Retraites: « Nous souhaitons avancer  » affirme Elisabeth Borne

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Publié le Jeudi 01 septembre 2022

Retraites: « Nous souhaitons avancer  » affirme Elisabeth Borne

PARIS: Élisabeth Borne a dit jeudi souhaiter "avancer" sur la réforme des retraites mais "dans la concertation", confirmant que des discussions allaient démarrer sur le sujet après le lancement du Conseil national de la refondation le 8 septembre.

"Nous souhaitons avancer mais on est aussi dans une démarche de concertation, d'écoute, de recherche d'un chemin. Il faut qu'on ait ces discussions avec les organisations patronales et syndicales, et avec le Parlement", a affirmé la Première ministre sur France Inter, au lendemain d'un séminaire gouvernemental à l'issue duquel cette réforme n'a pas été mentionnée.

"Ça reste un enjeu très important" et "les discussions, elles s'engageront après le Conseil national de la refondation", a souligné Mme Borne.

"Si on veut financer un modèle social protecteur, il faut avoir des ressources et on ne peut pas se priver d'une partie de notre capacité de travail pour créer les richesses. C'est aussi important pour pouvoir demain financer la transition écologique", a fait valoir la Première ministre.

Pour Borne, la France insoumise « veut le chaos  »

Elisabeth Borne a reproché jeudi à la France insoumise de "vouloir le chaos" plutôt que de chercher à "trouver des réponses pour les Français", et a assuré qu'elle continuerait à "mettre toute son énergie" pour "trouver des compromis".

"C'est une illustration supplémentaire que certains cherchent à trouver des réponses pour les Français -il y a beaucoup des groupes politiques d'opposition qui cherchent des compromis- et puis il y en a d'autres qui veulent le chaos, qui veulent le désordre", a estimé sur France Inter la Première ministre, interrogée sur des déclarations de Jean-Luc Mélenchon ce week-end.

Le chef de file des Insoumis a promis samedi pour la rentrée politique "la bataille générale" face au gouvernement, et a estimé qu'un "compte à rebours de la dissolution" de l'Assemblée nationale était enclenché.

Interrogée sur cette éventualité d'une dissolution de l'Assemblée nationale avant la fin du quinquennat, la cheffe du gouvernement a répondu: "Je ne vais pas préjuger de la suite, je n'ai pas de boule de cristal, (...) je mets toute mon énergie à pouvoir trouver des compromis pour bâtir les meilleures réponses pour les Français".

"Il y a des partis avec lesquels on ne cherche pas ces compromis: le Rassemblement national parce que nous ne partageons pas les mêmes valeurs et la France insoumise parce qu'on a des désaccords profonds", a-t-elle répété.

"Les Insoumis ne font pas partie des forces politiques avec lesquels on peut travailler à l'Assemblée nationale, je pense qu'ils ne le veulent pas, ils veulent le désordre", a-t-elle insisté, citant aussi des propos de Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, appelant au "désordre à l'Assemblée et dans la rue".

La Première ministre a également décliné la demande de Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale, d'organiser une session extraordinaire du Parlement sur la crise énergétique.

"Elle a un temps de retard (...) il est d'ores et déjà prévu un débat au Parlement sur la politique énergétique à l'Assemblée comme au Sénat, donc on peut rassurer Madame Le Pen, c'est bien prévu", a expliqué la cheffe du gouvernement, en se disant prête également "à parler de ces enjeux énergétiques" avec le président du Sénat et celle de l'Assemblée nationale dans le cadre de leur "comité de liaison".

"Bien sûr", il faut une session extraordinaire au Parlement sur la question énergétique, a aussi estimé jeudi matin sur France 2 Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF.

Le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites, qui précisera notamment l'ampleur des déficits du système de retraites à court et moyen terme, doit être publié le 15 septembre.

"Dans la foulée" du CNR, censé réunir partis, associations, patronat et syndicats sur les réformes à venir, "on va avoir un programme de discussions, d'abord sur l'assurance chômage, avec les organisations patronales et syndicales, mais il faut aussi qu'on puisse parler de ce sujet, qui est un sujet complexe", a détaillé la Première ministre.

Mme Borne veut notamment discuter de "comment la part des seniors qui sont au travail peut augmenter" et "comment on peut travailler progressivement un peu plus longtemps". Elle a reconnu que le sujet était "complexe", selon "le métier que vous faites".

La Première ministre n'avait pas cité cette réforme dans les chantiers du gouvernement, mercredi à l'issue du séminaire gouvernemental.

Mais elle n'est "pas abandonnée" et son "déploiement progressif" sera mené "au cours de l’année 2023", avait affirmé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, jugeant "fondamental de concerter" en amont. "Nous voulons réformer le travail dans son ensemble incluant la question des retraites", avait-il précisé.

Réforme de la police judiciaire: Borne promet de «  lever les inquiétudes  »

Elisabeth Borne a promis jeudi de "lever les inquiétudes" autour de la réforme des services de police judiciaire qui doit être généralisée en 2023 et qui, selon le procureur général près la Cour de cassation, ne va pas "dans la bonne direction".

Le projet de réforme de la prestigieuse PJ, chargée des crimes les plus graves, rencontre l'opposition de nombreux enquêteurs qui craignent la dilution de leur savoir-faire, voire l'abandon de certains territoires.

"Les préfets ont bien en tête l'importance, le caractère essentiel de l'indépendance de la justice, et donc des enquêtes judiciaires, mais il faut lever les inquiétudes qui ont été exprimées", a affirmé la Première ministre sur France Inter.

"J'ai été préfète (de la région Poitou-Charentes, ndlr) et je peux vous assurer que s'assurer qu'il y a une bonne coordination de toutes les forces de police, c'est important. Il y a des inquiétudes qui ont été exprimées, il va bien sûr falloir y répondre", a-t-elle ajouté.

Le projet de réforme prévoit de placer tous les services de police à l'échelle du département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ) - sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.

Actuellement, chaque service rend des comptes à sa hiérarchie.

Le procureur général près la Cour de cassation François Molins avait jugé mercredi, sur la même radio, que la réforme était "porteuse d'un certain nombre de dangers" et qu'elle n'allait pas "dans la bonne direction".

Une Association nationale de la police judiciaire (ANPJ) a été créée mi-août par des enquêteurs de police judiciaire opposés à cette réforme qui menace selon eux le "savoir-faire" de ces policiers chargés d'enquêter sur les crimes "les plus graves" et aura des "conséquences désastreuses pour la sécurité des citoyens et l'indépendance de la Justice".

Une réunion est prévue jeudi entre les personnels de la PJ et le ministre de l'Intérieur.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.