Les Britanniques se préparent à un relèvement massif des tarifs d'électricité

Relèvement massif des tarifs d'électricité en Grande-Bretagne (Photo, AFP).
Relèvement massif des tarifs d'électricité en Grande-Bretagne (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 26 août 2022

Les Britanniques se préparent à un relèvement massif des tarifs d'électricité

  • A cause de la flambée des prix du gaz le régulateur Ofgem devrait annoncer un relèvement du plafond tarifaire de 1.971 livres actuellement par an
  • Début 2023, le seuil pourrait monter jusqu'à 6.000 livres selon les projections les plus pessimistes

LONDRES: Les Britanniques connaîtront vendredi l'ampleur du relèvement des plafonds tarifaires d'électricité qui entreront en vigueur en octobre, menaçant de plonger des millions de personnes dans la pauvreté énergétique.

A cause de la flambée des prix du gaz, part importante du mix énergétique du pays, le régulateur Ofgem devrait annoncer un relèvement du plafond tarifaire de 1.971 livres actuellement par an pour un ménage moyen à plus de 3.500 livres, selon les experts.

Début 2023, le seuil pourrait monter jusqu'à 6.000 livres selon les projections les plus pessimistes.

Patronat, fournisseurs et associations appellent à une action gouvernementale de toute urgence pour éviter un choc "dramatique" pour les ménages modestes, déjà confrontés à une inflation à plus de 10%, la plus forte des pays du G7.

Le centre de réflexion spécialisé dans la lutte contre la pauvreté, Resolution Foundation, appelle à des mesures "radicales" pour éviter "une catastrophe cet hiver" risquant de nuire à la fois au portefeuille et à la santé des familles.

Avec de nombreux foyers précaires dépendant de compteurs rechargeables avec des pièces ou des crédits au coup par coup, "nous sommes partis pour voir des milliers (de foyers) avec des interruptions subites d'électricité", ajoute Resolution Foundation.

D'après l'université de York, 58% des ménages britanniques sont menacés de pauvreté énergétique dès l'an prochain.

"On observe une situation de très grand stress chez nos clients. La dette moyenne par client a augmenté de 30% à 167 livres. Je dirais qu'environ un tiers de nos clients sont en situation de précarité énergétique et 20% de plus pourraient le devenir", souligne Philippe Commaret, directeur commercial d'EDF pour le Royaume-Uni.

Il ajoute que certains ménages prennent des mesures désespérées et dangereuses pour eux, comme de renoncer à se chauffer ou de débrancher leur réfrigérateur.

Diane Skidmore, retraitée de 72 ans qui vit dans un logement social du sud de Londres avec 600 livres (un peu plus de 700 euros) par mois, a vu en un peu plus d'un an sa facture mensuelle passer de 25 à 45 livres. Elle vient de recevoir une lettre de son fournisseur d'énergie lui demandant de prévoir des prochains débits de 70 livres.

"Tout le monde va avoir du mal", prédit-elle auprès de l'AFP, prévoyant pour sa part de remplacer le chauffage par des pulls et couvertures.

L'aide arrive

Le Premier ministre conservateur Boris Johnson, sur le départ, a décidé de laisser ce dossier politiquement sensible au prochain chef de gouvernement dont le nom sera dévoilé le 5 septembre, au terme d'une campagne sous le signe du coût de la vie.

La favorite pour remplacer Boris Johnson, la très thatchérienne Liz Truss, a pour l'instant privilégié les baisses d'impôts plus que les aides directes qu'elle qualifie de "pansements".

Le ministre actuel des Entreprises et de l'Energie Kwasi Kwarteng, pressenti pour devenir ministre de l'Economie et des Finances dans son gouvernement si elle l'emporte, multiplie toutefois les rencontres avec les fournisseurs d'énergie et a assure que "l'aide arrive", sans plus de détails.

Rishi Sunak, le rival de Mme Truss et lui-même ancien ministre de l'Economie, qualifie les baisses d'impôts avancées par Liz Truss de "contes de fées" vu l'inflation et l'économie au bord de la récession.

Il fait valoir que les baisses d'impôts n'auront aucun impact sur les ménages modestes qui n'en paient pas et propose d'accroître les aides directes déjà en vigueur (400 livres par ménage en plus d'autres subventions ciblées).

Le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer appelle, lui, à un gel des factures d'électricité, sur le modèle de ce qui se passe en France.

C'est aussi ce que propose Scottish Power, l'un des plus gros fournisseurs d'électricité du pays, qui évoque une période de deux ans et un coût colossal de 100 milliards de livres pour l'Etat.

Le groupe français EDF, également l'un des fournisseurs du pays et gestionnaire de centrales nucléaires, avance l'idée d'un lissage des factures à moyen ou long terme: un "fonds de déficit" permettrait de stabiliser les factures et de ne pas répercuter les hausses vertigineuses dans l'immédiat, puis les clients "rembourseraient" le fonds lorsque les prix rebaisseraient.

D'autres évoquent une aide directe de 1.000 livres, ou, comme Resolution Foundation, un "impôt solidarité" de 1%.

