Elham Dawsari: Mes histoires sont celles de toutes les femmes saoudiennes

Les Subabat, des femmes qui servent le café lors d'événements exclusivement féminins, sont au cœur de l'œuvre la plus populaire de Dawsari. (Photo fournie)
Les Subabat, des femmes qui servent le café lors d'événements exclusivement féminins, sont au cœur de l'œuvre la plus populaire de Dawsari. (Photo fournie)
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Publié le Mardi 09 août 2022

Elham Dawsari: Mes histoires sont celles de toutes les femmes saoudiennes

  • Dawsari a peu à peu fait des femmes oubliées le centre de son travail
  • Au lieu de se pencher sur les problèmes de l'époque actuelle, elle a préféré mettre en valeur les histoires du passé

RIYAD: Alors que l'artiste et écrivaine saoudienne interdisciplinaire Elham Dawsari savoure un latte espagnol glacé – un doux moyen de lutter contre la chaleur extérieure –, elle se souvient de l'un de ses premiers croquis: une version plus jeune d'elle-même, assise sur le perron de sa maison, en train de regarder des garçons de son âge jouer pieds nus dans l'herbe, loin de la bienséance sociale. Elle tient un walkman à la main.

«J'ai fait ce dessin parce que je voulais non seulement répondre à des questions, mais aussi en poser moi-même certaines: qu'en est-il des espaces ? Des femmes ? Du sexe ?» s’interroge-t-elle auprès d’Arab News.

Comme elle était à la fois le sujet du croquis et l'arrière-plan des garçons qui jouaient, elle a établi une connexion intrinsèque avec l'espace qui l'entourait et la place qu'occupaient les femmes dans cet espace.

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Deux personnages féminins miniatures, l'un époussetant le patio et l'autre appliquant une crème hydratante et du citron, dans le cadre de l'œuvre d'art «Nfas» de l'artiste Elham Dawsari présentée au Jax Arts Festival, à Riyad. (Photo prise par le photographe Moat Alyahya)

Dawsari a peu à peu fait des femmes oubliées le centre de son travail.

L'artiste explore la ville de Riyad dans les années 1980 et 1990, dans l’ère pré-Internet, et s'intéresse surtout aux femmes issues de classes moyennes ou défavorisées. Et notamment sur la manière dont internet a modifié leur comportement et les a façonnées dans leurs espaces environnants.

«Je pense que c'est une façon pour moi d'accepter beaucoup de choses qui se sont passées dans ma vie, y compris les histoires de femmes, parce que je me suis longtemps posé des questions pour essayer de les comprendre», explique-t-elle.

EN BREF

  • Dawsari voulait que son travail soit représentatif des femmes et qu'il contribue à ce qu'elles soient considérées comme de simples êtres humains.
  • Il s'agit d'apprécier ce qu'elles sont devenues aujourd'hui et «d'espérer qu'elles soient mieux intégrées» dans cette vie au rythme effréné, explique-t-elle.
  • Les sculptures sont une incarnation personnelle de souvenirs et de personnes, conçues à plus petite échelle pour interpeller les sens et les émotions du spectateur.

Alors que la culture saoudienne relâche peu à peu son emprise sur les attentes de la société à l'égard des femmes, certains trouvent qu'il est encore difficile de porter un regard critique sur le passé.

Pour Dawsari,con l’art constitue un moyen plus acceptable de poursuivre sa carrière en toute honnêteté, sans avoir à subir certaines formes de rejet.

«L'art est pour moi une forme indirecte d'affrontement», affirme Dawsari.

Les Subabat, des femmes qui servent le café lors d'événements exclusivement féminins, sont désormais au cœur de son œuvre la plus populaire.

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La sculpture de Dawsari, qui s'évente dans la chaleur estivale du patio, est l'une des cinq pièces de son œuvre sculptée intitulée «Nfas». (Photo fournie).

«Les figures mystérieuses suscitent la curiosité des spectateurs. C'est ce qui a inspiré cette quête», poursuit-elle.

Bien qu'elle ait vécu aux États-Unis jusqu'au lycée, elle assistait souvent à des mariages saoudiens et se rappelle avoir vu sa toute première Subaba à un très jeune âge.

«Vers l'âge de 12 ans, j'ai commencé à associer la Subaba à la beauté feutrée», écrit-elle dans son essai intitulé «Raconter l’histoire des Subabat: un hommage à la sororité».

Même si elles avaient un certain statut et prestige lors des mariages, leur présence était invisible pour les participants. Leur travail consistait à servir, jamais à discuter.

«Le classisme (discrimination fondée sur la classe sociale) était évident, mais elles ressemblaient toujours aux grands-mères (lors des mariages) par leur façon de s'habiller. Finalement, 25 ans plus tard, j'ai appris en faisant des recherches qu'elles avaient emprunté ce style aux femmes pour qui elles travaillaient», révèle Dawsari.

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La Subaba, une femme qui sert du café et des desserts lors d'événements spéciaux réservés aux femmes, offrant du thé dans une série de photos de l'artiste Elham Dawsari intitulée «Subabat».

Ce contraste l'a marquée et sa détermination à faire connaître ces femmes, malgré leur effacement évident, a culminé dans sa série de photos, ses essais et son court-métrage documentaire, justement nommé «Subabat».

Alors que la lamentation et la nostalgie sont très présentes dans nombre d'œuvres d'art saoudiennes, Dawsari a choisi de s'en éloigner.

«Quelle joie cela procure-t-il ?» se demande-t-elle. Au lieu de se pencher sur les problèmes actuels, elle a préféré mettre en valeur les histoires du passé.

