PARIS : La Rencontre des entrepreneurs de France (REF) du Medef sera l'occasion la semaine prochaine pour le gouvernement de faire sa rentrée économique, avec un discours très attendu lundi de la Première ministre Elisabeth Borne.
Les conséquences de la guerre en Ukraine sur l'approvisionnement énergétique de l'Europe et la nécessité de renforcer la souveraineté européenne seront cette année au cœur des deux jours de débats à l'hippodrome parisien de Longchamp.
«Il est important qu'on s’interroge sur notre souveraineté», a déclaré à l'AFP Patrick Martin, le président délégué du Medef. Ce focus sur l'Europe n'est pas pour lui un «acte de foi» mais découle d'une «analyse qui se veut objective et pragmatique».
En effet, «il y la queue de comète de la crise sanitaire, qui nous a alerté sur notre dépendance à l'égard de certains pays», explique le numéro deux de la première organisation patronale française, six mois après le début de la guerre en Ukraine. Il évoque aussi Taïwan, menacé par la Chine et qui produit une grande partie des semi-conducteurs dont dépend l'industrie française.
- 'Moment fort' -
Après l'ouverture des débats par le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, Elisabeth Borne prononcera un discours qui portera sur «l'environnement et la stratégie française et européenne dans la perspective de la neutralité carbone», dévoile Patrick Martin.
Il ajoute que la Première ministre devrait aussi parler «de la situation économique et des perspectives sociales», à l'heure où les Français s'inquiètent de voir leur pouvoir d'achat rogné par une inflation qui n'a jamais été aussi élevée en plus de 35 ans.
Selon l'entourage de la cheffe du gouvernement, ce discours «sera un des moments forts de la rentrée», alors que «les Français ont conscience de l'enjeu climatique» et que le président de la République a annoncé cette semaine «la fin de l'abondance», préparant la population à des temps difficiles.
Habitué de l'évènement, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire prendra la parole mardi.
Si les nuages s'amoncellent pour les entreprises, qui voient souvent leurs marges se réduire en raison de hausses de coûts qu'elles ont du mal à répercuter à leurs clients, le tableau n'est pas entièrement sombre.
Les perspectives d'emploi restent bonnes et «on va sans doute faire une très bonne saison touristique», relève Alain Di Crescenzo, président de CCI France et membre du comité exécutif du Medef.
«L'inflation va-t-elle enterrer l'objectif de plein emploi ?», sera le thème d'un débat en présence notamment du ministre du Travail Olivier Dussopt et du secrétaire général du syndicat de Force Ouvrière Frédéric Souillot.
Des discussions seront consacrées à la dette, l'approvisionnement énergétique ou la réindustrialisation. En outre la REF renforce cette année son penchant pour des thèmes plus éloignés des préoccupations quotidiennes des chefs d'entreprise.
Un débat sur «l'avenir des démocraties» réunira parmi d'autres la ministre de l'Europe et des affaires étrangères Catherine Colonna et l'économiste américain Francis Fukuyuma, qui avait prédit, à tort, la fin de l'Histoire il y a 30 ans, après l'effondrement du bloc soviétique.
Ce sera après une intervention du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, lequel a récemment dénoncé «l'oligarchie de fait» de l'Allemagne et de la France au sein de l'UE.
- Évènement concurrent -
Le rôle du modèle européen dans le monde sera abordé mardi par le philosophe et sociologue Edgar Morin, âgé de 101 ans, et l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
Autre ouverture à l'international, la REF accueillera le président du Bénin Patrice Talon ainsi que la cheffe du gouvernement tunisien Najla Bouden, deux mois avant la deuxième édition de la Rencontre des entrepreneurs francophones, les 27 et 28 octobre à Abidjan.
A Paris, la REF avait comptabilisé plus de 8.000 entrées l'an dernier. Cette année, la fréquentation devrait battre un record, prédit Patrick Martin.
Et ce malgré un évènement concurrent programmé mardi à la Cité universitaire internationale, l'Université d'été de l'économie de demain (UEED), qui accueillera aussi certains patrons et ministres présents à la REF, comme le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy ou le ministre de l'Industrie Roland Lescure.
«L’objectif de cette journée c'est de penser l’économie dans son ensemble, la santé, la finance, l'alimentaire, la politique économique, etc.. sous l'aune de la sobriété», a expliqué à l'AFP Eva Sadoun, co-présidente du mouvement Impact France.