Ukraine: Attaque au drone contre le QG de la flotte russe à Sébastopol

Sur cette photo d'archive prise le 30 juillet 2017, des marins de la marine russe défilent lors de la célébration de la Journée de la marine russe à Sébastopol en Crimée. (Photo par Stringer / AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 30 juillet 2017, des marins de la marine russe défilent lors de la célébration de la Journée de la marine russe à Sébastopol en Crimée. (Photo par Stringer / AFP)
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Publié le Lundi 01 août 2022

Ukraine: Attaque au drone contre le QG de la flotte russe à Sébastopol

  • Le gouverneur de Sébastopol a précisé qu'un drone s'était posé dans la cour de l'état-major de la Flotte et fait état de cinq blessés parmi les employés de l'état-major
  • Toutes les festivités liées à la Journée de la Flotte russe «ont été annulées pour des raisons de sécurité», a annoncé M. Razvojaïev

KIEV: Un drone explosif a blessé six personnes dimanche au quartier général de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol, en Crimée, une attaque inédite qui a mis en état d'alerte ce bastion russe dans la péninsule ukrainienne annexée par Moscou.

Les frappes russes se poursuivent sur les villes ukrainiennes, notamment Mykolaïv, où le bombardement le plus violent depuis le début de la guerre a tué au moins deux habitants, selon les autorités locales. Dans la nuit de dimanche à lundi, de "puissantes explosions" ont retenti de nouveau dans cette ville du sud, a indiqué son maire, Oleksandr Senkevych sur Telegram.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé samedi les forces russes de pratiquer une tactique de "terreur" par leurs bombardements sur les villes ukrainiennes, annonçant l'évacuation générale de la population de la région de Donetsk (est).

A Sébastopol, ville portuaire qui avait continué d'abriter la flotte russe de la mer Noire après la fin de l'Union soviétique aux termes d'un accord avec Kiev, mais qui a été formellement annexée par Moscou avec le reste de la Crimée en 2014, c'est un drone qui a explosé dans la cour de l'état-major de la Flotte russe, faisant six blessés, a indiqué sur Telegram le gouverneur Mikhaïl Razvojaïev.

Les autorités ont décrété le niveau "jaune" (intermédiaire) d'alerte antiterroriste après cette attaque assez mineure au vu des images mises en ligne par le gouverneur de Sébastopol, qui montrent des bris de vitres sur le sol.

"Les ukro-nazis ont décidé de nous gâcher la Journée de la Flotte militaire russe", a écrit le gouverneur, reprenant une expression couramment utilisée par les autorités et la propagande russe pour désigner les forces de Kiev. Il a précisé que les festivités étaient annulées et a demandé aux habitants de la ville de ne pas quitter leur domicile "si possible".

Les autorités ukrainiennes ont démenti être à l'origine de cette attaque inédite, qualifiant les accusations russes de "provocation délibérée".

La Marine ukrainienne a émis l'hypothèse d'un prétexte pour annuler les festivités prévues à Sébastopol par peur d'une véritable attaque.

"En réalité, (...) pour ne pas être humiliés aux yeux du monde par leur peur de l'armée ukrainienne, les Russes ont +inventé+ une excuse pour annuler les célébrations", a-t-elle écrit sur Facebook.

L'Ukraine, quoique envahie partiellement depuis le 24 février, et sous le feu de l'artillerie et des missiles de croisière russes, a infligé plusieurs humiliations à la flotte russe, coulant d'abord son navire amiral, le croiseur Moskva, puis reprenant le contrôle de l'Ile des serpents, un îlot stratégique face à l'embouchure du Danube.

Le président russe, Vladimir Poutine, a célébré la journée de la Flotte russe loin de Sébastopol, à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), avec un discours promettant l'arrivée "dans les prochains mois" d'un nouveau missile de croisière hypersonique qui "ne connaît aucun obstacle".

