Au lendemain de l'attentat de Nice, le temps de l'enquête et des décisions

Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la presse devant la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice. (ERIC GAILLARD / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la presse devant la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice. (ERIC GAILLARD / POOL / AFP)
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Publié le Samedi 31 octobre 2020

Au lendemain de l'attentat de Nice, le temps de l'enquête et des décisions

  • Emmanuel Macron réunit vendredi un Conseil de défense pour envisager des mesures sécuritaires renforcées face à la multiplication des attaques
  • "Si on nous impose aujourd'hui de respecter des points de la Constitution qui ne sont pas adaptés à pouvoir mener la guerre en respectant la Constitution, et bien il faut modifier la Constitution"

PARIS: Au lendemain de l'attentat jihadiste contre une église de Nice, qui a fait trois morts, le président Emmanuel Macron réunit vendredi un Conseil de défense pour envisager des mesures sécuritaires renforcées face à la multiplication des attaques.

Devant la basilique Notre-Dame de l'Assomption, là où trois personnes --deux femmes et un homme-- ont perdu la vie jeudi, dans une attaque au couteau menée par un Tunisien de 21 ans, des bougies brillent et les gerbes de fleurs ne cessent d'arriver, vendredi matin. Dont cette immense couronne déposée au nom du maire de Nice et d'Alpes-Maritimes Fraternité, Solidarité, une association oecuménique rassemblant les représentants des différentes religions.

Si Philippe Asso, le chanoine de la basilique, a répété à l'occasion l'importance du "pardon", le maire LR Christian Estrosi a lui fait part de sa "colère", au micro d'Europe 1, renouvelant son appel à "modifier la Constitution" pour pouvoir "mener la guerre" contre une idéologie qu'il qualifie d'"islamo-fascisme".

"Si on nous impose aujourd'hui de respecter des points de la Constitution qui ne sont pas adaptés à pouvoir mener la guerre en respectant la Constitution, et bien il faut modifier la Constitution", a insisté l'élu tandis qu'Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, a appelé sur Cnews à la création d'"un Guantanamo à la Française".

"Guerre"

Utilisant lui aussi le terme de "guerre", sur RTL, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a cependant tenu à préciser que "nous ne sommes pas en guerre contre une religion mais contre une idéologie, l'idéologie islamiste".

Un conseil de défense a commencé en fin de matinée à se réunir autour du chef de l'Etat, au lendemain de cette attaque qui a de nouveau mis la France sous le choc moins de deux semaines après la décapitation d'un professeur de collège des Yvelines, Samuel Paty, qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet.

M. Macron avait alors promis que la France ne renoncerait pas à ces dessins, provoquant une crise avec le monde musulman, où ont eu lieu des manifestations et appels au boycott des produits français.

Après l'attentat de Nice, les messages de soutien à la France sont venus du monde entier, des Etats-Unis au Moyen-Orient, de l'Europe à l'ONU.

L'enquête autour du drame de jeudi a elle avancé.

Un homme de 47 ans, soupçonné d'avoir été en contact avec l'agresseur, a ainsi été interpellé et placé en garde à vue jeudi soir, a-t-on appris de source judiciaire, confirmant une information du quotidien Nice-matin.

Deux téléphones à faire parler

Quant à l'assaillant, un certain Brahim A., selon un document de la Croix-Rouge italienne retrouvé sur lui, il est toujours entre la vie et la mort à l'hôpital Pasteur de Nice, où des mesures de sécurité renforcées ont été prises après des appels à ne pas le soigner.

Si son parcours jusqu'à Nice reste à clarifier, on sait désormais qu'il est arrivé d'Italie, où il avait débarqué sur l'île de Lampedusa le 20 septembre, avant d'être enregistré à Bari début octobre.

NICE: Mais ses éventuels complices et son trajet exact jusqu'à son entrée jeudi matin dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption, à 08h29 exactement, pourrait être éclairé par les données des deux téléphones portables retrouvés près de lui, avec un coran, après sa neutralisation par une équipe de la police municipale de Nice, à 08h57.

Le portrait de ses victimes lui aussi émerge peu à peu.

Vincent Loquès, le sacristain de la basilique, était un laïc d'une cinquantaine d'années, divorcé et père de deux filles.

Parmi les deux autres victimes, figure une femme de 44 ans, de nationalité brésilienne, mère de trois enfants et résidant en France, comme l'a annoncé le ministère brésilien des Affaires étrangères. C'est elle qui a peut-être permis de mettre fin au drame jeudi en réussissant à s'enfuir de la basilique, avant de mourir dans un café voisin où elle s'était réfugiée.

Peu d'informations en revanche sur la troisième victime, une femme de 60 ans décédée après "un égorgement très profond de l'ordre d'une décapitation", selon les termes de Jean-François Ricard, le procureur national antiterroriste. Habituée de la paroisse, touriste de passage? Rien n'a encore filtré sur elle.

A Nice, une ville qui compte une forte communauté originaire du Maghreb, les sentiments sont partagés. De la colère voire de la haine, chez ces quelque 200 identitaires qui ont manifesté dès jeudi soir, en partant de la basilique, aux cris de "l'islam dehors". De la peur, comme chez cette jeune lycéenne, Myriam d'Aléo --mère marocaine, père italien, musulmane mais non pratiquante-- selon qui "les musulmans vont se faire lyncher sur les réseaux sociaux".

Mais aussi des appels à la tolérance comme celui de Virginie, aide à domicile de 37 ans: "Ca rappelle 2016 et le 14 juillet, mais il faut rester intelligent".


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.