PARIS: Gérald Darmanin et son ministre délégué aux Outre-Mer Jean-François Carenco entament dimanche un déplacement de trois jours à Mayotte avec en priorité la lutte contre l'immigration clandestine sur l'île, 101e département français en proie à la pauvreté et l'insécurité.
Il s'agit du deuxième déplacement ultramarin du ministre de l'Intérieur, depuis qu'il a récupéré cet été le portefeuille des Outre-mer, après une visite à la Réunion début juillet.
Gérald Darmanin, qui a tenu tout l'été un discours ferme sur l'immigration, entend revenir à Mayotte sur le sujet, objet d'un grand débat au Parlement à l'automne prochain avant la présentation d'un projet de loi.
Le ministre doit notamment se faire présenter les nouveaux moyens aériens et maritimes pour lutter contre l'immigration illégale et visiter le centre de rétention administrative de Pamandzi.
Située dans l'océan Indien entre l'Afrique de l'est et Madagascar, l'île peuplée de 350 000 à 40 000 personnes selon les autorités, a vu sa population quadrupler entre 1985 et 2017 selon l’Insee, sous l'effet conjugué d'une forte natalité (plus de quatre enfants par femme) et de l'importante émigration d'habitants venus de l'archipel voisin des Comores.
Le gouvernement met en avant ses chiffres de reconduites à la frontière, plus de 23 000 en 2021, soit une hausse de 78% par rapport à 2020, année marquée par la Covid, et l'augmentation des interceptions de "kwassas-kwassas", ces embarcations légères à moteur utilisées par les migrants comoriens.
Selon l'Insee, près de la moitié de la population de Mayotte ne possède pas la nationalité française, mais un tiers des étrangers sont nés à Mayotte et l’âge moyen des habitants s’élevait à 23 ans en 2017.
Une jeunesse qui peine à s'insérer dans la vie active puisque l'an dernier, 25 000 jeunes de 15 à 29 ans n'étaient ni en emploi, ni en études, ni en formation, selon l'Insee, soit 36% de cette tranche d'âge, une part trois fois plus élevée que sur le reste du territoire français (13%).
L'île, théâtre régulier d'affrontements entre bandes ou avec les forces de l'ordre, connaît aussi une délinquance élevée, bien plus importante qu'en France métropolitaine, avec quatre fois plus de dépôts de plainte pour cambriolages et des agressions physiques beaucoup plus fréquentes.
Une insécurité alimentée par une grande pauvreté: 194 000 Mahorais, soit 74% de la population, vivent avec un niveau de vie inférieur à 50% de la médiane nationale, selon l'Insee.