EDF et des associations écologistes appellent aussi à une vraie réflexion sur les économies d'énergies, largement absentes du débat public, malgré les demandes répétées des écologistes et même du patronat.

La fédération des petites entreprises, de son côté, fait valoir que les PME souffrent aussi fortement de la flambée énergétique et d'une crise du "coût de la production".


Pétrole : les huit membres de l'Opep+ annoncent à nouveau une forte hausse de la production

Une fois finalisées, les bases de référence pour 2027 devraient orienter la politique de production après l'expiration de la série actuelle de réductions.
Une fois finalisées, les bases de référence pour 2027 devraient orienter la politique de production après l'expiration de la série actuelle de réductions.
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  • Selon un communiqué, ils vont sortir de terre 411 000 barils supplémentaires par jour, comme en mai et juin, soit trois fois plus que ce qui était initialement prévu.
  • Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy estime que c'est « un ajustement stratégique à visée géopolitique.» 

VIENNE, AUTRICHE : Ryad, Moscou et six autres membres de l'OPEP+, qui avaient commencé en avril à rouvrir les vannes du pétrole, ont annoncé samedi une nouvelle hausse de production importante en juillet.

Selon un communiqué, ils vont sortir de terre 411 000 barils supplémentaires par jour, comme en mai et juin, soit trois fois plus que ce qui était initialement prévu.

Outre l'Arabie saoudite et la Russie, l'Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l'Algérie et Oman ont consenti ces dernières années à des réductions volontaires additionnelles pour un total de 2,2 millions de barils quotidiens. Leur objectif était de doper les prix.

Ils avaient décidé en début d'année d'une réintroduction progressive, mais au printemps, ils ont décidé d'accélérer le rythme. Ce revirement a provoqué une chute des cours de l'or noir à environ 60 dollars le baril, soit leur plus bas niveau depuis quatre ans. 

« L'Opep+ a frappé trois fois : mai était un avertissement, juin une confirmation et juillet un coup de semonce », a commenté Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy, pour l'AFP.

« L'ampleur de l'augmentation de la production reflète davantage la dynamique interne de l'offre », estime-t-il. « Il s'agit d'un ajustement stratégique à visée géopolitique. 

Peu après sa prise de fonction, le président américain avait demandé à Ryad de produire davantage pour faire baisser les prix de l'or noir, et donc les prix à la pompe pour les consommateurs.


Trump s'obstine à maintenir ses droits de douane et double ceux de l'acier et de l'aluminium importés

Le président américain Donald Trump tient un graphique alors qu'il prononce un discours sur les droits de douane réciproques lors d'un événement intitulé « Make America Wealthy Again » (Rendre à l'Amérique sa richesse) organisé dans la Roseraie de la Maison Blanche à Washington, DC, le 2 avril 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
Le président américain Donald Trump tient un graphique alors qu'il prononce un discours sur les droits de douane réciproques lors d'un événement intitulé « Make America Wealthy Again » (Rendre à l'Amérique sa richesse) organisé dans la Roseraie de la Maison Blanche à Washington, DC, le 2 avril 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
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  • « Nous allons passer les droits de douane sur l'acier de 25 % à 50 %, ce qui va davantage protéger » cette industrie aux États-Unis, a déclaré le président depuis une aciérie du géant de la métallurgie US Steel en Pennsylvanie (est).
  • « Nos industries de l'acier et de l'aluminium vont être plus fortes que jamais », a-t-il écrit.

WEST MIFFLIN, ETATS-UNIS : Le président américain Donald Trump a annoncé vendredi que la surtaxe sur l'acier et l'aluminium passerait à 50 % mercredi prochain, ce qui marque une nouvelle escalade dans son offensive protectionniste, au terme d'une semaine marquée par des revers devant la justice.

« Nous allons passer les droits de douane sur l'acier de 25 % à 50 %, ce qui va davantage protéger » cette industrie aux États-Unis, a déclaré le président depuis une aciérie du géant de la métallurgie US Steel en Pennsylvanie (est).

Il a plus tard précisé sur sa plateforme Truth Social que la mesure entrerait en vigueur le 4 juin et concernerait également l'aluminium.

La surtaxe de 25 % qu'il avait mise en place en mars sur ces métaux touchait également leurs dérivés, comme les cannettes.

« Nos industries de l'acier et de l'aluminium vont être plus fortes que jamais », a-t-il écrit.

Vendredi, devant des ouvriers portant casques de sécurité et vestes de travail avec bandes réfléchissantes, il a affirmé que le niveau des droits de douane serait tel que « personne ne pourra y échapper ». Sa manière à lui d'encourager la production et les achats aux États-Unis. 

Droits de douane sur certains secteurs (acier, aluminium, automobile), certains pays (Chine, Canada, Mexique) ou encore universels, incluant des denrées introuvables sur le sol américain comme le cacao. Le président a érigé un mur de nouvelles taxes sur les produits entrant dans son pays, avant de faire machine arrière en partie.

Deux tribunaux de première instance ont jugé cette semaine qu'il n'avait pas le droit d'imposer certaines de ses taxes. Ceux-ci restent toutefois en vigueur tant que l'affaire n'est pas tranchée définitivement sur le fond. 

