Chicago: Pourquoi les entreprises musulmanes et arabes paient le lourd tribut de la lutte contre la criminalité?

La violence armée et les homicides atteignent des proportions alarmantes dans la ville de Chicago. (AFP)
La violence armée et les homicides atteignent des proportions alarmantes dans la ville de Chicago. (AFP)
La violence armée et les homicides atteignent des proportions alarmantes dans la ville de Chicago. (AFP)
La violence armée et les homicides atteignent des proportions alarmantes dans la ville de Chicago. (AFP)
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Publié le Lundi 25 juillet 2022

Chicago: Pourquoi les entreprises musulmanes et arabes paient le lourd tribut de la lutte contre la criminalité?

  • Le conseiller municipal de Chicago affirme que le ciblage des magasins qui appartiennent à des Arabes et à des musulmans est «condamnable sur le plan moral»
  • Même si tous les commerces fermés appartiennent à des Arabes et des musulmans, la maire Lori Lightfoot conteste le fait qu’ils aient été ciblés en fonction de l’ethnie ou de la religion de leurs propriétaires

CHICAGO: Alors que la violence armée et les homicides continuent d’accabler la ville de Chicago, le bureau de la maire de la ville, Lori Lightfoot, a mis en place une stratégie censée améliorer la sécurité dans cette ville américaine.

Néanmoins, les entreprises qui appartiennent à des musulmans et à des Arabes affirment que cette stratégie leur porte préjudice sans qu’elle ne profite à quiconque.

Au mois de juin 2021, un groupe de travail formé par Mme Lightfoot a été accusé par les propriétaires d’entreprises arabes et musulmanes de prendre pour cible leurs magasins en menant des opérations de nuit dans les zones les plus dangereuses de la ville.

Plus de cent cinquante petites sociétés d’Américains arabes et de musulmans ont été fermées par le groupe de travail entre juin et septembre 2021, selon la Chambre de commerce arabo-américaine (AACC).

Des propriétaires d’entreprises arabes et musulmanes organisent une conférence de presse pour dénoncer le fait que la task force, destinée à combattre la criminalité, les prend pour cible. (Ray Hanania pour Arab News)
Des propriétaires d’entreprises arabes et musulmanes organisent une conférence de presse pour dénoncer le fait que la task force, destinée à combattre la criminalité, les prend pour cible. (Ray Hanania pour Arab News)

Pour exprimer leur mécontentement, les propriétaires de magasins sont intervenus par l’intermédiaire de l’AACC. Le 8 septembre 2021, ils ont tenu une conférence de presse pour sensibiliser le public aux agissements de ce groupe de travail.

Raymond Lopez a soutenu ce mouvement. Ce conseiller municipal de Chicago sera l’un des futurs opposants à Mme Lightfoot lors des élections de l’année prochaine.

Près de vingt-cinq propriétaires de magasins ont assisté à la conférence de presse. Un seul d’entre eux a préféré garder l’anonymat pour échapper aux représailles éventuelles de la municipalité.

«Plusieurs entreprises se sont plaintes d’avoir été fermées par la municipalité sans aucune raison valable. C’est au mois d’août que la tendance s’est dessinée, lorsqu’on recevait de plus en plus de réclamations de la part de propriétaires de magasins», confie à Arab News Hassan Nijem, président de la Chambre de commerce arabo-américaine.

«Nous avons porté plainte auprès de la municipalité de Chicago, mais seuls quelques conseillers municipaux nous ont écoutés et ont réagi, comme Raymond Lopez. On dirait que tout le monde refuse de reconnaître le problème auquel nous sommes confrontés.»

«En effet, nous représentons une cible facile qui permet à madame la maire de laisser croire qu’elle combattait la violence des gangs. Mais la réalité est tout autre».

La police de Chicago a apposé un avis de fermeture que sur la vitrine de ce magasin. (Ray Hanania pour Arab News)
La police de Chicago a apposé un avis de fermeture que sur la vitrine de ce magasin. (Ray Hanania pour Arab News)

M. Lopez a tenté, en vain, de convaincre le conseil municipal de Chicago de tenir une audience publique qui porterait sur les fermetures de magasins opérées par le groupe de travail. D’autres responsables se sont joints à lui, dont Silvana Tabares, ancienne représentante de l’État de l’Illinois, et Gilbert Villegas, candidat au poste de représentant du 3e district de l’Illinois.

