L'aide nécessaire à l'Ukraine prive de financement d'autres points chauds de la planète

Des réfugiés ukrainiens sont évacués d'Irpin vers Kiev après l'invasion de l'Ukraine par les forces russes. (Shutterstock)
Des réfugiés ukrainiens sont évacués d'Irpin vers Kiev après l'invasion de l'Ukraine par les forces russes. (Shutterstock)
Les réfugiées qui ont rejoint les centres d'accueil pour fuir la guerre en Éthiopie sont désormais confrontées à la baisse de l'aide humanitaire, les donateurs accordant davantage d'attention aux millions de personnes déplacées en Ukraine. (AFP)
Les réfugiées qui ont rejoint les centres d'accueil pour fuir la guerre en Éthiopie sont désormais confrontées à la baisse de l'aide humanitaire, les donateurs accordant davantage d'attention aux millions de personnes déplacées en Ukraine. (AFP)
Sacha (12 ans), un réfugié ukrainien, pose pour une photo dans le Centre d'aide humanitaire installé dans le hall de la Global Expo à Varsovie, le 15 juillet 2022. (AFP)
Sacha (12 ans), un réfugié ukrainien, pose pour une photo dans le Centre d'aide humanitaire installé dans le hall de la Global Expo à Varsovie, le 15 juillet 2022. (AFP)
La guerre en Ukraine a affaibli l'aide humanitaire destinée aux réfugiés, comme ceux qui vivent dans ce camp pour personnes déplacées surpeuplé à la frontière turco-syrienne. (AFP)
La guerre en Ukraine a affaibli l'aide humanitaire destinée aux réfugiés, comme ceux qui vivent dans ce camp pour personnes déplacées surpeuplé à la frontière turco-syrienne. (AFP)
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Publié le Lundi 05 septembre 2022

L'aide nécessaire à l'Ukraine prive de financement d'autres points chauds de la planète

Des réfugiés ukrainiens sont évacués d'Irpin vers Kiev après l'invasion de l'Ukraine par les forces russes. (Shutterstock)
Les réfugiées qui ont rejoint les centres d'accueil pour fuir la guerre en Éthiopie sont désormais confrontées à la baisse de l'aide humanitaire, les donateurs accordant davantage d'attention aux millions de personnes déplacées en Ukraine. (AFP)
Sacha (12 ans), un réfugié ukrainien, pose pour une photo dans le Centre d'aide humanitaire installé dans le hall de la Global Expo à Varsovie, le 15 juillet 2022. (AFP)
La guerre en Ukraine a affaibli l'aide humanitaire destinée aux réfugiés, comme ceux qui vivent dans ce camp pour personnes déplacées surpeuplé à la frontière turco-syrienne. (AFP)
  • Les Nations unies ont récolté à peine un tiers des 48,7 milliards de dollars sollicités cette année pour venir en aide à 200 millions de personnes
  • Le manque de financement s'explique par la taille des aides humanitaires dont le monde a besoin à l'heure actuelle

NEW YORK/BOGOTA (Colombie): En raison du besoin grandissant d'aide humanitaire et de la priorité accordée à l'Ukraine, les acteurs du secteur se retrouvent à court d'argent; ils peinent à répondre aux crises urgentes qui sévissent dans d’autres régions du monde, comme en Syrie, en Afghanistan et en Éthiopie.

Pour l’année 2022, les Nations unies estiment à plus de 48,7 milliards de dollars (1 dollar = 1,01 euro) les fonds nécessaires aux organisations d'aide humanitaire actives dans les zones de conflit et de catastrophe pour secourir plus de 200 millions de personnes. Au mois d’août de cette année, elles n'avaient récolté qu'un tiers de la somme requise.

Cette situation est en partie imputable à la taille même des besoins humains dans le monde, des guerres simultanées aux catastrophes naturelles en passant par les crises financières et par les répercussions de la pandémie de Covid-19.

