PARIS: Emmanuel Macron présente jeudi aux ambassadeurs français réunis à Paris le cap de la diplomatie dans un contexte international de crises aigües, au premier rang desquelles la guerre en Ukraine, et de recul des démocraties.
La "conférence des ambassadeurs", réunion annuelle qui n'a pu avoir lieu pendant deux ans pour cause de covid, se tient aussi à un moment où nombre de diplomates français s'interrogent sur leur métier suite à une réforme controversée de la fonction publique, contre laquelle ils ont observé une journée de grève au début de l'été, événement rarissime dans un ministère feutré et peu contestataire.
"Le président va poser le cadre et le cap de l'action diplomatique", et rendre hommage au travail des personnels consulaires pendant la pandémie et les crises qui ont émaillé le premier quinquennat, explique son entourage.
Outre la réaffirmation de ses marqueurs en politique étrangère --importance cruciale de l'UE, de l'OTAN, relation avec l'Afrique--, M. Macron devrait aborder les crises internationales, au premier rang desquelles la guerre en Ukraine. Il réaffirmera le principe de souveraineté des peuples et de respect de l'intégrité territoriale, tout en continuant de prôner la poursuite du dialogue avec la Russie.
La remise en cause du modèle démocratique et "la brutalisation de la scène internationale" seront aussi des thèmes abordés par la cheffe de la diplomatie Catherine Colonna qui s'exprimera pour sa part vendredi devant les ambassadeurs, avant de les rencontrer à huis clos.
Le chef de l'Etat et sa ministre des Affaires étrangères devraient également tenter de rassurer les diplomates tout en confirmant la poursuite de la mise en oeuvre de la réforme du corps diplomatique.
De nombreux personnels du Quai d'Orsay, dont de hauts cadres et des ambassadeurs à l'étranger, s'inquiètent depuis des mois de cette réforme qui met en danger selon eux l'influence et le prestige de la diplomatie française, troisième réseau mondial derrière les Etats-Unis et la Chine.
La réforme prévoit la mise en extinction des deux corps historiques de la diplomatie d'ici fin 2023 et crée un nouveau corps de l'État, faisant en sorte que les hauts fonctionnaires ne seront plus rattachés à une administration spécifique et pourront en changer en cours de carrière.
Des diplomates - dont d'anciens ministres - ont annoncé mercredi la création d'une association visant à oeuvrer au maintien d'une diplomatie professionnelle et refusant "la dégradation de l'outil diplomatique".
Mme Colonna pourrait annoncer vendredi le lancement d'Etats généraux de la diplomatie, une des revendications des grévistes en juin dernier.