PARIS: Sur les quais proches de la Tour Eiffel, à Paris, les touristes étouffés par la chaleur se pressent en nombre et à l'ombre pour tremper leurs pieds dans la Seine. Tout sauf une bonne idée, pour les policiers de la brigade fluviale.
"Un enfant qui se trempe jusqu'à la taille, un parent qui tourne le dos, et une catastrophe peut vite arriver", avertit Sophie Malherbe, la commandante de ce qu'elle présente comme la plus vieille brigade de la préfecture de police de Paris.
"Surtout que dans la Seine", ajoute-t-elle, "on ne sait jamais ce sur quoi on va poser les pieds".
La vedette noire et blanche de la brigade approche à faible allure des badauds, qui remontent vite sur le quai. Non sans faire part de leur déception.
Toute l'année, les 79 policiers, plongeurs et pilotes de la brigade fluviale de Paris, surveillent les voies navigables d'Ile-de-France. Contrairement aux pompiers qui n'interviennent que sur demande, ils y patrouillent tous les jours.
"Une vedette, c'est comme un cocon d'où on appréhende les quais d'une autre manière", sourit Sophie Malherbe.
Un point de vue précieux pour repérer les abris de fortune cachés sous les ponts ou pour veiller sur les rassemblements qui se forment le long des quais.
Le "cocon" peut atteindre les 80 km/h avec quatre personnes à bord. Ce qui met leur QG flottant, en face du bassin de l'Arsenal, à seulement quatre minutes de la Tour Eiffel.
En haute saison, les touristes et les plaisanciers constituent l'essentiel de la "clientèle" de la brigade.
Les policiers consacrent la majorité de leurs patrouilles estivales à des missions de secours, à la surveillance des bateaux mouillant dans les ports franciliens et, surtout, à dissuader toute baignade dans les cours d'eau.
Hydrocution, courants imprévisibles, fonds souillés par des tessons de bouteilles ou écluses: pour la commandante de la brigade, les bonnes raisons d'interdire la baignade dans la Seine et dans la Marne ne manquent pas.
Prévention
Mais quand le thermomètre s'affole, les baigneurs oublient vite les consignes de prudence. "Faire de la prévention prend du temps", explique Sophie Malherbe, "mais on le fait toujours avec plaisir".
Avec un mercure frôlant les 41 degrés, rares sont ceux qui osent flâner sur les quais parisiens.
Parmi les rares personnes profitant du soleil, un homme trempé, en short de bain, remonte hors de l'eau et s'enroule dans sa serviette sur le quai de l'île Saint-Louis.
Pas assez discrètement pour échapper au regard des vigies de la Seine. Les policiers ne le sanctionnent pas mais lui rappellent les risques de piquer une tête dans le fleuve.
"Désolé, je ne savais pas, c'est la dernière fois, merci de m'avoir prévenu", leur promet l'homme, confus. Vincent, le pilote de l'embarcation, s'amuse: "c'est bien la première fois qu'on nous remercie pendant une patrouille".
Contrairement à nombre de leurs collègues, les policiers de la brigade fluviale entretiennent des rapports apaisés et cordiaux avec la population.
"On est la seule brigade de police à qui les gens font coucou", plaisante la commandante, qui explique ce climat détendu par le parti-pris pédagogique de ses troupes.
"Bien sûr, on peut choisir de verbaliser", confie Sophie Malherbe. "Mais l'impact est plus fort quand on fait de la sensibilisation ou quand on demande à des parents de venir chercher leurs enfants au commissariat".
Mais le danger reste présent. En Ile-de-France, 16 personnes sont décédées des suites d'une noyade accidentelle en 2021, selon le ministère de la Santé.