Un autre facteur ponctionne les coffres des agences humanitaires: la guerre en Ukraine. Depuis l'invasion de ce pays par la Russie, en février dernier, ce dossier a occupé le devant de la scène dans les pays occidentaux en termes d'aide internationale.

En effet, les Nations unies ont exhorté les donateurs à allouer cette année plus de 6 milliards de dollars pour soutenir les Ukrainiens déplacés ou affectés par les combats. Leur premier appel a récolté un montant supérieur aux fonds sollicités pour soutenir l'Ukraine. La deuxième campagne est sur le point de récolter la totalité des fonds requis.

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Des réfugiés ukrainiens assistent à une foire à l'emploi destinée aux Ukrainiens organisée par la Chambre d'industrie et de commerce (IHK) à Berlin, le 2 juin 2022. (AFP)

En revanche, les programmes d'aide ne sont parvenus à réunir qu'une petite part des fonds nécessaires pour secourir les populations dans les autres points chauds de la planète: au Moyen-Orient (Irak, Syrie et Yémen), en Afrique (République démocratique du Congo, Éthiopie et Sud-Soudan), en Asie du Sud (Afghanistan, Bangladesh et Myanmar) et en Amérique latine (Colombie, Haïti et Venezuela).

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée à la situation en Syrie, le 29 août dernier, Joyce Msuya, secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et coordinatrice adjointe des secours d'urgence au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha), a exprimé «sa profonde inquiétude quant aux préjudices irréversibles occasionnés par le manque persistant de financement».

«Cette situation risque de compromettre l'assistance vitale et de restreindre les investissements consacrés aux moyens de subsistance et aux services de base. Ce manque de financement entraîne de lourdes conséquences: davantage de jeunes abandonnent l'école, les taux de malnutrition grimpent et les interventions qui visent à protéger les individus sont moins nombreuses.»

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Des enfants se tiennent à côté d'une tente dans un camp inondé réservé aux Syriens déplacés par le conflit à proximité du village de Kafr Uruq, dans la province d'Idlib, contrôlée par les rebelles, au nord de la Syrie, le 17 janvier 2021. (Fichier AFP)

Au sujet de sa mission en Syrie, Mme Msuya précise qu’«il faut agir sans tarder; sinon, on risque de perdre toute une génération de jeunes Syriens».

On constate en effet une baisse des budgets d'aide alloués aux projets en Syrie et à l'aide aux réfugiés syriens accueillis dans les pays voisins. Cette baisse se poursuit en dépit de la recrudescence récente de la violence dans le nord de la Syrie (notamment dans la campagne d'Alep et dans le Nord-Est, contrôlé par les Kurdes), de la crise des déplacements qui perdure et des besoins humanitaires qui s'imposent de plus en plus. Cette série de crises survient dans un contexte où le processus politique se trouve enlisé et où le régime se tient au bord de la faillite économique.

Certains observateurs reprochent aux pays occidentaux, qui financent la plus grande partie de l'aide humanitaire, de suivre une politique de «deux poids, deux mesures», voire de faire preuve d'un racisme flagrant: ils financent à tour de bras les projets d'aide destinés à leurs concitoyens européens (majoritairement blancs et chrétiens) pris dans la crise ukrainienne et refusent de soutenir des projets indispensables au Moyen-Orient, à l'Afrique, à l'Asie du Sud ou encore à l'Amérique latine.

«Je suis profondément préoccupé par le manque de financement auquel sont confrontées une douzaine d'opérations menées dans plusieurs pays, du Bangladesh à la Colombie», a confié Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des nations unies pour les réfugiés, lors d'une conférence de presse organisée en juillet. «Il faut insister et répéter sans relâche ce message [dans nos pays]: les actions humanitaires ne peuvent pas être accordées exclusivement à l'Ukraine.»

Le directeur général de l'OMS (Organisation mondiale de la santé, NDLR), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a suscité un tollé auprès des diplomates en avril dernier lorsqu'il a accusé la communauté internationale d'appliquer une politique de deux poids, deux mesures dans sa réponse aux crises qui touchent les différentes ethnies.

