TEHERAN: Téhéran n'agit pas "à la hâte" face aux pressions des Occidentaux pour faire revivre l'accord sur le nucléaire iranien, a affirmé lundi son ministère des Affaires étrangères alors que les pourparlers sur ce dossier sont à l'arrêt depuis mars.
"Ils exigent que l'Iran prenne rapidement une décision, [insistant que] le temps est limité et que l'Iran doit répondre rapidement, [mais] l'Iran n'agit pas à la hâte", a déclaré le porte-parole du ministère, Nasser Kanani, dans sa conférence de presse hebdomadaire.
Les pourparlers à Vienne entre l'Iran et les grandes puissances pour relancer l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015, censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique en échange de la levée de sanctions asphyxiant son économie, sont au point mort depuis mars.
Fin juin, le Qatar a organisé à Doha des pourparlers indirects entre l'Iran et les Etats-Unis - qui se sont désengagés unilatéralement de l'accord en 2018 - dans l'espoir de remettre le processus de Vienne sur les rails mais ces discussions ont été interrompues après deux jours sans aucune percée.
La République islamique "ne sacrifie pas les intérêts fondamentaux du pays et de la nation dans un processus précipité", a ajouté M. Kanani.
Samedi, le président français Emmanuel Macron a estimé à l'issue d'un entretien avec son homologue iranien Ebrahim Raïssi que la relance de l'accord "était encore possible", mais "elle devait intervenir dans les plus brefs délais".
«Caméras scellées»
Le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, a noté jeudi que l'Iran "ne semblait pas avoir pris (...) les décisions politiques nécessaires pour assurer un retour mutuel dans l'accord".
De son côté, le chef du renseignement extérieur britannique, le MI6, a dit douter que le guide suprême iranien Ali Khamenei soutienne un retour à l'accord sur le nucléaire.
"Si les Etats-Unis agissent comme l'Iran de manière constructive et de bonne foi et réagissent positivement aux initiatives positives de l'Iran, nous pensons que nous sommes proches d'un accord", a indiqué M. Kanani.
Par ailleurs, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, a indiqué lundi que les caméras de surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) déconnectées en juin ne seraient reconnectées qu'après un retour à l'accord de 2015.
L'Iran a déconnecté certaines de ces caméras sur ses sites nucléaires, en guise de riposte à une résolution que les Etats-Unis et les Européens ont fait voter à l'AIEA dénonçant un manque de coopération de Téhéran.
"Les caméras étaient censées effacer les accusations [de l'Occident selon lesquelles l'Iran cherche à se doter de la bombe atomique, NDLR], si ces accusations sont maintenues il n'y a plus de raison pour l'existence de ces caméras", a jugé M. Eslami, cité par l'agence officielle IRNA.
"Les caméras ont été récupérées par l'AIEA, scellées et stockées dans les installations [nucléaires] jusqu'au jour" de la relance de l'accord, a-t-il assuré.