PARIS: Reconfinement général dès vendredi en France, durcissement des mesures en Allemagne, en Belgique et en Espagne : l'Europe, débordée par la violence de la deuxième vague de coronavirus, s'attend à un mois de novembre très difficile et multiplie les décisions choc.
«Comme tous nos voisins, nous sommes submergés par l'accélération soudaine de l'épidémie par un virus qui semble gagner en force à mesure que l'hiver approche, que les températures baissent», a lancé le président français, Emmanuel Macron, mercredi soir, avant d'annoncer un reconfinement d'une durée d'un mois, au minimum.
«Il n'y a pas d'autre solution«, a affirmé jeudi son Premier ministre, Jean Castex, qui prévoit un pic d'hospitalisation en novembre «plus élevé qu'en avril».
Le reconfinement en France va y provoquer une chute de l'activité économique de près de 15 %, a prévenu le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.
Le confinement ne sera pas tout à fait identique à celui très strict connu au printemps pendant deux mois par la France, au moment d'une première vague qui avait fait 30 000 morts. Les crèches, écoles, collèges et lycées doivent rester ouverts avec un protocole sanitaire renforcé, ce qui devrait permettre à de nombreux parents de poursuivre le travail. Mais les commerces «non essentiels» seront de nouveau fermés, tout comme les salles de cinéma et de spectacle.
Les autorités françaises redoutent la saturation des services de réanimation, où plus de la moitié des 5 800 lits disponibles sont déjà occupés.
La France devient ainsi un des rares pays ou régions en Europe – avec l'Irlande et le Pays de Galles – à choisir de confiner l'ensemble de sa population, l'arme la plus puissante contre le virus.
Jeudi, les Français se préparaient à cette perspective. Certains se précipitaient chez le coiffeur tandis que d'autres procédaient à l'achat de cartouches d'encre ou de papier toilette.
Romain Aubugeau, 29 ans, a quant à lui décidé de quitter la capitale. «Je ne peux pas vivre un deuxième confinement dans un studio, ce n'est pas possible. Ça se fait une fois, pas deux», lâche-t-il.
Des milliers de Parisiens étaient sur le départ : peu après 16 h 00 GMT, le cumul des bouchons dans la région parisienne atteignait près de 700 km.
«Le pire reste à venir»
De nombreux autres pays européens ont pour leur part décrété des couvre-feux, mesure souvent présentée comme un dernier recours avant un reconfinement total.
En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a annoncé mercredi des mesures drastiques dont la fermeture pour un mois des restaurants et des structures de loisir.
Jeudi, elle a mis en garde contre «les mensonges et la désinformation» qui circulent autour de la pandémie, qualifiant le populisme d'«irresponsable» alors que les manifestations d'opposants au port du masque se sont multipliées dans son pays.
La Belgique, pays où le coronavirus circule le plus intensément, a convoqué vendredi une nouvelle réunion de crise. «Le pire reste encore à venir», a jugé le porte-parole du gouvernement pour le coronavirus, Yves van Laethem.
En Espagne, les députés espagnols ont approuvé jeudi la demande du gouvernement de prolongation pour six mois de l'état d'urgence sanitaire. Les régions bouclent leur territoire les unes après les autres.
En Angleterre de nouvelles régions vont être placées samedi au niveau d'alerte 2, interdisant aux habitants concernés de rencontrer des personnes n'appartenant pas à leur foyer à l'intérieur. Mais le gouvernement britannique résiste toujours aux appels à confiner l'Angleterre.
En Grèce, la deuxième ville du pays, Thessalonique, va voir dès vendredi ses bars et restaurants fermer. Tout en excluant un confinement général comme au printemps, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, compte annoncer vendredi «un plan d'action d'un mois (...) pour prévenir le pire».
La Suède garde, elle, globalement le cap de sa stratégie sans confinement ni mesures coercitives. Mais ses autorités sanitaires recommandent désormais aux habitants de Stockholm, ainsi qu'à deux régions du sud du pays, de limiter les contacts et éviter les lieux clos.
Au Vatican, le pape François annule de nouveau ses audiences générales du mercredi en présence de fidèles, en raison d'une recrudescence généralisée de l'épidémie de Covid-19 en Italie.
Et la Banque centrale européenne (BCE) a averti jeudi que la reprise économique dans la zone euro «perd de l'élan». Dans ce contexte, l'institution a clairement signifié qu'elle se préparait à muscler, d'ici la fin de l'année, ses mesures de soutien à l'économie.
Sommet virtuel
Un sommet virtuel des chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne, censé faire le point sur la pandémie, a débuté jeudi soir.
Ailleurs dans le monde, le président russe, Vladimir Poutine, a affirmé ne pas envisager de confinement national pour son pays, malgré la forte hausse des cas de Covid-19 en Russie ces dernières semaines.
Au Moyen-Orient, l'Iran a enregistré un record de nouveaux cas confirmés de coronavirus avec 8 293 personnes contaminées en vingt-quatre heures.
En Tunisie, le Premier ministre, Hichem Mechichi, a annoncé un couvre-feu du lundi au vendredi de 19 h 00 à 04 h 00 GMT et de 18 h 00 à 04 h 00 GMT le weekend, sans préciser sa durée.
Un responsable sanitaire de l'Union africaine (UA), John Nkengasong, a appelé l'Afrique à se préparer à une «deuxième vague» de l'épidémie.
Les États-Unis ont enregistré jeudi un retour de la croissance économique au troisième trimestre mais demeurent le pays du monde le plus gravement touché par le virus, avec 227 701 décès depuis le début de la pandémie, suivi du Brésil (158 456), de l'Inde (120 527) et du Mexique (90 309).
Dans le monde, la pandémie a contaminé plus de 44,5 millions de personnes, pour plus de 1,175 million de morts depuis fin décembre, selon un dernier bilan établi jeudi.