Attaque de Tessit au Mali: nouveau bilan de 42 soldats tués, attaque la plus meurtrière depuis 2019

En mars 2021, trente-trois soldats de la relève de Tessit avaient été tués dans une embuscade revendiquée par l'EIGS. (AFP).
En mars 2021, trente-trois soldats de la relève de Tessit avaient été tués dans une embuscade revendiquée par l'EIGS. (AFP).
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Publié le Mercredi 10 août 2022

Attaque de Tessit au Mali: nouveau bilan de 42 soldats tués, attaque la plus meurtrière depuis 2019

  • Cette attaque dimanche intervient alors que le Mali, qui a poussé vers la sortie le vieil allié français et ardemment relancé la coopération avec Moscou, fait depuis quelques semaines face à une résurgence d'assauts de la nébuleuse du GSIM
  • Parmi les quatre civils tués, certains d'entre eux étaient des élus locaux, avaient déclaré à l'AFP des proches des victimes sous le couvert de l'anonymat

BAMAKO : Quarante-deux soldats maliens ont été tués dimanche dans le nord-est du Mali, près des frontières du Burkina Faso et du Niger, dans l'attaque la plus meurtrière attribuée à des djihadistes contre les forces maliennes depuis 2019, selon un nouveau bilan.

Ce nouveau bilan est issu d'un document officiel listant nominativement les militaires décédés, authentifié mercredi par plusieurs hauts responsables militaires à l'AFP. Le précédent indiquait 17 soldats et 4 civils tués.

C'est le plus lourd bilan officiel pour l'armée malienne depuis la série d'attaques fin 2019-début 2020 par le groupe Etat islamique de camps militaires dans cette même région des trois frontières.

Cette attaque dimanche intervient alors que le Mali, qui a poussé vers la sortie le vieil allié français et ardemment relancé la coopération avec Moscou, fait depuis quelques semaines face à une résurgence d'assauts de la nébuleuse du GSIM.

Parmi les quatre civils tués, certains d'entre eux étaient des élus locaux, avaient déclaré à l'AFP des proches des victimes sous le couvert de l'anonymat.

Le communiqué affirmait également que sept "ennemis" étaient morts dans l'attaque, des assaillants "vraisemblablement de l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et bénéficiant d'un appui drones et artillerie avec un usage des explosifs et véhicule piégé".

Trois frontières

La zone de Tessit, située du côté malien de la zone dite des "trois frontières", dans une immense région rurale non contrôlée par l'Etat, est fréquemment le théâtre d'affrontements et d'attaques.

Les groupes armés affiliés à Al-Qaïda, rassemblés sous la houlette du Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM, JNIM en arabe), y combattent depuis 2020 le groupe EIGS, affilié à l'organisation EI.

Les djihadistes cherchent à prendre le contrôle de cette zone stratégique et aurifère.

L'armée malienne, installée dans un camp militaire à côté de la localité de Tessit, a également souvent été prise à partie dans cette région. En mars 2021, trente-trois soldats de la relève de Tessit avaient été tués dans une embuscade revendiquée par l'EIGS.

Dans cette zone parfois appelée le "Gourma malien" opèrent également des Casques bleus de la mission de l'ONU au Mali.

Quant aux civils, comme ailleurs au Mali, ils sont pris entre les feux de ces acteurs du conflit, et accusés d'être alliés avec l'un quand ils ne le sont pas avec l'autre. En février, une quarantaine d'entre eux avaient été tués par l'EIGS à Tessit, accusés de complicité avec Al-Qaïda.

Les habitants de la zone, régulièrement coupée du réseau téléphonique depuis plusieurs années et d'autant plus enclavée en saison des pluies, ont fui par milliers, notamment vers la grande ville voisine de Gao, à quelque 150 km au nord.

Vague d'attaques en 2019-2020

Cette zone des "trois frontières" avait été le théâtre fin 2019-début 2020 de la série d'attaques la plus meurtrière qu'avaient connus les trois pays concernés depuis le déclenchement du conflit en 2012 dans le nord du Mali.

Plus d'une dizaine de camps isolés dans lesquels les soldats sahéliens étaient retranchés avaient été les cibles de l'EIGS selon un mode opératoire éprouvé: l'attaque éclair de combattants à motos. Des centaines de soldats avaient été tués.

Ces revers avaient poussé l'armée malienne, ainsi que les soldats nigériens et burkinabè, à se replier et se regrouper sur des places plus fortes.

Un sursaut militaire avait été annoncé en janvier 2020 lors d'un sommet franco-sahélien à Pau (sud-ouest de la France). L'EIGS avait été désigné "ennemi n°1" et de nombreuses opérations, française et sahéliennes, avaient été menées aux trois frontières.

De nombreux chefs du groupe jihadiste ont été tués en 2020 et 2021, au premier chef desquels son fondateur Abou Walid Al-Sahraoui en août 2021. Mais, racontent plusieurs habitants et des experts, le groupe n'a pour autant jamais cessé de recruter et d'opérer.

Fin juillet, au moins 11 attaques coordonnées et portant la marque du GSIM ont frappé le territoire malien. L'une d'entre elle s'était déroulée à Kati, aux portes de Bamako et au coeur de l'appareil militaire malien.

 


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"