M. Lopez affirme que le ciblage des magasins qui appartiennent à des Arabes et à des musulmans reste «inefficace lorsqu’il s’agit de réduire la criminalité» et «condamnable sur le plan moral».

«Dans quels contextes et pour quelles raisons visons-nous spécifiquement ces personnes-là? Est-ce parce que nous croyons qu’ils ne se défendront pas? Ou sommes-nous motivés par des préjugés que nous refusons d’admettre? Ou encore parce que nous craignons de nous attaquer aux véritables catalyseurs de la violence dans nos quartiers?», s’insurge-t-il.

M. Nijem affirme que «madame la maire s’est empressée de rouvrir tous les magasins le lendemain de la conférence de presse que nous avons organisée pour braquer les projecteurs sur ce ciblage». Grâce à la couverture des chaînes de télévision, des radios et des journaux, il était «impossible de passer l’affaire sous silence», selon lui.

La maire de Chicago, Lori Lightfoot, dément le ciblage des Arabes et des musulmans. (Getty Images via AFP)
La maire de Chicago, Lori Lightfoot, dément le ciblage des Arabes et des musulmans. (Getty Images via AFP)

L’administration de Lori Lightfoot a démenti le ciblage des magasins en fonction de l’ethnie ou de la religion de leurs propriétaires. L’AACC affirme cependant que tous les magasins fermés appartenaient à des Arabes ou à des musulmans.

Elle a refusé de rencontrer les représentants de l’AACC ou ces propriétaires. Elle conteste les allégations de racisme et accuse les magasins d’enfreindre la loi.

De leur côté, les propriétaires des magasins assurent qu’ils collaborent avec la police municipale pour combattre la criminalité: ils signalent ainsi les incidents qui se produisent aux abords de leurs magasins et coopèrent sans réserve avec la police pour arrêter les auteurs de ces actes.

Auparavant, lorsqu’ils étaient accusés de violations du code, on leur accordait un délai pour y répondre plutôt que de fermer leurs établissements sans préavis.

«Tous les jours, j’ai peur que la task force […] s’attaque à notre commerce et le ferme sans préavis», raconte à Arab News Saad Malley, propriétaire d’une station-service à Chicago.

Quelques CHIFFRES

  • 161: nombre de magasins qui appartiennent à la communauté arabe ou musulmane et qui ont été visés depuis juin 2021
  • 1 500: nombre d’emplois supprimés en raison des fermetures
  • 5 millions de dollars: montant des taxes perdues à la suite des fermetures
  • 65%: pourcentage de la hausse des attaques à main armée à Chicago entre 2019 et 2021

C’est au mois de mai 2022 que les fermetures ont recommencé. Toutefois, elles ont cette fois diminué en ampleur. Le 2 mai, les images d’un jeune homme qui courait à toute vitesse en brandissant un fusil automatique illégal de type AK-47 ont été enregistrées par les caméras de surveillance de Citgo (une station-service, qui fait également épicerie, située dans le quartier ouest de Chicago). Le propriétaire de cette boutique s’appelle Ahmed Mohsin; c’est un Américain d’origine yéménite.

À 9h30, l’adolescent a traversé la rue où se situe le magasin pour se diriger vers Chicago Avenue. Il a ouvert le feu sur un homme qui s’apprêtait à emprunter les transports en commun.

La victime se tenait sur le trottoir situé devant le magasin de Mohsin et consultait son téléphone portable. Il a succombé sur le coup et est tombé du côté de la station-service de Mohsin. Quant au suspect, il s’est enfui et n’a jamais été identifié ni appréhendé par la police.

Ahmed Mohsin, propriétaire yéménite d’un magasin de Chicago, en compagnie des responsables de l’AACC, Hassan Nijem et Maher al-Khatab, après la fermeture de son magasin. (Ray Hanania pour Arab News)

«Nous avons appelé la police sur-le-champ. C’est ce que nous faisons à chaque fois qu’un crime se produit dans les environs. À leur arrivée, ils nous ont demandé de fermer le magasin le temps de l’enquête», raconte M. Mohsin à Arab News.

«Nous nous sommes pliés volontiers à cette demande, puisque nous sommes toujours prêts à aider la police de Chicago pour assurer la sécurité du quartier où nous travaillons.»

Le lendemain, il apprend la nouvelle par la police: l’entreprise qu’il possède depuis vingt ans restera fermée pour une durée indéterminée.