«Plus de 50 frappes»

Dans le Sud de l'Ukraine, les autorités de Mykolaïv ont assuré dimanche que la ville avait été la cible de bombardements russes massifs, probablement "les plus forts" depuis le début de la guerre en février, qui ont fait au moins deux morts, selon le maire Senkevytch.

Ces frappes ont causé la mort d'Oleksiï Vadatoursky, propriétaire de la principale société ukrainienne de logistique céréalière et de son épouse. "C'était l'un des plus importants entrepreneurs agricoles du pays, une personnalité clef de la région et un important employeur", a souligné sur Telegram Mikhailo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, disant croire dans ce cas à une frappe ciblée.

Dans son adresse dominicale, le président Zelensky a rendu hommage à Oleksiï Vadatoursky, qu'il a qualifié de "héros de l'Ukraine".

D'autres frappes ont touché les régions de Kharkiv (est) et Soumy (nord-est). Quelques bâtiments ont été endommagés dans "une série d'explosions" à Kharkiv, a annoncé le maire de la deuxième ville ukrainienne, Igor Terekhov.

Une personne a été tuée et deux blessées dans la région de Soumy qui a été la cible de "plus de 50 frappes" au cours des dernières 24 heures, selon le gouverneur Dmytro Jyvytsky.

Samedi soir, M. Zelensky a appelé les habitants de la région de Donetsk à se conformer à l'ordre d'évacuation, pour échapper à la "terreur russe" et aux bombardements sur ce territoire de l'est du pays, largement sous contrôle de Moscou.

Au moins 200.000 civils vivent encore dans les territoires de la région de Donetsk qui ne sont pas sous occupation russe, selon une estimation des autorités ukrainiennes.

«Explosion thermobarique»

Vendredi, l'explosion d'un hangar abritant des soldats ukrainiens prisonniers à Olenivka, en territoire occupé par les Russes dans la région de Donetsk, a fait 50 morts et 73 blessés graves. Un "crime de guerre russe délibéré", selon M. Zelensky.

Mykhailo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, a mis en doute dimanche la version d'une "frappe" avancée par les Russes, qui en accusent l'armée ukrainienne.

"Une frappe ? Non, une attaque terroriste", a-t-il écrit sur Twitter. "1. Les images satellites montrent que seul un bâtiment a été endommagé. 2. Les prisonniers avaient été amenés là juste avant l'attaque. 3. L'analyse des photos montre une explosion thermobarique depuis l'intérieur", a-t-il affirmé.

Le Comité international de Croix-Rouge a déclaré dimanche n'avoir toujours pas reçu d'autorisation officielle de Moscou de se rendre sur les lieux, et souligné qu'il était "impératif que le CICR ait accès immédiatement" au site et aux victimes.

Samedi soir, le ministère russe de la défense avait affirmé avoir "officiellement invité" des experts de l'ONU et du CICR à se rendre sur place "dans l'intérêt d'une enquête objective".

L'Ukraine avait dès vendredi demandé au CICR et à la Mission de surveillance des droits de l'homme des Nations unies, qui avaient supervisé en mai la reddition négociée avec les Russes des défenseurs de l'usine d'Azovstal à Marioupol (sud-est), de se rendre à Olenivka. Le président Zelensky avait souligné que l'ONU et le CICR s'étaient portés "garants" de la vie des soldats ukrainiens et devaient "réagir".

Après de longues semaines de siège et de résistance sur le site sidérurgique d'Azovstal, environ 2.500 combattants ukrainiens s'étaient rendus et Moscou avait fait savoir qu'ils seraient incarcérés à Olenivka.

Accusé vendredi par le Comité d'enquête russe d'avoir bombardé le centre de détention de ses propres soldats avec des missiles "américains", l'armée ukrainienne a balayé ces affirmations, estimant qu'il s'agissait pour les forces russes ou séparatistes de "camoufler les tortures de prisonniers et les exécutions" commises.

Selon le renseignement ukrainien, l'attaque "a été réalisée par des mercenaires de la division Wagner", compagnie russe de mercenaires dont les hommes ont été accusés de crimes en Syrie et en Afrique notamment.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »