Energie, souveraineté: le Medef et le gouvernement font leur rentrée économique

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, à sa sortie du conseil des ministres hebdomadaire au palais de l'Élysée à Paris, le 24 août 2022. (Photo de Bertrand GUAY / AFP)
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, à sa sortie du conseil des ministres hebdomadaire au palais de l'Élysée à Paris, le 24 août 2022. (Photo de Bertrand GUAY / AFP)
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Publié le Vendredi 26 août 2022

Energie, souveraineté: le Medef et le gouvernement font leur rentrée économique

  • Après l'ouverture des débats par le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, Elisabeth Borne prononcera un discours qui portera sur «l'environnement et la stratégie française et européenne dans la perspective de la neutralité carbone»
  • Les perspectives d'emploi restent bonnes et «on va sans doute faire une très bonne saison touristique», relève Alain Di Crescenzo, président de CCI France et membre du comité exécutif du Medef

PARIS : La Rencontre des entrepreneurs de France (REF) du Medef sera l'occasion la semaine prochaine pour le gouvernement de faire sa rentrée économique, avec un discours très attendu lundi de la Première ministre Elisabeth Borne.

Les conséquences de la guerre en Ukraine sur l'approvisionnement énergétique de l'Europe et la nécessité de renforcer la souveraineté européenne seront cette année au cœur des deux jours de débats à l'hippodrome parisien de Longchamp.

«Il est important qu'on s’interroge sur notre souveraineté», a déclaré à l'AFP Patrick Martin, le président délégué du Medef. Ce focus sur l'Europe n'est pas pour lui un «acte de foi» mais découle d'une «analyse qui se veut objective et pragmatique».

En effet, «il y la queue de comète de la crise sanitaire, qui nous a alerté sur notre dépendance à l'égard de certains pays», explique le numéro deux de la première organisation patronale française, six mois après le début de la guerre en Ukraine. Il évoque aussi Taïwan, menacé par la Chine et qui produit une grande partie des semi-conducteurs dont dépend l'industrie française.

- 'Moment fort' -

Après l'ouverture des débats par le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, Elisabeth Borne prononcera un discours qui portera sur «l'environnement et la stratégie française et européenne dans la perspective de la neutralité carbone», dévoile Patrick Martin.

Il ajoute que la Première ministre devrait aussi parler «de la situation économique et des perspectives sociales», à l'heure où les Français s'inquiètent de voir leur pouvoir d'achat rogné par une inflation qui n'a jamais été aussi élevée en plus de 35 ans.

Selon l'entourage de la cheffe du gouvernement, ce discours «sera un des moments forts de la rentrée», alors que «les Français ont conscience de l'enjeu climatique» et que le président de la République a annoncé cette semaine «la fin de l'abondance», préparant la population à des temps difficiles.

Habitué de l'évènement, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire prendra la parole mardi.

Si les nuages s'amoncellent pour les entreprises, qui voient souvent leurs marges se réduire en raison de hausses de coûts qu'elles ont du mal à répercuter à leurs clients, le tableau n'est pas entièrement sombre.

Les perspectives d'emploi restent bonnes et «on va sans doute faire une très bonne saison touristique», relève Alain Di Crescenzo, président de CCI France et membre du comité exécutif du Medef.

«L'inflation va-t-elle enterrer l'objectif de plein emploi ?», sera le thème d'un débat en présence notamment du ministre du Travail Olivier Dussopt et du secrétaire général du syndicat de Force Ouvrière Frédéric Souillot.

Des discussions seront consacrées à la dette, l'approvisionnement énergétique ou la réindustrialisation. En outre la REF renforce cette année son penchant pour des thèmes plus éloignés des préoccupations quotidiennes des chefs d'entreprise.

Un débat sur «l'avenir des démocraties» réunira parmi d'autres la ministre de l'Europe et des affaires étrangères Catherine Colonna et l'économiste américain Francis Fukuyuma, qui avait prédit, à tort, la fin de l'Histoire il y a 30 ans, après l'effondrement du bloc soviétique.

Ce sera après une intervention du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, lequel a récemment dénoncé «l'oligarchie de fait» de l'Allemagne et de la France au sein de l'UE.

- Évènement concurrent -

Le rôle du modèle européen dans le monde sera abordé mardi par le philosophe et sociologue Edgar Morin, âgé de 101 ans, et l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

Autre ouverture à l'international, la REF accueillera le président du Bénin Patrice Talon ainsi que la cheffe du gouvernement tunisien Najla Bouden, deux mois avant la deuxième édition de la Rencontre des entrepreneurs francophones, les 27 et 28 octobre à Abidjan.

A Paris, la REF avait comptabilisé plus de 8.000 entrées l'an dernier. Cette année, la fréquentation devrait battre un record, prédit Patrick Martin.

Et ce malgré un évènement concurrent programmé mardi à la Cité universitaire internationale, l'Université d'été de l'économie de demain (UEED), qui accueillera aussi certains patrons et ministres présents à la REF, comme le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy ou le ministre de l'Industrie Roland Lescure.

«L’objectif de cette journée c'est de penser l’économie dans son ensemble, la santé, la finance, l'alimentaire, la politique économique, etc.. sous l'aune de la sobriété», a expliqué à l'AFP Eva Sadoun, co-présidente du mouvement Impact France.


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.