«L’hypothèse retenue est la suivante: nous sommes tenus responsables de la violence qui éclate sur la voie publique de la ville et qui s’étend à notre entreprise», explique M. Mohsin.

Il est entré en contact avec l’AACC, qui n’a pas tardé à organiser une conférence de presse à la station-service le 5 mai. D’autres propriétaires de magasins et plusieurs médias y ont assisté.

Des individus brandissent des pancartes lors d’une marche contre la violence armée à Chicago le 31 décembre 2020, dans un contexte de recrudescence des meurtres dans la ville (768 cette année-là), ce qui représente une hausse de 252 meurtres par rapport à l’année 2019 (516). (AFP)
Des individus brandissent des pancartes lors d’une marche contre la violence armée à Chicago le 31 décembre 2020, dans un contexte de recrudescence des meurtres dans la ville (768 cette année-là), ce qui représente une hausse de 252 meurtres par rapport à l’année 2019 (516). (AFP)

Une dizaine de jours plus tard, la task force a autorisé Mohsin à rouvrir sa boutique, mais à condition qu’il la ferme en fin de soirée.

Il a également été contraint d’embaucher une équipe de sécurité supplémentaire recommandée par l’administration du maire Lightfoot. La ville a suggéré trois firmes, dont les frais varient entre 22 000 et 30 000 dollars par mois (1 dollar = 0,98 euro).

La réponse de la municipalité à la conférence de presse a été la suivante: la station-service de Mohsin avait préalablement été notifiée de dix-huit violations de la loi.

Or, ces avis ont été délivrés sur une période de vingt ans et le dernier remonte à 2021.

Selon Mme Lightfoot, Mohsin avait rapporté des centaines de crimes commis sur les lieux de son entreprise. Ce dernier a reconnu ce fait, précisant toutefois qu’il ne faisait que remplir son devoir de citoyen lorsqu’il alertait la police.

Selon M. Nijem, «tous les faits de violence qui se sont produits à proximité ou aux alentours des commerces visés par la municipalité de la ville au cours de l’année écoulée étaient sans rapport avec les magasins ou leurs propriétaires».

«La municipalité prétend enquêter sur des ventes de cigarettes ou des violations du règlement. Mais ce genre d’enquête ne justifie pas la fermeture du magasin et ne se rapporte pas à des actes de violence», ajoute-t-il.

«Les faits violents correspondent aux crimes commis dans la communauté où se trouve le magasin. Ils n’ont aucun rapport avec les propriétaires, les employés ou les commerces. Le seul lien est qu’ils se déroulent à proximité».

Des individus brandissent des pancartes lors d’une marche contre la violence armée à Chicago le 31 décembre 2020, dans un contexte de recrudescence des meurtres dans la ville (768 cette année-là), ce qui représente une hausse de 252 meurtres par rapport à l’année 2019 (516). (AFP)
Des individus brandissent des pancartes lors d’une marche contre la violence armée à Chicago le 31 décembre 2020, dans un contexte de recrudescence des meurtres dans la ville (768 cette année-là), ce qui représente une hausse de 252 meurtres par rapport à l’année 2019 (516). (AFP)

D’après M. Nijem, jamais auparavant la municipalité n’avait fermé des magasins qui appartenaient à des personnes qui ne sont pas Arabes ou musulmanes en réponse à des crimes commis à proximité.

Il évalue à moins de 5% la part des commerces de détail de petite taille que possèdent et gèrent les Arabes et les musulmans, dans une ville qui compte près de 3 millions d’habitants. «Plutôt que de combattre la criminalité, ils s’en prennent aux commerces des Arabes et des musulmans!», s’exclame M. Nijem.

Ce dernier souligne que la fermeture d’un établissement (une station-service, par exemple) fait perdre à la ville, au comté et à l’État les recettes fiscales générées par les ventes. Ces pertes se situent, selon lui, entre 10 000 et 20 000 dollars par mois. Par ailleurs, les employés sont privés de leur emploi, explique M. Nijem.

M. Villegas s’est engagé à mener, de concert avec d’autres conseillers municipaux, une bataille acharnée pour que cessent les fermetures discriminatoires. «Les problèmes surviennent lorsque la ville dispose d’une force de frappe. […] On ne sait jamais comment cette dernière opère, ou encore quelle procédure est appliquée aux propriétaires d’entreprises qui sont affectés. Nous souhaitons instaurer une procédure régulière et équitable», explique-t-il.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.