Face aux inondations au Pakistan: «Nous sommes revenus 50 ans en arrière»

Le Sindh a subi localement des pluies record, mais l'eau n'a nulle part où s'écouler, le niveau de l'Indus étant déjà à son maximum, grossi par ses affluents du nord, et sorti de son lit en plusieurs endroits. (Photo, AFP)
Le Sindh a subi localement des pluies record, mais l'eau n'a nulle part où s'écouler, le niveau de l'Indus étant déjà à son maximum, grossi par ses affluents du nord, et sorti de son lit en plusieurs endroits. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 05 septembre 2022

Face aux inondations au Pakistan: «Nous sommes revenus 50 ans en arrière»

  • Plus de 33 millions de personnes ont été touchées par les inondations causées par des pluies de mousson record, dont le Sindh, dans le sud du Pakistan, constitue l'une des régions les plus durement éprouvées
  • La province est traversée par le puissant fleuve Indus, dont les rives accueillent une agriculture florissante depuis des millénaires, avec des systèmes d'irrigation établis 4 000 ans avant notre ère

SAMMU KHAN BHANBRO : Les agriculteurs pakistanais continuent d'évaluer leurs pertes après les inondations dévastatrices qui ont submergé un tiers du pays, mais à long terme, l'impact est déjà perceptible.

"Nous sommes revenus 50 ans en arrière", déplore Ashraf Ali Bhanbro, cultivateur de la province du Sindh dont les quelque 1 000 hectares de coton et de canne à sucre, sur le point d'être récoltés, sont maintenant détruits.

Plus de 33 millions de personnes ont été touchées par les inondations causées par des pluies de mousson record, dont le Sindh, dans le sud du Pakistan, constitue l'une des régions les plus durement éprouvées.

La province est traversée par le puissant fleuve Indus, dont les rives accueillent une agriculture florissante depuis des millénaires, avec des systèmes d'irrigation établis 4 000 ans avant notre ère.

La région fait face à un double problème. Le Sindh a subi localement des pluies record, mais l'eau n'a nulle part où s'écouler, le niveau de l'Indus étant déjà à son maximum, grossi par ses affluents du nord, et sorti de son lit en plusieurs endroits.

"A un moment donné, il a plu 72 heures sans discontinuer", relate M. Bhanbro, ajoutant avoir perdu au moins 270 millions de roupies pakistanaises (1,2 million d'euros) rien qu'en intrants.

"C'était le coût engagé pour les engrais et les pesticides... Nous n'incluons pas les bénéfices, qui auraient pu être beaucoup plus élevés car c'était une récolte exceptionnelle."

A moins que leurs terres puissent être drainées, les agriculteurs comme M. Bhanbro ne pourront pas semer de blé d'hiver, une culture vitale pour la sécurité alimentaire du pays.

"Nous disposons d'un mois. Si l'eau n'est pas évacuée durant cette période, il n'y aura pas de blé", déclare-t-il depuis sa ferme du village de Sammu Khan, à environ 40 kilomètres au nord-est de la ville de Sukkur.

Pendant des années, le Pakistan a été autosuffisant pour sa production de blé, mais il a compté plus récemment sur les importations pour s'assurer que ses silos soient pleins, dans le cadre de ses réserves stratégiques.

 «Nous sommes perdus»

Mais Islamabad peut difficilement se permettre d'importer, même s'il s'agit de céréales à prix réduit auprès de la Russie, comme cela est envisagé.

Le pays doit des milliards à ses créanciers étrangers, et c'est seulement la semaine dernière qu'il est parvenu à convaincre le Fonds monétaire international de relancer un prêt de sauvetage qui ne permet même pas de rembourser sa dette extérieure, et encore moins de faire face aux dégâts engendrés par les inondations, estimés à 10 milliards de dollars.

La dévastation est saisissante, depuis l'autoroute surélevée qui relie Sukkur à Sammu Khan.

A plusieurs endroits, il y a de l'eau à perte de vue. Là où des cultures de coton apparaissent dans les champs inondés, les feuilles sont devenues brunâtres et les capsules quasiment introuvables.

"Ne parlons plus du coton", lance Latif Dinno, un cultivateur de Saleh Pat, à 30 kilomètres au nord-est de Sukkur.

Les grands propriétaires terriens vont probablement surmonter les inondations, mais des dizaines de milliers d'agriculteurs vont être confrontés à d'immenses difficultés.

Beaucoup d'entre eux sont payés uniquement pour ce qu'ils récoltent et complètent leurs revenus en cultivant de la nourriture sur de minuscules parcelles de terre au sein de villages disséminés à travers la province.

Ceux-ci sont également submergés, et des dizaines de milliers de personnes ont fui leurs maisons inondées pour trouver refuge sur les hauteurs.

"Il n'y a plus rien à récolter", constate Saeed Baloch, qui travaille la terre chaque saison avec sa famille élargie avant de mettre leurs revenus en commun.

Les agriculteurs ne sont pas les seuls à être touchés par les inondations: chaque maillon de la chaîne d'approvisionnement subit cette crise.

"Nous sommes perdus", admet Waseem Ahmed, un négociant en coton de Saleh Pat qui, comme beaucoup d'acteurs de l'industrie, a versé des avances pour fixer les prix d'achat et se protéger de l'inflation et des fluctuations du marché.

"Sur les 200 maunds (environ 8.000 kg) escomptés, seuls 35 ont été récoltés", rapporte-t-il, ajoutant avoir mis en suspens ses projets d'expansion.

Dans un petit magasin d'un marché de coton habituellement animé, deux garçons examinaient sans enthousiasme un tas de coton humide pour voir si quelque chose pouvait être sauvé.

"Le marché est à l'arrêt et même les usines d'égrenage sont fermées", décrit M. Ahmed en montrant une rangée de magasins clos.

Face à un sentiment d'impuissance écrasant, le cultivateur de coton Latif Dinno espère une intervention divine : "Nous nous tournons vers Allah. Il est l'ultime sauveur."


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.