Le président américain a également vanté en Pennsylvanie le rapprochement qu'il a lui-même approuvé la semaine dernière entre US Steel et son concurrent japonais Nippon Steel, et sur lequel peu d'informations avaient filtré.

« Le plus important, c'est que US Steel continuera à être contrôlé par les États-Unis, sans cela, je n'aurais pas conclu cet accord », a expliqué Donald Trump, en assurant que Nippon Steel allait injecter 14 milliards de dollars « dans le futur » de US Steel.

Fin 2023, les deux groupes industriels avaient annoncé un projet d'acquisition de US Steel par Nippon Steel pour un montant de 14,9 milliards de dollars (dette comprise).

L'opération, à laquelle Donald Trump s'était lui-même longtemps opposé, est au cœur de la campagne présidentielle américaine de 2024, car elle concerne au premier chef la Pennsylvanie, un État stratégique sur le plan électoral, qui est aussi le berceau de l'industrie sidérurgique aux États-Unis. 

Dans la foulée, vendredi, le syndicat USW, qui représente les salariés de la métallurgie, a exprimé son fort scepticisme dans un communiqué, expliquant ne pas avoir été consulté ni mis au courant des conditions de l'accord.

« C'est facile de publier des communiqués de presse et de faire des discours politiques. En revanche, graver des engagements dans le marbre est plus difficile. Le diable est toujours dans les détails, et c'est particulièrement vrai avec un mauvais protagoniste comme Nippon Steel », cingle le syndicat.


Prêt-à-porter: Naf Naf placé en redressement judiciaire, 600 emplois menacés

Il s'agit de la troisième procédure de la sorte pour l'entreprise française, mais sa direction turque a déclaré vouloir "continuer à faire exister la marque et présenter un plan de redressement", selon la décision du tribunal de commerce dont l'AFP a eu connaissance. (AFP)
Il s'agit de la troisième procédure de la sorte pour l'entreprise française, mais sa direction turque a déclaré vouloir "continuer à faire exister la marque et présenter un plan de redressement", selon la décision du tribunal de commerce dont l'AFP a eu connaissance. (AFP)
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  • L'entreprise emploie en France 588 salariés - 650 dans les 6 derniers mois, a noté le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis)
  • La justice a motivé le placement en redressement judiciaire en arguant "que la société est confrontée à des difficultés de trésorerie qu’elle n’est pas en mesure de surmonter"

PARIS: L'enseigne de prêt-à-porter féminin Naf Naf, qui emploie près de 600 personnes, a été placée vendredi en redressement judiciaire, confrontée à "des difficultés de trésorerie", a appris l'AFP de sources proches du dossier.

Il s'agit de la troisième procédure de la sorte pour l'entreprise française, mais sa direction turque a déclaré vouloir "continuer à faire exister la marque et présenter un plan de redressement", selon la décision du tribunal de commerce dont l'AFP a eu connaissance.

L'entreprise emploie en France 588 salariés - 650 dans les 6 derniers mois, a noté le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

La justice a motivé le placement en redressement judiciaire en arguant "que la société est confrontée à des difficultés de trésorerie qu’elle n’est pas en mesure de surmonter" et qu'elle "est dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible".

En effet, son passif s'élève à 44 millions d'euros quand son chiffre d'affaires en 2024 a atteint 47 millions d'euros.

Mais le tribunal a estimé que "sur les déclarations du débiteur et la présentation de son prévisionnel d’activité ainsi que du montant de la trésorerie disponible, il existe des perspectives de redressement".

La société bénéficie donc d'une période d'observation de six mois et sa situation sera rééxaminée lors d'une audience fixée au 23 juillet.

En juin 2024, le repreneur turc Migiboy Tekstil s'était engagé à sauver 90% des emplois et conserver une centaine de boutiques en propre. A l'époque, la société a offert plus de 1,5 million d'euros pour reprendre l'enseigne française.

Ce faisant, l'entreprise turque avait sauvé 521 emplois sur 586 et une centaine de boutiques en France, et repris les filiales en Espagne, en Italie et en Belgique.

"Si ce jugement écarte pour l'instant la liquidation immédiate de l'entreprise, il ouvre une grande période d'incertitude", s'est émue la CFDT dans un communiqué transmis à l'AFP.

"La direction et l'actionnaire devront prouver que Naf Naf peut continuer à fonctionner au moins temporairement, ce qui suppose d'approvisionner les magasins (...) et de trouver une nouvelle organisation logistique, le tout avec des marges de manœuvre financières très contraintes", s'est encore inquiété le syndicat.

Les magasins "vont être approvisionnés car il y a 800.000 articles en stock et la société écoule 140.000 articles par mois", a argumenté la direction devant le tribunal.

Mais même si ce plan de redressement aboutit, "une réorganisation drastique avec des fermetures de magasins et une nouvelle réduction du siège sont très probables", a jugé la CFDT. Sans compter le scénario catastrophe: "A l'inverse, si ces conditions ne sont pas remplies, se profilera une liquidation avec vente au plus offrant des magasins, des stocks et de la marque, avec un impact social désastreux".