MARACAIBO : Pénurie d'essence à la pompe? Coupures d'électricité? Pour pallier ces deux problèmes dans un Venezuela en plein marasme économique, le cinéaste et restaurateur Augusto Pradelli a ajouté une corde à son arc en mettant au point une voiture solaire artisanale.
Il aimerait les produire en série dans ce pays pétrolier où l'essence se vend pour presque rien mais où les pénuries sont fréquentes, le pays plongé dans la crise ayant du mal à raffiner assez de pétrole pour ses besoins propres.
A Maracaibo (nord-ouest), pourtant berceau de l'industrie pétrolière, l'absence d'essence est récurrente depuis 10 ans même si la situation s'est améliorée ces dernières semaines.
«J'avais besoin de faire du shopping pour garder mon entreprise (restaurant) ouverte et active. La première chose que j'ai faite a été de modifier une voiturette de golf qu'on m'avait offerte», raconte-t-il à l'AFP.
Le premier modèle qu'il a développé utilisait un moteur de moto peu gourmand en carburant, mais «j'étais toujours dépendant de l'essence». Il a ensuite utilisé des batteries électriques. Son prototype était capable d'atteindre une vitesse de 40 km/h et de parcourir 100 km par jour en se rechargeant sur le courant domestique de 110 volts.
Mais, les coupures de courant étant fréquentes, il a cherché dans son petit atelier une autre solution. «A Maracaibo, il y a le soleil (...) alors nous avons fabriqué un chariot avec des panneaux solaires» qu'il a posé sur la voiture, explique-t-il.
- conduite par le président -
Le résultat est un véhicule hybride qui peut passer du carburant à l'électricité et de l'électricité à l'énergie solaire.
Le cinéaste, qui s'était rendu en célèbre avec son film «Joligud» (jeu de mots avec Hollywood), sorti en 1990 et tournée à Maracaibo, espère désormais passer de l'artisanat à la grosse production.
Il recherche des financements et l'autorisation de l'État pour produire en série ses voitures solaires.
Le président Nicolas Maduro, lors d'un événement officiel, a conduit l'une de ces voitures, noire, avec des rayons bleus peints sur la carrosserie.»Technologie 100 % vénézuélienne», a même lancé le président Maduro.
«Le grand rêve serait de pouvoir les produire, à partir de zéro, au Venezuela. Je crois que c'est possible», espère M. Pradelli.
Ses voitures coûtent entre 5000 et 7500 dollars, ce qui est le prix moyen d'un véhicule d'occasion dans le pays. À long terme, cependant, les économies de carburant et d'entretien en font un investissement rentable, assure-t-il.
«Un pack (de batteries) coûte jusqu'à 2500 dollars, mais si vous savez comment le gérer, il peut durer trois à cinq ans. J'ai déjà économisé 3000 dollars pour chaque voiture», insiste M. Pradelli.
Il jure que l’entretien est très simple car ces hybrides «made in Maracaibo» n'ont ni carburateur ni alternateur.
Et il affirme qu'elles sont sûres, indiquant que des tests concluants ont été effectués à la faculté d'ingénierie mécanique de l'université locale de Zulia (LUZ).
«Elles sont petites, mais même si elles paraissent fragiles, si vous avez un accident, vous ne serez pas tué», promet-il.