PARIS: Emmanuel Macron a rendu jeudi hommage à Elizabeth II, saluant "une reine de cœur" qui a été "une amie de la France" dont elle a connu 10 présidents au cours de ses 70 ans de règne.
"La reine aux seize royaumes aimait la France, qui le lui rendait bien", a réagi le président dans un communiqué publié peu après l'annonce de son décès, à l'âge de 96 ans.
"Le peuple français aussi porte son deuil", a-t-il ajouté en précisant qu'il adressait à "Sa Majesté le Roi" Charles III, "à la famille royale, au gouvernement de Sa Majesté et au peuple britannique le témoignage de son amitié séculaire et de sa tristesse".
En signe de recueillement, la présidence a placé un drapeau britannique sur le perron de l'Elysée et mettra les drapeaux en berne vendredi et le jour des obsèques.
Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron n'a pas eu l'opportunité d'accueillir Elizabeth II à l’Élysée mais il l'a saluée à trois reprises au Royaume-Uni: le 5 juin 2019 pour le 75ème anniversaire du Débarquement à Portsmouth, le 3 décembre 2019 au palais de Buckingham en marge d'un sommet de l'Otan, puis le 11 juin 2021 en Cornouailles pour le sommet du G7.
Le 2 juin, le chef de l’État avait rendu un vibrant hommage à Elizabeth II pour son jubilé de platine marquant ses 70 ans de règne.
"Vous êtes le fil d'or qui lie nos deux pays, la preuve de l'amitié indéfectible entre nos nations", avait-il déclaré dans un message adressé en anglais à la souveraine.
"Vous êtes notre amie" et "une source de sagesse pour les dirigeants de nos deux pays", avait-il ajouté, dans un contexte de tensions entre Paris et Londres sur fond de Brexit.
Depuis son premier voyage en 1948, Elizabeth II a effectué de nombreuses visites en France: à Paris pour des visites d’État déclenchant à chaque fois la fièvre populaire mais aussi à Bordeaux, Toulouse ou Blois...
"Nul autre souverain étranger n’a gravi le perron de l’Élysée plus souvent qu’elle, qui fit à la France l’honneur de six visites d’État, et rencontra chacun de ses présidents", a rappelé Emmanuel Macron.
Dans le même temps, elle a accueilli au Royaume-Uni tous les présidents, impressionnés par le faste royal.
"Quand on parle à la reine, on parle à l'Histoire du XXe siècle", a résumé Nicolas Sarkozy, en racontant en juin sur France 2 "l'enthousiasme" avec lesquels sa femme Carla et lui-même avaient été accueillis au château royal de Windsor en 2008.
"Je n'oublie pas son sourire, plein de bonté et d’espièglerie, ni son humour si délicieusement britannique", a-t-il ajouté jeudi.
"Cohue fervente"
"Les présidents passent, elle demeure", note son successeur François Hollande dans son livre "Leçons de pouvoir" (2018), où il raconte la ferveur de la visite de la reine à Paris en 2014.
"Aucune visite n’avait suscité autant de curiosité que celle que me fit la reine d’Angleterre. Elizabeth II entra à l’Élysée au milieu d’une cohue joyeuse et fervente massée tout au long de son itinéraire", se rappelle l'ex-président socialiste, qui a salué jeudi "une personnalité exceptionnelle".
Lors du dîner donné en son honneur à l’Élysée, Elizabeth II avait déclaré que la Grande-Bretagne et la France étaient liées "par ce mélange unique d'amitié, de rivalité dans la bonne humeur, ainsi que d'admiration".
Auparavant, la reine avait été accueillie en 1957 par le président René Coty, en 1972 par Georges Pompidou, en 1992 par François Mitterrand puis en 2004 par Jacques Chirac après avoir traversé la Manche à bord d'un Eurostar.
Le 18 juin 2020, c'est son fils et héritier, le prince Charles, qui avait reçu Emmanuel Macron à Londres pour célébrer le 80e anniversaire de l'appel du 18 juin du général de Gaulle en 1940.
A cette occasion, le président avait indiqué avoir reçu un appel téléphonique "cordial" de la reine, qui "avait évoqué ses propres souvenirs du général".