Haïti: une pénurie d'essence et d'électricité paralyse les villes de province

Des Haïtiens protestent contre les prix élevés dans une rue de Port-au-Prince le 13 juillet 2022 (Photo, AFP).
Des Haïtiens protestent contre les prix élevés dans une rue de Port-au-Prince le 13 juillet 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 juillet 2022

Haïti: une pénurie d'essence et d'électricité paralyse les villes de province

  • A Jérémie, ville située à la pointe sud-ouest de l'île, les stations-service sont à court de carburant depuis des mois
  • Seule possibilité pour les habitants: le marché noir, où l'essence et le diesel sont disponibles... pour six fois le prix légal fixé par l'Etat

PORT-AU-PRINCE: Alors que Port-au-Prince s'enfonce dans la violence, les villes haïtiennes de province, où l'atmosphère est plus calme, font face à un autre problème: une double pénurie de carburant et d'électricité, qui entrave le fonctionnement des hôpitaux et des commerces.

La guerre des gangs dans la capitale, qui ensanglante les rues de quartiers comme Cité Soleil, où au moins 234 personnes sont mortes ou ont été blessées début juillet, freine aussi l'activité des trois terminaux pétroliers du pays.

Les bandes armées en bloquent très régulièrement l'accès, asséchant les pompes à essence haïtiennes.

A Jérémie, ville située à la pointe sud-ouest de l'île, les stations-service sont à court de carburant depuis des mois.

Seule possibilité pour les habitants: le marché noir, où l'essence et le diesel sont disponibles... pour six fois le prix légal fixé par l'Etat.

"On trouve des carburants partout, sauf dans les stations essence", souligne Yvon Janvier, professeur de droit.

Avec de tels tarifs, les prix des courses en taxi-moto ou des transports en commun montent en flèche, contraignant les habitants les moins bien lotis à marcher.

Hôpitaux au ralenti 

Et cette pénurie a des conséquences sur des pans entiers de la vie quotidienne des Haïtiens. "C'est très simple: pas de carburant, pas d'électricité", explique Yvon Janvier.

Car la compagnie publique d'électricité EDH est principalement dotée de centrales thermiques, qui fonctionnent au diesel.

José Davilmar, directeur administratif de l'EDH, pointe les "difficultés énormes à acheminer le carburant vers certaines villes de province".

"Dernièrement, trois bateaux chargés de carburants ne pouvaient pas accoster parce qu'il y a eu des représailles de la part de bandits à Cité Soleil", regrette-t-il.

En contrôlant deux petits kilomètres de route nationale à Martissant, en banlieue de Port-au-Prince, les gangs entravent les activités économiques et sociales de la moitié du pays.

L'unique axe routier viabilisé menant au sud d'Haïti traverse ce quartier pauvre de la capitale, totalement contrôlé par les bandes armées depuis juin 2021.

Générateurs

Faute d'électricité publique, des zones entières du pays vivent grâce aux générateurs privés, alimentés par du carburant.

Sans ces appareils, elles plongent dans le noir.

Et pour ceux qui n'ont pas les moyens d'en posséder, chaque geste du quotidien tient du casse-tête. A Jacmel, sur la côte sud, Joseph Stevenson, artiste peintre, est obligé de chercher "qui, parmi (ses) voisins, pourrait avoir du courant", dès qu'il doit charger son téléphone.

"Des fois, je suis obligé d'aller jusqu'au centre-ville pour récupérer seulement quelques pourcentages de charge. Vous imaginez ça, au XXIe siècle?", s'énerve le trentenaire.

A Cap-Haïtien, deuxième ville d'Haïti, les bars et restaurants équipés de générateurs thermiques peuvent encore fonctionner, mais réduisent leurs horaires d'ouverture à cause de la hausse des prix de l'essence.

Et surtout, "les hôpitaux fonctionnent au ralenti avec des services au rabais parce que cela fait près de six mois que l'EDH n'a pas fourni d'électricité dans la ville", alerte Patrick Almonor, maire de cette localité du nord.

L'hôpital doit parfois fermer la nuit. "Heureusement, à date, nous n'avons pas enregistré de décès qui serait causé directement par cette situation", ajoute-t-il.

Prix doublés

Aux Cayes, troisième ville du pays située à 200 km au sud de la capitale, certains services des centres de santé ne sont plus ouverts que quelques heures par jour, témoigne Kinsky Hippolyte, médecin.

Une situation due à la pénurie d'électricité, mais aussi aux problèmes d'acheminement de matériel et médicaments, bloqués à Martissant.

Comme tout le pays, la péninsule sud souffre aussi de l'inflation. Mais si les prix ont augmenté de plus de 25% au niveau national, la région a vu les tarifs de certains produits alimentaires doubler depuis le début de l'année.

"Même les prix des produits locaux augmentent: par exemple, les paysans vendent leurs citrons plus cher pour pouvoir s'acheter du riz qui est importé", rapporte M. Hippolyte.

Le médecin, qui s'estime chanceux comparé aux plus pauvres, est tout de même obligé de "limiter (ses) déplacements vu les tarifs de l'essence".

La paupérisation, aggravée par l'insécurité, préoccupe la communauté humanitaire: près de la moitié des 11 millions d'Haïtiens souffrent déjà d'insécurité alimentaire, dont 1,3 million qui sont aux portes de la famine, selon le Programme alimentaire mondial.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.