne a salué « une atmosphère constructive basée sur le respect mutuel », précisant que MM. Araghchi et Witkoff avaient eu un échange direct de « quelques minutes ».

Adversaires depuis 1979, Téhéran et Washington tentent de parvenir à un nouvel accord sur le nucléaire, après le règlement international dit JCOPA de 2015 dont Donald Trump s'est retiré unilatéralement lors de son premier mandat, en 2018.

L'Iranien Araghchi a déclaré viser « un accord équitable et honorable, sur la base de l'égalité ». 

Affaibli par les revers infligés par Israël à ses alliés, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza, l'Iran cherche à obtenir la levée des sanctions qui étranglent son économie.

Donald Trump a adopté une politique de « pression maximale » à l'égard de la République islamique et imposé de nouvelles sanctions visant son programme nucléaire et son secteur pétrolier. Il avait créé la surprise en annonçant lundi la tenue de ces discussions, après des semaines de joutes verbales entre deux pays qui ont rompu leurs relations diplomatiques depuis 45 ans. 


Des pourparlers sont attendus entre Téhéran et Washington, sur fond de menaces américaines

Cette combinaison d'images créée le 09 avril 2025 montre l'envoyé américain au Moyen-Orient Steve Witkoff après une réunion avec des responsables russes au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025 (G) ; et le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi s'adressant à l'AFP lors d'une interview au consulat iranien de Jeddah le 7 mars 2025. (Photo par EVELYN HOCKSTEIN et Amer HILABI / diverses sources / AFP)
Cette combinaison d'images créée le 09 avril 2025 montre l'envoyé américain au Moyen-Orient Steve Witkoff après une réunion avec des responsables russes au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025 (G) ; et le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi s'adressant à l'AFP lors d'une interview au consulat iranien de Jeddah le 7 mars 2025. (Photo par EVELYN HOCKSTEIN et Amer HILABI / diverses sources / AFP)
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MASCATE, OMAN : Les États-Unis et l'Iran entament samedi à Mascate des discussions aux enjeux considérables sur le dossier du nucléaire iranien, après des menaces d'une opération militaire américaine en cas d'échec.

L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doivent conduire ces discussions à huis clos à Mascate.

Il s'agira des premières négociations de ce niveau entre les deux pays ennemis depuis que les États-Unis se sont retirés en 2018 de l'accord conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances pour encadrer son programme nucléaire, en échange d'une levée des sanctions.

Leur durée et leur format restent incertains : la Maison Blanche affirme qu'il s'agira de négociations directes « dans une même pièce », tandis que l'Iran parle de discussions par l'intermédiaire des Omanais. 

Selon la télévision d'État iranienne, M. Araghchi s'est entretenu avec des responsables omanais à son arrivée à Mascate. Il est notamment accompagné de ses vice-ministres chargés des affaires politiques et juridiques.

Le président américain Donald Trump a adopté une politique de « pression maximale » à l'égard de l'Iran et imposé de nouvelles sanctions visant son programme nucléaire et son secteur pétrolier.

Il a créé la surprise en annonçant lundi la tenue de ces discussions, après des semaines de guerre des mots entre les deux pays, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans. 

M. Witkoff, qui était en visite vendredi en Russie, a déclaré au Wall Street Journal que la « ligne rouge » pour Washington était « la militarisation de la capacité nucléaire » de l'Iran.

« Notre position commence par le démantèlement de votre programme. C'est notre position aujourd'hui. Cela ne veut pas dire qu'à la marge nous n'allons pas trouver d'autres moyens pour tenter de parvenir à un compromis », a-t-il dit en parlant du message qu'il livrerait aux Iraniens.

Mercredi, le président américain, qui ne cesse de menacer d'attaquer l'Iran, a encore fait monter la pression en déclarant qu'une intervention militaire contre ce pays était « tout à fait » possible en cas d'absence d'accord.

« S'il faut recourir à la force, nous le ferons. Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file », a averti M. Trump, un allié du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui agite régulièrement le spectre d'une attaque contre le programme nucléaire iranien, perçu comme une menace pour son pays. 

Après le retrait des États-Unis de l'accord de 2015 et le rétablissement de sanctions américaines à son encontre, la République islamique d'Iran s'est démarquée du texte.

Elle a accru son niveau d'enrichissement de l'uranium jusqu'à 60 %, soit bien au-delà de la limite de 3,67 % imposée par l'accord, et se rapproche du seuil de 90 % nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique.

Selon Ali Vaez, du groupe de réflexion International Crisis Group, le premier point à l'agenda, « et l'un des plus importants », sera de définir le champ des discussions.