Dans son œuvre d'art «Nfah», Dawsari a créé une série de cinq sculptures miniatures qui montrent comment les femmes passent leur temps à la maison. Dans leur vie isolée, que ce soit dans leur propre maison ou dans celle de quelqu'un d'autre, elles sculptent ce qu'elles sont et cherchent des espaces ouverts.

Son travail, récemment présenté au Jax Arts Festival de Riyad, vise à analyser la relation entre l'aménagement paysager urbain et le comportement spécifique des ménages saoudiens des années 1990.

Les deux sculptures représentant les voluptueuses femmes au foyer, l'une nettoyant la cour et l'autre accroupie pour faire la lessive, reflètent la manière dont les femmes conservaient leur force physique dans l'Arabie saoudite rurale.

Dawsari a confié à Arab News qu'elle espérait attirer l’attention sur ces femmes, qui furent bien plus que de simples employées de maison et matrones. «Pour que nous puissions renouer avec nous-mêmes et penser à toutes les autres choses qui faisaient partie de leur vie et au lourd fardeau de responsabilité que la société leur imposait».

Dawsari voulait que son travail soit représentatif des femmes et qu'il contribue à ce qu'elles soient considérées comme de simples êtres humains.

Il s'agit d'apprécier ce qu'elles sont aujourd'hui et «d'espérer qu'elles seront mieux intégrées» dans cette vie orientée au rythme effréné, précise-t-elle.

Les sculptures sont une incarnation personnelle de souvenirs et de personnes, conçues à plus petite échelle pour interpeller le spectateur de manière physique et émotionnelle.

«‘Nfah’ est plutôt une histoire collective que j'ai pu écouter, que j'ai pu partager, qui s'inscrit dans l'essence de l'œuvre d'art... Il s'agit de briser les barrières à travers ces femmes», ajoute-t-elle.

Dawsari aborde le thème de l'aménagement urbain en retraçant le mouvement des femmes à l'intérieur des foyers traditionnels. Dans son travail, elle se demande souvent contre quoi ces espaces en forme de boîtes sont censés nous protéger.

«C'est une sorte de forteresse émotionnelle qui vous protège, une autre barrière dans cette société... Pourquoi est-ce si révoltant ? Pourquoi est-ce si déprimant ?»

Dawsari fait le lien entre les effets produits par ces espaces que nous avons construits et la manière dont nous nous imposons en contrepartie cette architecture. Qu'arrivera-t-il à la prochaine génération lorsqu'elle vivra dans cette maison dite «utopique» de ses ancêtres ?

«Comment cela a-t-il affecté les femmes qui connaissent, aujourd'hui aussi, une renaissance différente ?»

À l'heure notre quotidien effréné guidé par la quête d’un avenir meilleur, nous pouvons facilement nous déconnecter de nos aînés qui ne suivent peut-être pas le même rythme de vie.

«Tous ceux qui sont venus et ont interagi semblaient touchés, ce qui signifie que nous partageons la même histoire malgré nos différences», pense Dawsari.

Chacun d'entre nous a le souvenir d'une figure maternelle qui lui passe du jus de citron sur les genoux ou lui prépare un café l'après-midi.

Une spectatrice indienne a dit un jour à Dawsari que son travail lui rappelait ses tantes et sa famille. L'universalité de son travail est donc ce qui parle au public.

«Nous perdons de jour en jour des histoires qui ne sont pas racontées... L'idée est de créer une habitude, de faire en sorte que les gens interagissent avec de plus en plus d'œuvres d'art relatives à cette génération», conclut Dawsari.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Saudi League en passe de rejoindre le top 3 mondial, selon le patron de la FIFA

La ligue est en passe de devenir l'une des trois meilleures au monde, a-t-il ajouté.  (Fourni)
La ligue est en passe de devenir l'une des trois meilleures au monde, a-t-il ajouté. (Fourni)
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  • Gianni Infantino souligne qu’un championnat national au rayonnement mondial attire plusieurs des meilleurs joueurs de la planète
  • Le football féminin dans le Royaume est également promis à une croissance accrue

DOHA : Gianni Infantino, président de la Fédération internationale de football association (FIFA), a déclaré que l’Arabie saoudite est devenue un pôle majeur sur la scène mondiale du football.

Il a salué les évolutions dynamiques observées ces dernières années, qui ont permis au Royaume d’acquérir une présence internationale significative et de développer un championnat national à la dimension mondiale, réunissant certaines des plus grandes stars du football, au premier rang desquelles Cristiano Ronaldo.

La ligue est en passe de devenir l'une des trois meilleures au monde, a-t-il ajouté. 

Dans un entretien exclusif accordé à Asharq Al-Awsat, publication sœur d’Arab News, le président de la FIFA a affirmé que l’équipe nationale saoudienne, après son exploit retentissant face à l’Argentine lors de la Coupe du monde 2022, demeure capable de rééditer de telles performances, potentiellement face à l’Espagne lors du Mondial 2026.

Il a souligné que le football saoudien a réalisé des progrès remarquables, non seulement au niveau de l’équipe nationale senior, mais également dans les catégories de jeunes. Il a également indiqué que le football féminin dans le Royaume est appelé à se développer davantage, grâce à l’attention croissante que lui portent les instances dirigeantes du football ces dernières années.

Gianni Infantino a par ailleurs exprimé sa satisfaction personnelle quant à l’organisation de la Coupe du monde 2034 en Arabie saoudite, décrivant le Royaume comme un pays accueillant, doté d’une culture riche, d’une cuisine savoureuse et d’un peuple remarquable — autant d’éléments qui, selon lui, contribueront au succès de ce grand événement footballistique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com