MARSEILLE: Le policier auteur du tir mortel sur un automobiliste mercredi à Nice, lors d'un refus d'obtempérer, a finalement été mis en examen pour violences volontaires vendredi. Une vision du dossier très éloignée de celle des proches de la victime, qui dénoncent un homicide.
Il a été mis en examen pour "violences volontaires avec arme ayant causé la mort sans intention de la donner" et a été interdit de port d'arme, a annoncé vendredi soir à l'AFP le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme.
Désormais placé sous contrôle judiciaire, le policier de 23 ans, adjoint au sein d'une brigade de sécurité routière, avait été placé en garde à vue et entendu dans le cadre d'une information judiciaire ouverte "pour déterminer de manière contradictoire et sous l'autorité d'un juge d'instruction, les circonstances exactes du tir".
De son côté, l'IGPN, la police des polices, a été chargée d'une enquête pour homicide volontaire.
Les faits se sont déroulés mercredi vers 16h30 quand un homme de 24 ans circulant sans permis à bord d'un véhicule volé a été repéré sur la voie rapide de Nice en train de "zigzaguer dangereusement", selon les explications de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP).
Refusant d'obtempérer aux policiers lui faisant signe de s'arrêter, l'homme avait accéléré et quitté la voie rapide, avant de se retrouver bloqué, de faire demi-tour et de venir percuter le véhicule de police qui le suivait.
"Après plusieurs sommations", le policier a tiré "à une reprise sur le conducteur du véhicule volé", une version "corroborée par des témoins présents sur les lieux", avait déclaré M. Bonhomme dans la journée de vendredi, en annonçant l'ouverture de l'information judiciaire.
Tir mortel
Selon des vidéos diffusées jeudi sur les réseaux sociaux, le conducteur, bloqué par une voiture de police à l'avant, fait d'abord une marche arrière avant de tenter de déboiter et de redémarrer. Mais il est alors à nouveau bloqué par la voiture de police à l'avant. C'est à cet instant que le policier, arme au poing et debout près du véhicule, tire à travers la vitre côté conducteur.
Mais le scénario du parquet est rejeté par les proches de la victime, pour qui "il est évident qu’on a (affaire) à un homicide, il n'y a pas de discussion là-dessus", avait déclaré jeudi l'un de leurs avocats, Me Sefen Guez Guez.
La réaction du policier "est clairement disproportionnée", avait insisté cet avocat du barreau de Nice, co-désigné avec Me Ouadie Elhamamouchi pour défendre la famille de la victime: "qu'importent les circonstances ou la réalité de son comportement antérieurement, il n'y avait pas de danger de mort qui justifie qu'on tue de sang froid cet homme".
La victime avait déjà été condamnée, "notamment pour des faits de conduite sans permis, d'infraction à la législation sur les stupéfiants et de vol et recel de vol", avait précisé M. Bonhomme vendredi dans son communiqué.
Interrogé au sujet des vidéos du drame jeudi matin sur Franceinfo, le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, avait évoqué le "poids et la violence de certaines images". "Dans une affaire comme celle-là, c'est l'ensemble de l'action qui doit être analysée. Ce qui s'est passé avant, dans l'environnement. La perception qu'ont pu en avoir les policiers au moment de l'intervention", avait-il insisté.
Ce tir policier mortel de Nice est intervenu quelques heures à peine après qu'une femme de 22 ans a été tuée et un homme de 26 ans blessé à Rennes, là aussi par le tir d'un policier, lors d'une interception menée dans le cadre d'une opération anti-drogue.