Sur la Côte d'Azur, le tourisme pèse sur les rares ressources en eau

Des piétons traversent un pont sur la rivière asséchée «La Savoureuse» à Belfort, dans l'est de la France, le 12 août 2022. (AFP)
Des piétons traversent un pont sur la rivière asséchée «La Savoureuse» à Belfort, dans l'est de la France, le 12 août 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 14 août 2022

Sur la Côte d'Azur, le tourisme pèse sur les rares ressources en eau

  • Comme 87 autres communes du département du Var, Hyères est en situation de «crise» sécheresse, le niveau d'alerte le plus élevé
  • Les cours d'eau sont au plus bas, dans une région où la consommation est bien supérieure à la moyenne (228 litres par jour par personne, contre 109 litres pour le Nord-Pas-de-Calais)

HYERES: "On est en vacances donc on n'écoute pas trop les infos...": sur la plage de l'Almanarre, à Hyères (Var), des touristes, serviette contre serviette, ignorent tout des restrictions d'eau imposées dans cette région frappée par une sécheresse historique qu'ils contribuent à aggraver.

Anne Fretey, 53 ans, venue de Troyes (Aube), consciente de la problématique au niveau national, ne lave plus sa voiture "depuis un moment" mais n'était "pas du tout au courant" du manque d'eau particulièrement criant sur la Côte d'Azur.

Comme 87 autres communes du département du Var, Hyères est en situation de "crise" sécheresse, le niveau d'alerte le plus élevé. Les cours d'eau sont au plus bas, dans une région où la consommation est bien supérieure à la moyenne (228 litres par jour par personne, contre 109 litres pour le Nord-Pas-de-Calais).

Anne découvre que la douche de plage est à sec, seul signe visible pour les estivants des restrictions en cours. Juste au-dessus du bouton poussoir, un autocollant informe d'une coupure de l'eau des douches depuis mai - le début de l'alerte sécheresse dans la commune.

Mais dans les rues du centre-ville comme à l'entrée des sites touristiques, aucun affichage n'informe du manque d'eau et de la nécessité d'utiliser cette ressource avec sobriété.

Au-delà des restrictions, Anne Setimelli, fondatrice de l'association écologiste varoise "Explore et préserve", estime qu'il faudrait "repenser l'utilisation de l'eau" et par exemple définitivement fermer les douches de plage au profit de points d'eau potable "pour remplir sa gourde et éviter les bouteilles en plastique".

La militante déplore que "les politiques ne sensibilisent pas assez le grand public sur un territoire qui subit une très forte pression touristique".

Provence-Alpes-Côte d'Azur se place en tête, cette saison, des régions les plus attractives de France, avec un "retour en force" des touristes au même niveau qu'avant l'épidémie de Covid-19, selon le Comité régional du tourisme.

Piscine qui déborde 

Sur la presqu'île de Giens, toujours à Hyères, les campings à proximité des plages de la Méditerranée font le plein en août. Dans un établissement quatre étoiles, les lauriers roses resplendissent et la piscine déborde: le personnel n'a pas entendu parler des restrictions, et notamment de l'interdiction de remplir les piscines dans cette situation de "crise".

Contacté par l'AFP, un agent de la police de l'environnement dans la région nuance: les établissements peuvent demander une dérogation aux préfets, "qui ont tendance à l'accorder quand les piscines sont collectives en période de canicule", en invoquant "des enjeux de santé publique".

Au bord du bassin bleu turquoise, Grégory Prudhomme, 52 ans, venu en famille du Pas-de-Calais remarque que "la piscine n'est pas si grande que ça" et préfère pointer du doigt les campings équipés de "piscines surdimensionnées, avec des toboggans", ou encore les piscines individuelles des villas.

Quelques kilomètres plus loin, au centre de vacances de l'Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA), pas de piscine. "On est à 25 mètres de la mer, ce serait une aberration", assure Gaspard Dalle, responsable des sports, tout en reconnaissant que "les centres UCPA avec piscine enregistrent entre 30 et 40% de réservations en plus que les autres".

