PARIS: Les prestigieux prix littéraires d'automne donnent cette semaine le coup d'envoi de leur édition 2022, avec peu d'élus et beaucoup de déçus dans cette bataille impitoyable entre romanciers qu'est la rentrée de septembre.
On l'attend avec impatience dans le milieu des lettres: la première sélection du prix Goncourt arrive mercredi. Elle compte traditionnellement une quinzaine de romans.
Pour les auteurs qui y placent leur livre, parmi quelques centaines de concurrents, c'est un signal qu'ils comptent et sont dans la course. Ou, quand ils n'ont que très peu de chances de l'emporter, ils savent que leur livre a suscité de la sympathie.
"C'est une vraie surprise, je suis ravie! D'autant que ce n'est qu'un deuxième roman", disait à l'AFP Lilia Hassaine après avoir été incluse en septembre 2021. Mais elle ne se faisait pas d'illusions, face à des confrères qui connaissaient mieux qu'elle la mécanique... et les membres de l'Académie Goncourt.
Pour les stars de cette rentrée, l'enjeu est important. Question qui est dans tous les esprits, cette année: avec son "Cher connard", Virginie Despentes, ex-jurée du Goncourt, a-t-elle convaincu?
D'après ceux qui ont adoré ce roman sur l'addiction et le mouvement #Metoo, elle se doit d'être sur la liste. "Je pense que c'est un ouvrage qui fera date", affirmait par exemple à l'AFPTV une libraire parisienne, Delphine Bouetard.
D'autres pensent que son style trop brut pourrait déplaire à ses anciens commensaux du restaurant Drouant.
Attirer l'attention
À en croire les libraires, se placer dans cette première sélection ne garantit pas d'accélérer ses ventes dans les jours qui suivent. Mais cela attire l'attention de la critique et de la presse sur des titres parfois restés discrets.
Les deux derniers lauréats du Goncourt peuvent en témoigner.
Hervé Le Tellier, en 2020, était vu en août comme un second couteau, avec
"L'Anomalie" (12.500 exemplaires pour le premier tirage). Mais en septembre, en figurant parmi de nombreuses listes (prix Goncourt, Renaudot, Médicis, Décembre), il avait intrigué tous les journalistes littéraires.
Quant à Mohamed Mbougar Sarr, en 2021, en publiant à 31 ans un roman exigeant ("La plus secrète mémoire des hommes"), il avait attiré l'attention d'un nombre impressionnant de jurys: Goncourt, Renaudot, Femina, Médicis et Académie française.
C'est mercredi également que le Renaudot publie sa première sélection, un prix que Virginie Despentes a déjà remporté en 2010.
Le même jour, Le Monde remet pour la dixième fois son prix littéraire. Dix titres ont été sélectionnés par la rédaction du quotidien. Des premiers romans qui font parler d'eux, comme "En salle" de Claire Baglin ou "Ils vont tuer vos fils" de Guillaume Perilhou, côtoient des têtes d'affiche de cette rentrée, comme "La Vie clandestine" de Monica Sabolo ou "Quand tu écouteras cette chanson" de Lola Lafon.
Jeudi, jour de la première sélection du Femina, la Fnac décerne son prix littéraire. Il est d'autant plus convoité que cette enseigne, l'un des plus gros vendeurs de livres en France, fait dans ses magasins la promotion du titre primé, qui peut être français ou étranger.
Cinq sont finalistes, dont l'Américain d'origine finlandaise Karl Marlantes pour "Faire bientôt éclater la terre", et une révélation de cette rentrée 2022, Maria Larrea avec "Les gens de Bilbao naissent où ils veulent".