Selon lui, l'Iran pourrait « s'engager à prendre des mesures pour limiter son programme nucléaire » en échange d'un allègement des sanctions, « mais pas le démanteler entièrement ».

Pour Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris, « les négociations ne se concentreront pas exclusivement (...) sur le programme nucléaire. L'accord devra inclure l'arrêt du soutien de l'Iran à ses alliés régionaux ».

Les conflits à Gaza et au Liban ont attisé les tensions entre l'Iran et Israël, qui ont mené des attaques militaires réciproques pour la première fois depuis des années de guerre par procuration.

Selon M. Bitar, « la seule et unique priorité est la survie du régime, et, idéalement, l'obtention d'un peu d'oxygène, c'est-à-dire un allègement des sanctions, afin de relancer l'économie, car le régime est devenu assez impopulaire ».


L'émissaire américain Witkoff est en Russie, selon le Kremlin

Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine. (AFP)
Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine. (AFP)
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  • Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine
  • "Oui, je confirme, il est en effet arrivé en Russie", a déclaré Dmitri Peskov, cité par l'agence russe Ria Novosti qui le questionnait sur des informations de presse faisant état de la venue du responsable américain

MOSCOU: Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine.

"Oui, je confirme, il est en effet arrivé en Russie", a déclaré Dmitri Peskov, cité par l'agence russe Ria Novosti qui le questionnait sur des informations de presse faisant état de la venue du responsable américain.

Interrogé sur la possibilité d'une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, M. Peskov a répondu: "si c'est le cas, nous le dirons".

La raison de la visite de Steve Witkoff n'a pas été communiquée.

Cet ami proche de Donald Trump a été impliqué dans des discussions autour du conflit en Ukraine, mais il est aussi l'émissaire du président au Moyen-Orient.

Il est attendu samedi au sultanat d'Oman pour des pourparlers inédits avec l'Iran, pays proche de Moscou mais avec lequel Washington n'a plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Ces discussions visent à négocier un nouvel accord sur le nucléaire iranien.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces accusations.

La Russie est un proche partenaire de l'Iran, et le Kremlin s'était dit en avril favorable à des négociations directes entre Washington et Téhéran.

Trump "furieux" 

La visite de Steve Witkoff intervient également au lendemain d'un échange de prisonniers entre Washington et Moscou et d'un round de discussions sur le fonctionnement de leurs missions diplomatiques, pour la deuxième fois depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier.

Le président américain veut se rapprocher de la Russie, dont les Occidentaux se tiennent à l'écart depuis le début de l'attaque russe contre l'Ukraine en 2022.

Donald Trump cherche à mettre fin au plus vite à ce conflit qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts.

Cette détermination fait craindre à Kiev d'être contraint par son puissant allié à accepter d'âpres concessions. D'autant que le tempétueux Donald Trump envoie des signaux contradictoires.

Il a multiplié les piques à l'encontre du président ukrainien Volodymyr Zelensky, et critiqué l'aide que son pays a apportée à Kiev.

Mais Donald Trump a aussi menacé la Russie de nouvelles sanctions si elle ne consentait pas à la paix.

Il a dit fin mars à la chaîne NBC être "très énervé" et "furieux" contre Vladimir Poutine, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une "administration transitoire" en Ukraine, impliquant le départ du pouvoir de Volodymyr Zelensky.

Pas de cessez-le-feu 

Steve Witkoff a lui fait l'éloge de Vladimir Poutine. Il avait estimé dans une interview, le mois dernier, que le président russe n'était pas "un mauvais type".

L'émissaire américain l'a déjà rencontré à deux reprises. En mars, il s'était rendu en Russie pour discuter d'une proposition américaine d'un cessez-le-feu inconditionnel en Ukraine.

Mais Vladimir Poutine n'avait pas été convaincu, et cette proposition de trêve de 30 jours, acceptée par l'Ukraine, ne s'est pas concrétisée.

Donald Trump a seulement réussi à obtenir de son homologue russe un moratoire des frappes sur les infrastructures énergétiques, que l'Ukraine comme la Russie s'accusent depuis de violer.

Washington avait aussi annoncé fin mars une trêve limitée en mer Noire, aux contours flous.

Lundi, le Kremlin, accusé par Kiev et des capitales occidentales de faire traîner les discussions, avait estimé que de nombreuses questions restaient à régler en vue de conclure un accord de cessez-le-feu global avec l'Ukraine.

Le directeur du Service de renseignement extérieur russe (SVR), Sergueï Narychkine, a, lui, affirmé vendredi que les discussions entre Moscou et Washington allaient se poursuivre concernant "différentes thématiques", notamment celle de potentiels échanges de prisonniers.