MEXICO: La Garde Nationale du Mexique est passée vendredi sous le contrôle de l'armée, résultat d'une réforme législative contestée par les Nations Unies et les organisations de défense des droits de l'homme qui dénoncent la militarisation de la sécurité publique.
Le Sénat a définitivement adopté cette réforme prévoyant le rattachement au ministère de la Défense de la Garde nationale, une force de police avec un commandement civil, pour notamment lutter contre le narcotrafic.
Même si ses 115.000 membres sont principalement des militaires, elle dépendait jusqu'ici du ministère de la Sécurité.
Votée par les députés le 3 septembre, la réforme a été adoptée par 71 voix pour, 51 contre et une abstention, a annoncé le Sénat sur son compte Twitter.
Cette réforme suscite un vif débat au Mexique, le président étant accusé de vouloir militariser le pays, ce dont il se défend. L'opposition et les organisations de défense des droits de l'homme l'estiment contraire à la Constitution et les parlementaires d'opposition devraient la contester devant la Cour suprême.
La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme par intérim, Nada Al-Nashif, a depuis Genève qualifié cette décision de "revers pour la sécurité publique fondée sur les droits de l'homme". Cela laisse le pays "sans force de police civile au niveau fédéral, ce qui consolide davantage le rôle déjà prépondérant des forces armées dans la sécurité publique", a-t-elle ajouté.
La Garde nationale est un corps de sécurité créé en 2019 par le président de gauche Andres Manuel Lopez Obrador après son arrivée au pouvoir fin 2018 pour combattre le crime organisé. Elle venait remplacer la Police fédérale qui, durant ses dix années d'existence, a été entachée par des allégations de corruption et de violations des droits humains.
Selon M. Obrador, ce placement sous une nouvelle autorité ministérielle permettra à la Garde nationale d'avoir "la tutelle, les conseils et l'exemple" du Ministère de la Défense (Sedena). Selon lui, l'armée est moins sujette à la corruption et jouit d'une plus grande popularité dans le pays.
L'objectif est de créer "une institution avec une discipline, des valeurs et des vertus dans le domaine de la sécurité publique, semblables à celles que nous avons dans les forces armées", a déclaré le Général Luis Cresencio Sandoval, chef de Sedena.
"L'armée est le peuple en uniforme", répète souvent le président mexicain qui a transféré en 2021 le contrôle des douanes à l'armée. De grands travaux, comme le deuxième aéroport de Mexico ou le train touristique dans le Yucatan, ont également été confiés aux militaires.
Le Mexique, frappé par une spirale de violence liée au crime organisé, a enregistré plus de 340.000 morts violentes depuis décembre 2006, date du lancement d'une opération militaire anti-drogue controversée.