PARIS: La justice française va enquêter sur les dysfonctionnements à l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille (sud-est) au temps où cet établissement était dirigé par le professeur controversé Didier Raoult, chantre de l'hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19.
Dans un rapport administratif sévère publié lundi, une série de dérives médicales et scientifiques, mais aussi de management, sont pointées, dont plusieurs pouvant "relever d'une qualification pénale".
Ce rapport "met en lumière des dysfonctionnements graves de l'IHU", et "plusieurs éléments" sont "susceptibles de constituer des délits ou des manquements graves à la réglementation en matière de santé ou de recherche", déclarent les ministres français de la Santé et de la Recherche, François Braun et Sylvie Retailleau, dans un communiqué commun.
Ils précisent avoir saisi le parquet de Marseille.
Lundi soir, la procureure de Marseille Dominique Laurens a indiqué à l'AFP avoir ouvert une information judiciaire, sans plus de détails.
Contacté par l'AFP, l'IHU de Marseille n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat.
À la lumière de ce document, les ministres relèvent "certaines pratiques médicales et scientifiques inappropriées répandues" au sein de l'Institut créé en 2011 et dirigé par le Pr Didier Raoult jusqu'à la fin août 2022.
Sont pointées des pratiques "ne respectant pas la réglementation et pouvant générer un risque sanitaire pour les patients, notamment au cours des protocoles de recherche", des "dérives dans les pratiques de management, pouvant générer harcèlement et mal-être au travail", des "dérives dans la gouvernance, qui ne respecte pas strictement les règles encadrant les fondations de coopération scientifique", précise le communiqué.
Entre autres pratiques "de nature à relever d'une qualification pénale", le rapport relève que des patients soignés à l'IHU pour Covid-19 ou tuberculose se voyaient administrer des "molécules en dehors de leur autorisation de mise sur le marché".
Les positions du Pr Raoult sur l'hydroxychloroquine pour soigner la Covid-19 lui avaient valu une grande popularité en France auprès des "antisystème" et des complotistes, persuadés que les critiques à son encontre étaient téléguidées par l'industrie pharmaceutique opposée à un traitement bon marché.
À l'étranger, le président américain d'alors, Donald Trump, et son homologue brésilien, Jair Bolsonaro, se sont notamment faits les apôtres de ce dérivé de l'antipaludéen chloroquine.