LAGOS: Le Nigeria a procédé à des changements à la tête de son appareil militaire, au moment où le gouvernement du pays le plus peuplé d'Afrique est critiqué de toute part pour son incapacité à endiguer l'insécurité généralisée.
Les forces de sécurité nigérianes sont mobilisées sur plusieurs fronts, dans le nord-est où elles luttent contre une insurrection djihadiste vieille de 13 ans, dans le nord-ouest, où elles affrontent des bandes criminelles qui terrorisent les populations, et dans le sud-est où sévit un mouvement séparatiste.
Le communiqué de l'armée acte notamment des changements à la tête de bataillons situés à Lagos, la capitale économique, à Enugu, dans le sud-est, mais aussi à Kaduna, dans le nord-ouest.
Cette décision intervient à un moment où les autorités sont plus que jamais sous le feu des critiques.
L'attaque sophistiquée d'une prison située à l'extérieur de la capitale, revendiquée ce mois-ci par l'État islamique, a mis les forces armées dans l'embarras, les djihadistes ayant frappé à seulement 40 km du palais présidentiel à Abuja et près de l'aéroport international.
Quelques jours plus tôt, un convoi du personnel de sécurité du président Muhammadu Buhari préparant la visite du chef de l'Etat dans sa région natale de Katsina (nord-ouest) était tombé dans une embuscade.
Des soldats de la garde présidentielle ont également été pris en embuscade par des hommes armés cette semaine à l'extérieur de la capitale.
Le chef d'état-major de l'armée, le lieutenant-général Faruk Yahaya, a ordonné cette restructuration "dans le but de repositionner l'armée nigériane pour qu'elle soit efficace et compétente sur le plan opérationnel", indique le communiqué de l'armée.
La sécurité sera un enjeu crucial de l'élection présidentielle de février 2023 qui doit choisir un successeur au président Buhari, qui se retire après deux mandats, comme le prévoit la Constitution.
Le président Buhari, ancien général de l'armée et dirigeant militaire pendant les années de dictature au Nigeria, a été élu en 2015 en partie grâce à son image d'homme fort capable de s'attaquer aux djihadistes de Boko Haram.
Les députés de l'opposition ont menacé cette semaine de destituer M. Buhari à cause de l'insécurité rampante, bien qu'ils aient peu de chances d'y parvenir, le parti au pouvoir détenant la majorité au Parlement.