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Des réfugiés se reposent à l'ombre d'une tente de fortune dans la ville de Semera, dans la région d'Afar, en Éthiopie, le 14 février 2022. (AFP)

M. Ghebreyesus, originaire d'Éthiopie, a souligné que le monde ne répondait pas de la même manière aux crises humanitaires qui affectaient les Noirs et à celles qui touchaient les Blancs. Il estime qu'«une infime partie» de l'attention accordée à l'Ukraine est consacrée à d'autres pays.

Selon lui, la guerre en Ukraine retient une plus grande attention alors que d'autres régions, notamment la région du Tigré, dans le nord de l'Éthiopie, ne reçoivent pas la sollicitude qu'elles méritent. Le conflit du Tigré, qui a éclaté en novembre 2020, a provoqué des milliers de morts et des millions de personnes déplacées.

«Le monde ne prête pas le même degré d'attention aux vies des Noirs qu’à celles des Blancs», s’est ému M. Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d'une conférence de presse. «Toute l'attention portée à l'Ukraine est très importante, bien sûr, parce que cela a un impact sur le monde entier», a-t-il ajouté.

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Des réfugiés éthiopiens qui ont fui les combats dans la région du Tigré transportent des matériaux de construction à l'aide d'une charrette tirée par un âne, au camp d'Oum Rakuba, dans l'État de Gedaref, dans l'est du Soudan. (AFP)

«Mais pas même une fraction [de cette attention] n'est accordée au Tigré, au Yémen, à l'Afghanistan, à la Syrie et à d'autres pays. Il me faut être direct et honnête, le monde ne traite pas les races humaines de la même façon. Certaines sont plus égales que d'autres. Et quand je dis cela, cela me fait de la peine. C'est très difficile à accepter, mais c'est ce qui arrive.»

Il est vrai que les donateurs occidentaux accordent une importance géopolitique manifeste à la guerre en Ukraine, dans la mesure où elle affecte leurs intérêts nationaux – et qu’elle oblige les pays européens voisins à accueillir 6 millions d'Ukrainiens. Néanmoins, cette situation suscite des inquiétudes quant à la politisation de l'aide.

Martin Griffiths, secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence au sein de l’organisation, réfute le fait que les Ukrainiens soient privilégiés par rapport à d'autres ethnies. Il exprime toutefois son inquiétude quant au manque de fonds alloués aux autres zones sinistrées du monde.

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Des réfugiés ukrainiens assistent à un concert au Centre d'aide humanitaire situé dans le centre Global Expo, à Varsovie, en Pologne, le 15 juillet 2022. (AFP)

«L’idée selon laquelle l'attention de la communauté internationale est restreinte n'est pas nouvelle. Ce n'est pas l'Ukraine qui a inventé cette notion, même si la crise que ce pays traverse a été pour nous une épreuve particulièrement intense», explique M. Griffiths à Arab News.

«L'attention de la communauté internationale se limite sans aucun doute au problème du moment et c'est l'Ukraine qui détient cette place, comme on peut l'imaginer. Cela ne représente pas une politique discriminatoire, à mon avis.»

«Le financement nous préoccupe parce que nous nous inquiétions de savoir si les États membres n'auraient pas les moyens de soutenir le Yémen, la Syrie, l'Afghanistan et d'autres pays encore. Et, sur ce point, les indices demeurent assez contradictoires.»

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Sur cette photo on voit des Syriens déplacés de la ville frontalière de Ras al-Aïn, contrôlée par la Turquie et ses mandataires syriens, dans le camp de Wassukanni, dans le gouvernorat de Hassaké, au nord-est de la Syrie. (AFP)

«De toute évidence, au cours des premières semaines de la guerre d'Ukraine, la plupart des donateurs ont préservé leurs fonds pour financer d’autres conflits que celui de l'Ukraine. Cette tendance s'est estompée au fil du temps.»

