PARIS: L'agence de presse Sputnik News est entrée en France dans une procédure de liquidation judiciaire, à la suite du bannissement des médias d'Etat russes décidé par l'Union européenne après le début de l'offensive contre l'Ukraine, a indiqué mercredi le dirigeant de l'entité française à l'AFP.
La liquidation judiciaire a été prononcée le 4 mai et pourra se prolonger jusqu'en 2024, a déclaré à l'AFP son président Vladimir Morozov, confirmant une information du Monde. Les 27 salariés de l'entreprise en France, dont le salaire avait été pris en charge par le régime de garantie des salaires, ont été licenciés peu après ce jugement.
Le modèle économique de Sputnik News, média en ligne lancé en 2014, reposait entièrement sur un unique client russe affilié au Kremlin, l'organisme Rossia Segodnia, qui lui commandait sujets et reportages, a expliqué à l'AFP le liquidateur de l'entreprise Christophe Basse, désigné par le tribunal.
Accusés d'être des instruments de "désinformation" de Moscou, les médias d'Etat russes RT et Sputnik ont été bannis de l'Union européenne après le début de l'offensive russe contre l'Ukraine. Une interdiction de diffusion à la télévision et sur internet est entrée en vigueur le 2 mars.
Rossia Segodnia a résilié son contrat en avril et Sputnik s'est alors placé brièvement en procédure de sauvegarde judiciaire, convertie ensuite en liquidation.
La société laisse derrière elle environ 500 000 euros de passif, notamment des dettes sociales et fiscales. "Il y a à peu près la moitié de ce montant en Russie", a précisé M. Basse, mais les tentatives pour les récupérer sont pour l'instant restées vaines.
La chaîne d'information RT France continue en revanche d'émettre en français et de publier des articles sur son site, qui reste accessible via un réseau privé virtuel (VPN), un service permettant de naviguer sur le web en contournant le blocage.
En mars, la patronne de RT France avait accusé la banque française Société Générale d'avoir bloqué les comptes bancaires de certains employés russes en France. La banque avait souligné ne pas bloquer "les comptes de ses clients sur le seul critère de nationalité" mais devoir effectuer des vérifications concernant certains d'entre eux du fait des sanctions.