LONDRES: Les autorités israéliennes se préparent à adopter un projet de loi controversé ayant trait à l’incitation sur les réseaux sociaux, communément appelé «projet de loi sur Facebook». Cette mesure risque d’aggraver la censure en ligne, à la lumière des tensions accrues avec les Palestiniens.
Le projet de loi, qui permet au gouvernement israélien de supprimer les contenus qu’il considère comme «incitatifs» ou «causant du tort» sur les réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram et Twitter, va plus loin que les lois similaires appliquées ailleurs.
Il permet aux autorités israéliennes de bloquer le contenu de tous les sites Web, y compris les sites d’information, en les soumettant aux mêmes réglementations que les réseaux sociaux.
Il accordera également au procureur général israélien le pouvoir d’utiliser des preuves secrètes devant les tribunaux pour supprimer du contenu et il empêchera les créateurs de contenu de se défendre et de défendre leur travail.
«Il s’agit d’une atteinte sans précédent à la liberté d’expression», s’indigne un utilisateur des réseaux sociaux.
Un autre dénonce l’hypocrisie d’Israël. Il déclare: «Si les autorités n’avaient rien à cacher, elles ne prendraient pas des mesures aussi radicales.»
Le Comité ministériel israélien pour la législation a approuvé à l’unanimité le projet de loi en décembre de l’année dernière. Selon les experts, cette décision transformera la relation entre les autorités israéliennes et les réseaux sociaux.
Nadim Nashif, fondateur et directeur de l’organisation de défense des droits numériques 7amleh, affirme dans une tribune que le projet de loi «sera utilisé pour réduire au silence les militants et les journalistes qui recensent les violations contre les droits de l’homme perpétrées par Israël. Des lois concernant l’incitation sont déjà utilisées pour porter atteinte à la liberté d’expression et criminaliser les journalistes et militants palestiniens qui couvrent les événements sur le terrain et publient en ligne les violations israéliennes.»
«La possibilité étendue de bloquer les sites d’information élargit les pouvoirs de censure des autorités israéliennes au-delà des principes démocratiques concernant la liberté d’expression et la diversité d’opinion», écrit M. Nashif.
L’adoption de ce projet de loi porte un coup dur à la liberté d’expression des Palestiniens. Cependant, ce n’est ni nouveau ni rare.
Lors des attaques de l’année dernière contre Gaza, Facebook et Instagram ont supprimé des centaines de messages en lien avec la Palestine. 7amleh a documenté plus de sept cents cas de violations des droits numériques palestiniens. Cinq cents cas auraient été recensés uniquement entre le 6 et le 19 mai.
À l’époque, Facebook affirmait qu’il s’agissait d’un problème technique plutôt que politique, soulignant que lors du récent conflit, le géant de la technologie avait mobilisé toute une équipe, comprenant des locuteurs arabes et hébreux, pour surveiller la situation sur le terrain et supprimer les contenus préjudiciables.
7amleh estime que les efforts déployés par les réseaux sociaux pour limiter les futures violations des droits numériques des utilisateurs sont importants, mais ne vont pas assez loin.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com