Devant le hangar où sont rangés combinaisons de plongée et gilets de sauvetage, une pancarte avertit: "Chaque goutte compte". Gaspard Dalle désigne un grand bac de 500 litres, "de l'eau douce et un produit désinfectant", dans lequel les vacanciers doivent dessaler leurs tenues: pour s'adapter à la sécheresse, l'eau n'est changée qu'une fois par jour au lieu de deux.

Idem pour le rinçage du matériel nautique (planches, catamarans, etc), indispensable à sa durabilité: "On ne rince plus qu'une fois par semaine au lieu de tous les jours".

Dans ce centre de vacances partenaire du parc national de Port-Cros, l'écologie fait partie des valeurs fortes: le système de cantine collective, la maîtrise de la climatisation et l'éducation à la biodiversité en témoignent.

"Les clients attendent un minimum de qualité et c'est sûr que restreindre l'eau et la clim' peut nuire à cette qualité, mais je pense que ça fait partie d'une éducation indispensable", réfléchit Gaspard. Notamment pour réduire la pression touristique sur les ressources naturelles: Tandis qu'un Français consomme en moyenne 148 litres d'eau par jour, son utilisation passe à 230 litres d’eau par jour en vacances, selon le Centre d'information sur l'eau.


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

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  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.


A peine installé, Lecornu affronte deux motions de censure

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
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  • Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints
  • Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions

PARIS: Un dernier obstacle avant d'entamer l'examen du budget: deux motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, l'une de LFI et l'autre du RN, seront débattues par les députés jeudi matin, et devraient être rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien du PS.

Le Parti socialiste a pris sa décision après avoir obtenu mardi satisfaction sur plusieurs revendications clés, dont l'annonce par le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, de la suspension de la réforme des retraites.

Un débat commun aux deux motions débutera à 09H00 dans l'hémicycle jeudi, et devrait durer environ deux heures trente. Le scrutin sera ensuite ouvert pour trente minutes sur une motion, puis l'autre.

Si la gauche ne soutiendra pas la motion du RN, la motion insoumise devrait elle recueillir les voix de l'extrême droite ainsi que des députés écologistes et communistes.

Manqueraient alors environ une vingtaine de députés pour atteindre la majorité (289 voix) qui ferait tomber le gouvernement, tout juste nommé dimanche.

"Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", a estimé mardi Marine Le Pen, qui défendra la motion de son groupe et de ses alliés ciottistes. Leur texte défend la nécessité d'une dissolution pour "sortir" le pays "de l'impasse".

Combien de députés franchiront le pas en s'affranchissant de la consigne de leur parti?

Chez les LR "deux ou trois" devraient voter la censure, selon une source au groupe.

"Quelques votes pour" sont également possibles chez les indépendants Liot, selon une source au sein du groupe centriste.

Chez les socialistes, le patron du parti Olivier Faure et le chef des députés Boris Vallaud ont appelé leurs troupes à s'en tenir à la ligne décidée de façon "quasi-unanime".

Mais le député Paul Christophe a fait savoir qu'il censurerait malgré tout: "mon sujet c'est la justice fiscale et le pouvoir d'achat, il n'y a pas d'engagement du gouvernement sur ces sujets", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq autres députés ultramarins du groupe PS ont également annoncé censurer.

"Un leurre" 

Le socialiste Pierrick Courbon dit lui hésiter. Il s'inquiète que la suspension de la réforme des retraites, qui passera selon M. Lecornu par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, implique que les socialistes soutiennent ce texte pour qu'il soit adopté. Or "le PLFSS du budget Macron" n'obtiendra "jamais ma voix", confie-t-il à l'AFP.

Un argument d'ailleurs repris en choeur par La France insoumise. "Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur", a lancé lundi dans l'hémicycle le député Louis Boyard à l'adresse des socialistes.

"Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l'a été avant lui le +conclave+ de François Bayrou", soutient la motion de censure insoumise, qui sera défendue jeudi par Aurélie Trouvé.

Lors de la première motion de censure contre le gouvernement Bayrou, qui n'avait pas abouti, huit socialistes avaient voté pour malgré la consigne de leur parti.

M. Bayrou avait finalement perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de l'Assemblée en 2024, après la censure de Michel Barnier en décembre.

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée.

La commission des Finances s'en emparera lundi, et il devrait arriver dans l'hémicycle vendredi.

Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints.

Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions.

Un député Horizons résume: "Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile."