RABAT: D’après un rapport confidentiel du Service de renseignement de la Confédération (SRC), consulté par le quotidien suisse SonntagsBlick, la Russie pourrait – si ce n’est déjà le cas – utiliser des serveurs suisses pour influencer les prochaines élections dans les démocraties occidentales.
« Le SRC estime probable que des serveurs situés en Suisse soient utilisés pour de futures cyberattaques contre d’autres élections occidentales », affirme le rapport, sans toutefois nommer les pays qui pourraient être ciblés à partir de la Suisse.
« Pour ce faire, [Moscou] continuera d'utiliser un mélange sur mesure de désinformation, de cyberattaques, d'instrumentalisation d'individus, de groupes et d'institutions, et probablement aussi de nouvelles stratégies », explique le SRC, qui y voit une atteinte à la souveraineté d'un pays qui tient à sa neutralité.
Même si cette interférence ne changerait pas forcément la donne des élections, elle permettrait néanmoins de « délégitimer en partie les processus démocratiques et donc le modèle démocratique libéral “occidental“ », conclut l’agence de renseignement.
L’Allemagne ciblée en 2021. L’Italie s’inquiète. Les États-Unis se préparent.
Si le renseignement suisse ne peut s’exprimer sur de futures cibles, il est cependant convaincu que la Russie a bel et bien tenté d’interférer dans les élections fédérales allemandes de 2021 au rythme d’un « matraquage médiatique », cyberattaques et tentatives de piratages. L’actuelle ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, aurait été prise pour cible par des « réseaux de propagande ». Le SRC accuse les agresseurs d’avoir été en contact avec le GRU.
En Italie, une partie de la classe politique s’inquiète de l’influence que pourrait jouer la Russie aux prochaines élections générales qui auront lieu le 25 septembre. L’actuelle ministre italienne pour le Sud et la Cohésion territoriale, Mara Carfagna, a même déserté le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi pour le parti centriste Azione, étant suspicieuse du rôle que Berlusconi aurait pu jouer dans la chute de Mario Draghi.
Elle affirme qu’elle doit avoir « la certitude d'être dans un parti où personne ne songera à comploter avec la Russie ou avec la Chine au détriment du gouvernement actuel ».
Le 8 novembre, les Américains voteront lors des élections de mi-mandat, et déjà, le département de la Défense s’inquiète de possibles interférences.
Jeudi dernier, le département avançait dans un communiqué que « la Russie, la Chine, l'Iran et d'autres acteurs étrangers malveillants pourraient chercher à s'immiscer dans les processus de vote américains et à influencer la perception des électeurs ». Ajoutant qu’« une telle activité étrangère peut menacer de saper les principes fondamentaux de la démocratie américaine et d'influencer l'opinion publique américaine ».
Afin de contrer ces potentielles attaques, le département de la Défense préconise une plus large coordination entre les différentes agences américaines, notamment entre le FBI, le département de la Sécurité intérieure et la NSA.