NORWICH: Emmanuel Macron, "ami ou ennemi"? La favorite de la course au poste de Premier ministre du Royaume-Uni, Liz Truss, a refusé jeudi de se prononcer, affirmant qu'elle jugerait le président français "sur ses actes".
Mme Truss, qui intervenait en soirée lors d'une réunion électorale du parti conservateur à Norwich (sud-est), a néanmoins précisé qu'elle préférait la technologie nucléaire française à la chinoise.
Celle qui est toujours cheffe de la diplomatie de son pays, dans un gouvernement gérant les affaires courantes, aspire à succéder au 10 Downing Street à Boris Johnson, démissionnaire en juillet.
Pour cela, elle doit recueillir une majorité des voix de quelque 200.000 militants conservateurs. L'élection est en cours et son résultat sera connu le 5 septembre.
Elle est opposée à l'ancien ministre de l'Economie Rishi Sunak, lui aussi présent jeudi soir à Norwich, même si les deux candidats n'ont pas débattu directement.
M. Sunak, qui selon les derniers sondages est distancé de 30 points par sa rivale, n'a pas hésité lorsque la journaliste animant la soirée lui a demandé "Macron, ami ou ennemi?", optant pour la première option.
En revanche, quand Mme Truss s'est vue poser la même question, elle a répondu "le jury est toujours en train de délibérer", faisant rire la salle.
"Si je deviens Première ministre, je le jugerai sur ses actes et pas sur ses mots", a-t-elle ajouté, sans plus s'étendre sur les raisons de cette méfiance affichée.
De nombreux dossiers de contentieux existent entre la France et le Royaume-Uni, notamment la gestion des dossiers de l'après-Brexit, que ce soient la pêche ou l'Irlande du Nord.
Les deux pays, alliés au sein de l'Otan, ont également eu des approches différentes face à l'invasion russe de l'Ukraine, Boris Johnson adoptant une ligne très dure contre Vladimir Poutine tandis que le président français a défendu la nécessité de garder le dialogue ouvert avec le Kremlin.
La relation entre Paris et Londres s'est encore invitée quelques minutes plus tard dans la conversation, au sujet de l'indépendance énergétique du Royaume-Uni, où les prix flambent sous l'effet de l'explosion des tarifs du gaz.
Le pays doit construire de nouvelles centrales nucléaires, a argumenté Mme Truss, en déplorant le fait qu'il ait perdu son expertise en la matière. Pour ce faire, "si le choix est de dépendre de la France ou de la Chine, je choisirai la France", a-t-elle lancé, là aussi applaudie.