«Je n'utiliserais jamais l'expression “deux poids, deux mesures” pour décrire cette situation. Une chose m'inquiète tout de même: les personnes qui vivent dans d'autres régions bénéficient-elles de l'attention et de la priorité qu'elles méritent?»

Stéphane Dujarric est le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Il tient à souligner que l'aide apportée dans d'autres régions du monde n'a pas été délibérément sacrifiée au profit de l'Ukraine.

«Le secrétaire général doit gérer plusieurs dossiers à la fois. S'il se concentre sur l'Ukraine, cela ne signifie pas qu'il fait abstraction des autres crises», confie M. Dujarric à Arab News.

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Sur cette photo on voit des Syriens déplacés de la ville frontalière de Ras al-Aïn, contrôlée par la Turquie et ses mandataires syriens, dans le camp de Wassukanni, dans le gouvernorat de Hassaké, au nord-est de la Syrie. (AFP)

«Il ne se passe pas un jour sans que j'évoque les autres crises humanitaires. Je m'attache à mettre l’accent sur le manque de financement, qui est tragique pour toutes ces personnes, pas seulement pour celles qui vivent dans des camps en Irak ou en Syrie. Mais on sait aussi que les rations ont été réduites au Yémen ou dans la Corne de l'Afrique, faute de fonds.»

«Et le problème n'est pas que l'argent manque dans le monde. Nous savons qu'il y a suffisamment d'argent... Tout le monde essaie de faire progresser la situation. Mais l'argent est indispensable pour affronter ces crises humanitaires.»

«Lorsque les besoins humanitaires sont financés à raison de 10%, 20% ou 30%, cela sous-entend que nous sommes en manque d'argent pour nourrir, loger et fournir des services de santé aux populations.»

À la question posée par Arab News sur la possibilité d'accuser les pays donateurs d'appliquer une politique de deux poids, deux mesures dans les priorités qu’ils donnent au financement de l'aide, M. Dujarric a répondu: «Je ne suis pas en position de m'exprimer sur les motivations des donateurs ou sur les processus qu'ils emploient.»

«Certains États membres font preuve d'une grande générosité. D'autres, en revanche, auraient pu être plus généreux. C’est la réalité. Nous sommes également conscients que le secteur privé dispose de sommes considérables. Les fondations possèdent beaucoup d'argent. L'argent ne fait pas défaut dans le monde.»

«Ce qui fait vraiment défaut, c'est le fait que l'argent ne va pas aux personnes qui risquent littéralement de mourir de faim. Les donateurs se trouvent confrontés à des besoins divergents et nous sommes conscients de cette réalité. Nous comprenons également que certains donateurs préfèrent se concentrer sur les crises qui les touchent directement. Nous ne pouvons que les remercier pour les dons qu'ils accordent au peuple ukrainien. Tous ceux qui ont besoin d'aide le méritent. Nous souhaitons simplement que toutes les populations bénéficient de l'aide.»

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Des milliers de personnes chassées de leurs maisons depuis l'offensive turque d'octobre 2019 sur la frontière syrienne avec la Turquie vivent dans des camps de fortune dans les régions contrôlées par les Kurdes. (AFP)

En 2019, les Nations unies ont sollicité une aide de 27,8 milliards de dollars pour financer l'ensemble de leurs programmes humanitaires. 10 milliards de dollars de moins ont été récoltés. En 2020, l'objectif s’élevait à 38,6 milliards de dollars et le manque à gagner a grimpé à 19,4 milliards de dollars.

Le financement de l'aide s'est légèrement amélioré en 2021. La somme requise pour couvrir l’année 2022 a de nouveau augmenté, pour atteindre 48,7 milliards de dollars. Ce chiffre représente environ 8 milliards de dollars supplémentaires par rapport aux prévisions établies par les Nations unies avant le début de l'année. La moitié de ce montant sera probablement couverte. Par conséquent, ce sont les personnes les plus vulnérables du monde qui en paieront sans doute le prix.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.