ISLAMABAD: Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a annoncé, à la colère de l'Inde, la transformation en province du Pakistan à part entière du Gilgit-Baltistan au Cachemire, région à majorité musulmane disputée entre les deux pays.
Le Pakistan administre cette partie du Cachemire depuis la partition en 1947 mais l'Inde considère que ce territoire montagneux frontalier de la Chine et de l'Afghanistan fait partie intégrante du Cachemire qu'elle estime lui appartenir.
« Nous avons décidé d'accorder le statut provisoire de province au Gilgit-Baltistan, ce qui est une demande de longue date ici », a déclaré Khan dimanche dans un discours dans la ville de Gilgit avant des élections locales prévues le 15 novembre. Il n'a pas précisé de calendrier pour la mise en œuvre de cette décision.
Cette initiative intervient après la révocation par New Delhi en août 2019 de l'autonomie constitutionnelle du Cachemire indien, une décision condamnée par Islamabad. New Delhi vient en outre de se doter mardi dernier d'une loi qui autorise pour la première fois tout citoyen indien à acheter des terres au Cachemire indien.
La Chine a investi massivement depuis des années dans des projets d'infrastructure au Gilgit-Baltistan, peuplé d'1,3 million d'habitants selon les estimations, en particulier une longue portion de l'autoroute du Karakoram qui représente un élément-clef du corridor économique sino-pakistanais (CPEC, China-Pakistan Economic Corridor). Le CPEC prévoit une ambitieuse liaison routière, énergétique et de télécommunications entre l'Ouest de la Chine et la mer d'Arabie via le Pakistan.
Selon Khan, le Gilgit-Baltistan a bénéficié de ce projet et sa transformation en province contribuera à « développer des régions reculées et des segments pauvres de la société ».
Toute modification du statut de ce territoire nécessitera un amendement constitutionnel. S'il est finalisé, le Gilgit-Baltistan deviendrait la cinquième province du Pakistan.
New Delhi a condamné l'annonce de Khan en estimant qu'elle impliquait « des changements substantiels dans une partie du territoire indien ».
« De telles tentatives du Pakistan, destinées à camoufler son occupation illégale, ne peuvent masquer les graves violations des droits de l'homme et le déni des libertés depuis plus de sept décennies dans ces territoires occupés par le Pakistan », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère indien des Affaires extérieures Shri Anurag Srivastava.
L'Inde et le Pakistan occupent chacun des parties du Cachemire et s'accusent mutuellement d'occupations illégales.
Islamabad avait fait part en janvier 2016 d'un projet de conférer au Gilgit-Balistan un statut de « province provisoire » qui enverrait deux députés pour le représenter au Parlement fédéral en tant qu'observateurs. Un cadre de l'exécutif du Gilgit-Balistan avait alors précisé que cela visait à faciliter les investissements chinois.
Deux des trois guerres que se sont livrées l'Inde et le Pakistan depuis leur indépendance et leur partition de 1947 l'ont été au sujet du Cachemire.
Après la partition, le Cachemire a été divisé en deux parties, 37% pour le Pakistan et 63% à l'Inde, séparées par une Ligne de contrôle (LoC), frontière de facto.