Après l'attentat de Nice, des musulmans tristes, qui craignent d'être "stigmatisés"

Les gendarmes à cheval français sécurisent la Grande Mosquée de Paris avant les prières du vendredi, le 30 octobre 2020 (Thomas Coex / AFP
Les gendarmes à cheval français sécurisent la Grande Mosquée de Paris avant les prières du vendredi, le 30 octobre 2020 (Thomas Coex / AFP
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Publié le Dimanche 01 novembre 2020

Après l'attentat de Nice, des musulmans tristes, qui craignent d'être "stigmatisés"

  • "Les musulmans ne sont pas des terroristes et les terroristes ne sont pas des musulmans"
  • "On nous demande de justifier les attentats, alors que pour moi, ce ne sont pas des musulmans, ce sont des fous"

PARIS : "Colère" vis-à-vis des "égarés" qui commettent des attentats au nom de l'islam, peur d'une nouvelle "stigmatisation" : au lendemain de l'attentat de Nice, des fidèles musulmans témoignent à l'AFP de leur "tristesse" mais veulent continuer à croire en la "tolérance".

Souleymane le répète trois fois en secouant la tête : "c'est inadmissible". Cet éducateur sportif en banlieue parisienne raconte son "sentiment de tristesse", devant la grande mosquée de Paris, où il est venu pour la dernière prière collective de ce vendredi avant reconfinement.

"Il y a des égarés, ça ne ressemble pas à l'islam", dit-il en faisant référence au Tunisien qui a assassiné au couteau trois personnes jeudi à l'intérieur de la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice. "On n'a pas le droit de tuer". "En plus de ça dans un lieu de culte ? C'est interdit !", s'exclame-t-il.

"Ceux qui créent cette zizanie ne sont pas parmi nous", abonde Aboubackar Saccoh, en sortant de la mosquée. Lors du prêche, "l'imam nous a demandé de rester fidèles à nous-mêmes", de prôner "la tolérance", les "valeurs de la France", de "vivre dans la dignité, le respect d'autrui et la cohésion sociale".

A quelques mètres passent quatre Gardes républicains montés à cheval. Le quartier est bouclé en plusieurs endroits par les forces de l'ordre, alors que l'exécutif a annoncé jeudi le renforcement de la sécurité des lieux de culte.

"Il y a toujours des stigmatisations, des amalgames", regrette Zohir Boudiba, professeur d'arabe, "triste de tout ce qui se passe au nom de l'islam". Il martèle : "les musulmans ne sont pas des terroristes et les terroristes ne sont pas des musulmans".

Farid Kachour, secrétaire général de l'association de la mosquée de Montfermeil (Seine-Saint-Denis) ressent de la "colère".

 "Boucs-émissaires" 

"En tant que citoyens français, on en a ras-le-bol d'être attaqués tous les jours et que notre sécurité soit mise à mal par quelques individus". "On rend les musulmans responsables de faits isolés" commis par des terroristes, "des personnes isolées, qui ne fréquentent pas nos lieux de culte."

La stigmatisation, il la ressent également. "On sent bien les regards posés dans la vie de tous les jours, il y a de l'agressivité", décrit-il. "Dès qu'il y a un problème, on dit que c'est les musulmans". On est "des boucs-émissaires", regrette Farid Kachour.

Aboubacar Diakité, 30 ans, éducateur sportif, originaire du Blanc-Mesnil, met en garde, pour sa part, contre les injonctions faites aux musulmans. "On nous demande de justifier les attentats, alors que pour moi, ce ne sont pas des musulmans, ce sont des fous".

Que faire ? Safia Tidjani, 26 ans, qui travaille dans un hôpital à Nice en tant qu'ingénieure se sent "impuissante". D'abord ne "pas faire d'amalgame et rester unis", plaide-t-elle.

"Il faudrait s'asseoir et réfléchir sur une stratégie commune et pérenne", estime Aminé Tidjani, 32 ans, analyste de données à Paris. Pour elle, le "combat commun" doit être celui mené "contre les terroristes". "La haine de l'autre ne fera qu'attiser les choses", prévient-elle.

"A chaque fois, on condamne, mais il faut agir", plaide Larbi Khaled, l'un des imams de la mosquée de Paris. "Qu'on soit main dans la main, musulmans, non-musulmans, autorités".

En attendant, la tristesse provoquée par l'attentat semblait mettre au second plan les conséquences du reconfinement.

A l'appel de responsables du culte, certaines mosquées ont fermé et dans celles qui restent ouvertes, comme la grande mosquée de Paris, les prêches du vendredi sont suspendus à partir de la semaine prochaine et pour toute la durée du confinement, prévu jusqu'au 1er décembre au moins.

"Moi, ma foi, mon âme, mon esprit, je les trouve quand je viens faire ma prière", soupire Zohir Boudiba. "Quand on voit que les mosquées ferment, ça fait vraiment mal".

 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.